Sergio González Catalán, l’homme aux commandes de ce projet Doom Atmosphérique dans l’âme mais à la rythmique Death Metal marquée n’en finit plus de produire et de faire accoucher ses inspirations. "Two Years Of Grief" est déjà le septième album depuis la naissance du projet… en 2019. Sa production est donc conséquente et riche mais reste-elle pertinente ? Autant dire que derrière un artwork léché et connoté, notre Chilien met à jour de belles ambitions qui semblent être une forme d’agrégat expérientiel.

À quoi bon conserver le suspense quand le bilan est positif ? En effet, le champ lexical, l’ambiance de l’opus, ses velléités, ses ambitions sont le capitonnage d’un projet intime, déjà décliné à l’envi sur les précédents albums, mais qui fait encore mouche une nouvelle fois. Nul doute que le Doom le plus mélancolique est l’essence même du disque, la voix très Funeral de Sergio pourrait nous ramener à des tempi engluants, lancinants et larvés mais il n’en est rien. L’album se veut très varié au niveau de la rythmique. "I Knew That Joy You Die", ou bien encore "From My Blood I Bring You Home", nous embarque sur les rives d’un SHAPE OF DESPAIR des grands jours, à la luminosité réduite, compensée par l’expression tragique de riffs mélancoliques variés, denses et profonds mais s’étalant sur une moindre longueur que chez nos Finlandais préférés. A contrario d’autres titres sont plus Death dans l’expression, je pense notamment au survitaminé "Burdened By Grief" ou à l’équilibré "Becoming Flesh And Bone", qui n'occultent pas l’arrivée et l’invasion de blasts encore une fois bien travaillés et contrebalancés par la mélodicité des guitares. Le title track pourrait nous faire dire qu’il s’agit d’une belle piste instrumentale où un violon savamment orchestré exhorte la noirceur la plus tenace à s’éclaircir. C’était sans compter sur la douce empreinte vocale féminine de Natalia Drepina (YOUR SCHIZOPHRENIA) introduisant le titre avec la quintessence même de la beauté de par son timbre éthéré et enchanteur. Le rendu somptueux corrobore l’idée générale que l’opus est l’expression d’une tristesse infinie et tenace, désemparant son auteur.

Sergio confesse par ailleurs que le choix du titre de "Two Years Of Grief" clôt un cycle d’albums, démarré avec "Per Aspera Ad Astra" qu’il dédie à la mort brutale de son père. C’en est d’autant plus émouvant que ce témoignage vivant d’un amour fauché par la mort, beau comme l’est l’authenticité et la complicité entre un père et son fils, est sublimé par des compositions remarquables, pures et émouvantes ainsi que des paroles nostalgiques, testimoniales qui le sont tout autant. "Can’t Hide My Pain" apparaît comme l’acmé de cet album bouleversant dont je vous extrais quelques lignes de lyrics :

"I don’t want to feel you
I just want to be with you
In my mind I see you
I wish you could see me too
In my heart I have you
I don’t know what else to do about you

All this pain won’t go away
I just try to hide in vain"

RISE TO THE SKY paraît donc le projet ambitieux et strictement intime de Sergio, celui qui permet de terminer son deuil et de l’accepter. Je me permets de vous indiquer que les albums précédents sont aussi d’une beauté assourdissante, je pense notamment à "Let Me Drown With You" mais aussi à "Every Day, A Funeral" à la cover mirifique.
Vous l’aurez compris pour introduire vos prochaines soirées festives hivernales, RISE TO THE SKY n’aura pas les acclamations d’un peuple avide de se trémousser. Par contre, pour ranger vos émotions dans les coins de votre tête en mirant le crépitement d’un feu de cheminée, cet album est tout trouvé !
En attendant savourez-le !

Note réelle : 3,5/5.