Nouvelle offrande, la deuxième de 2021 après la sortie en mars du très beau "Let Me Drown With You", Sergio González Catalán n’en finit pas de trahir ses nuits de maints mélodies mélancoliques et soupirantes, et d’accoucher de titres grêlés de larmes. Sa fécondité est toujours et encore l’eau vive qui anime et remplit sa résilience. Exutoire de sa peine et sublimation des émotions, "Per Aspera Ad Astra" que l’on peut traduire littéralement "Par des Voies Ardues Jusqu’aux Étoiles", extirpe un peu plus davantage des entrailles des sanglots profonds qui tentent de s’accrocher à l’âme.

Cet album porte à nouveau aux nues un Doom sombre qu’un Death riche en mélodies enlumine. Sergio compose toujours aussi brillamment et sait tisser une toile lourde et tragique à la fois. Écoutez par exemple les titres superbes que sont "Life In Suspense" et "End My Night". Beaucoup critiqueront cet album comme une pâle copie des précédents – les sorties s’enchâssant de manière frénétique, ceci expliquant peut-être cela – je ne peux pourtant que vouloir rompre à ce genre de critiques faciles et distantes. Si je traverse chacun des albums de RISE TO THE SKY avec passion c’est que chacun d’entre eux me paraît transpirer d’une tristesse authentique. J’interprète les signifiants de Sergio comme autant d’étapes de son deuil. "Eh quoi ! Tout est sensible" nous disait Pythagore, RISE TO THE SKY ne s’adresse pourtant pas à un public d’hystériques d’éplorés mais bien à des auditeurs en recherche d’atmosphères amples et profondes.

D’ailleurs l’album est varié, l’apparition superbe du violon que Sergio joue sur le titre éponyme sublime l’ambiance tragique que son growl caverneux accompagne avec une puissance tout à la fois fragile et vaste. Comme à l’accoutumée les leads sont toujours aussi empreints de notes délicates, c’est une habitude et un attendu pour les fans de RISE TO THE SKY dont je fais partie. Et "Per Aspera Ad Astra" en est garni ; pour preuve écoutez le dense "Deep Lament" qui n’en finit pas de faire pleurer les riffs de manière magistrale. L’emploi d’une guitare acoustique et du chant mixte clair et growlé sur "Bleeding Heart" cajolent des émotions exacerbées et apportent quelques rais de lumière à la polyvalence musicale de Sergio.

Néanmoins les nuages noirs et sombres du chagrin ne se dissipent pas ou peu. L’album est noir comme la lumière funèbre de jours les plus pénibles et vides, de ceux qui figent et glacent à la fois, de ceux qui égratignent et obligent à souffrir. Et si je m’en réfère à la pochette je remarque ces derniers jets de sang de vie d’un cadavre rigide qu’un arbre déjà mort entreprend. La mort va à la mort inexorablement. Nous serons ainsi dévorés et traverser par d’autres éléments de vie, nous serons source de vie quand notre corps épousera totalement la terre qui nous a fait naître. Assurément "Per Aspera Ad Astra" m’enchante. Il fait partie d’un trio d’albums - "Per Aspera Ad Astra" étant le premier – dédiés au chagrin et au deuil du père de Sergio survenu en janvier 2021. S’en suivront deux autres albums tout aussi empreints d’émotions fortes et teintés d’une mélancolie tenace, "Stay With Me When You're Gone" et "Every Day, A Funeral".

Note réelle : 3,5/5.