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HEAVY GOTH  |  STUDIO

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2021 1 Moonlit Cross
2023 1 Fatale
 

- Style : Unto Others, In Solitude, Sentenced, Lunar Shadow
 

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The NIGHT ETERNAL - Fatale (2023)
Par T-RAY le 3 Décembre 2023          Consultée 1708 fois

La limite entre la préservation d’un style personnel et l’auto-caricature est semblable à la corde d’un funambule. Un écart et l’on bascule rapidement dans le vide. "Fatale", le deuxième album de The NIGHT ETERNAL après le superbe debut album de 2021, en est un bon exemple. Car s’il n’est pas un copier-coller de ce dernier, ce deuxième longue-durée n’en est pas si éloigné, en témoigne l’opener "In Tartarus" qui montre le groupe allemand à l’aise dans le moule musical de "Moonlit Cross", voire un peu trop, tant ce morceau reste dans l’ombre d’"Elysion (Take Me Over)", lequel ouvrait magnifiquement le premier LP. Tous les éléments du Heavy Metal à tendance Goth des Allemands sont là, en effet : mélodies accrocheuses, parties de twin guitars habilement saupoudrées, soli de gratte Heavy à souhait, influences maîtrisées issues tout à la fois de la New Wave Of British Heavy Metal (NWOBHM) et du Metal Gothique à la SENTENCED deuxième période, voire IN SOLITUDE, et rappelant également les contemporains d’UNTO OTHERS… L’on y retrouve aussi une mélancolie distillée avec parcimonie, comme un suc délectable.

L’album met hélas en lumière des éléments agaçants dans la musique du groupe. D’autant plus agaçants, en fait, qu’ils n’étaient même pas dérangeants sur le premier opus. C’est particulièrement le cas du chant de Ricardo Baum, qui se fait encore plus Goth que précédemment et nulle part davantage que sur "We Praise Death". Il devient même pénible à force d’abuser des mélismes, qu’il donne carrément l’impression de forcer. Reste sobre, garçon ! L’on a envie de lui dire de rester dans les normes syllabiques lorsqu’il lui prend de sortir une voyelle un peu trop longue. L’homme dispose pourtant d’un réel charisme et le mixage de l’album lui fait honneur, en le mettant en exergue. Et il a bossé la justesse de son chant, qui pouvait parfois être un soupçon approximatif sur le premier album bien que ce soit aussi ce qui faisait son charme et son authenticité. Les émotions paraissaient plus réelles dans sa performance sur "Moonlit Cross". Désormais, c’est très pro mais c’est surtout trop propre et un tantinet prétentieux. Une part de sa hargne a foutu le camp, par-dessus le marché. Dommage.

La mélodie de "We Praise Death" est, elle aussi, assez convenue dans le genre Heavy/Goth. Heureusement que le solo de guitare qui mène vers un refrain final chanté de façon à la fois plus agressive et plus désespérée fonctionne mieux que la première moitié de la chanson. Côté instrumental, The NIGHT ETERNAL donne globalement le sentiment de se répéter un peu par rapport à son premier album. L’on retrouve ainsi de la rythmique tagada sur "Prince Of Darkness", morceau qui rappelle instantanément l’excellent "Son Of Sin" du premier opus. Même sur le plan des paroles, on sent The NIGHT ETERNAL à la peine pour renouveler son lexique. La basse, toutefois, est de nouveau au rendez-vous et plus audible que jamais. Ses cavalcades prouvent que l’ascendance NWOBHM des Allemands est toujours aussi assumée que leurs œillades vers le Heavy Goth d’un SENTENCED par exemple.

SENTENCED, tiens, parlons-en ! "Run With The Wolves" semble tout droit sorti d’un album des dernières années du groupe finlandais, en moins bien. Ce titre est l’une des compositions les plus impersonnelles de The NIGHT ETERNAL… Encore heureux que le solo de guitare final est bien troussé et que le chant de Ricardo Baum ne donne pas l’impression d’entendre quelqu’un d’autre, du moins pas Ville Laihiala. Finalement, celui que The NIGHT ETERNAL cite le plus n’est autre que lui-même... mais en moins accrocheur. "Ionean Sea" et son riff principal font immédiatement penser au splendide "Prison Of Flesh" issu de "Moonlit Cross". D’emblée, l’on sait qu’on n’aura pas droit à la même excitation. Et ce, même si les twin guitars font vite leur apparition dans la compo. Un titre sur lequel le côté plaintif du chant de Ricardo Baum finit, une fois de plus, par taper sur le système…

Mais je me plains, je me plains, sauf que le groupe d’Essen ne fait pas que resucer ce qu’il a parfaitement réussi en 2021. D’abord, il a soigné sa production. La réverb, plus présente que par le passé, frappe et donne un aspect plus cérémoniel, plus mystique à l’ensemble de la musique de The NIGHT ETERNAL. L’enregistrement offre plus de puissance côté guitares, plus de présence côté basse, ainsi qu’une meilleure captation et mise en valeur de la voix de Ricardo Baum, même quand celui-ci s’écoute un peu trop chanter. Hors de l’aspect technique, le combo démontre tout de même qu’il en a encore sous la pédale sur "Stars Guide My Way". Avec son côté franchement Heavy, voire Power Metal dans le tempo, le travail des guitares et l’héroïsme des lignes vocales, il s’agit certainement du morceau le plus rafraîchissant de ce deuxième longue-durée. Et d’assez loin, même.

Ici, The NIGHT ETERNAL se départit légèrement de son romantisme Goth pour bomber un peu plus le torse et les soli de guitare sont à l’avenant. Les deux grattes, notamment lorsqu’elles sont harmonisées, sont ici ravissantes et font vraiment plaisir à entendre. Une très, très belle compo et sans aucun doute le point culminant du disque, d’autant que Ricardo Baum s’y montre plus sobre que par ailleurs et plus rentre-dedans également. Le musclé "Prometheus Unbound" est l’autre excellente surprise du disque et son riff de départ affiche une noirceur plus prégnante que sur le reste de l’album. L’on y sent The NIGHT ETERNAL capable de verser dans le Metal Extrême, notamment le Melodeath, assez facilement. Et si cela dessinait une possible évolution du groupe, alors pourquoi pas ?

Dommage toutefois que la formation allemande ait préféré finir sur le trop répétitif et trop peu percutant "Between The Worlds" pour conclure plutôt que sur "Prometheus Unbound" car il laisse une impression bien moins durable, malgré un solo de guitare Heavy en diable, qui fait que l’on reste accroché au morceau. The NIGHT ETERNAL ne sait toujours pas encore comment achever magistralement un album, quoique "Between The Worlds" soit supérieur à "Moonlit Cross", morceau final du premier LP. L’absence d’un tube absolu, ultime tel que "Prison Of Flesh" est également regrettable, lui qui faisait office de coup de fouet à quelques encablures de la fin… Un regret de plus sur ce deuxième album qui promettait pourtant beaucoup mais qui confirme tout de même le groupe comme une valeur sûre et à suivre du Heavy Metal européen actuel au sens large, et du Heavy/Goth en particulier. Ceux qui ne découvrent The NIGHT ETERNAL qu’avec "Fatale", en revanche, seront certainement conquis.

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   T-RAY

 
   JOHN DUFF

 
   (2 chroniques)



- Ricardo Baum (chant)
- Rob Richter (guitare lead)
- Henry Käseberg (guitare rythmique)
- Jones Nühlen (basse)
- Aleister Präkelt (batterie & percussions)


1. In Tartarus
2. Prince Of Darkness
3. We Praise Death
4. Ionean Sea
5. Stars Guide My Way
6. Run With The Wolves
7. Prometheus Unbound
8. The Requiem
9. Between The Worlds



             



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