Un gros promoteur propose à Edu Falaschi, suite à la sortie de son album-anniversaire "Moonlight" un concert lucratif au Rock And Heavy Festival à Lima, capitale du Pérou. Nous sommes en décembre 2016, et ALMAH vient de sortir ce qui sera son dernier album – "E.V.O". Le promoteur en question veut qu'Edu joue un best-of de ses années ANGRA, mais ne veut pas d'ALMAH pour autant. Edu embarque donc pour l'antique empire inca pour interpréter un best of accompagné d'un groupe local. Devant la foule en liesse, les autres vocalistes de renom invités sur ce festival, Michael Vescera et Joe Lynn Turner, ne peuvent que noter la réponse du public devant ce mec inconnu d'eux.

Suite à un repas en compagnie d'Edu, c'est Joe Lynn Turner qui va être le plus déterminant pour la suite. Edu explique qu'il chantait dans ANGRA il y a quelques années, mais que cette époque était terminée et qu'il souhaitait défendre sa musique désormais. Joe Lynn Turner lui explique alors que compte tenu de l'âge qu'il a, il est stupide. Ce qu'il explique ensuite à Edu, c'est que ses fans ont grandi, et que désormais il est connu pour avoir été le chanteur d'ANGRA, et qu'ils veulent entendre les classiques ("Nova Era", "Acid Rain" et autres "Angels And Demons") interprétés par leur vocaliste originel, et que ce répertoire constitue un capital et qu'il serait grand temps qu'Edu pense à son avenir en solo.

Ces mots ont résonné très fort chez le vocaliste brésilien, qui avait entamé depuis peu un long chemin pour lutter contre des problèmes de reflux gastriques, ceux-là même qui avaient progressivement détérioré sa voix, et l'avaient amené à un point de non-retour particulièrement désastreux lors de la prestation d'ANGRA au Rock In Rio de 2011, conduisant à son départ d'ANGRA dans des circonstances encore floues. Rentré du Pérou, il décide donc que "Moonlight" aura été le point de départ de sa renaissance, et se décide à partir en tournée en 2017 (le Rebirth Of Shadows tour). Mais pour cela il va rappeler Aquiles Priester (dont le HANGAR ne va nulle part) et Fábio Laguna, ex-ANGRA eux aussi, ce qui va lui assurer de retrouver une bonne partie du son du groupe instantanément en reconstituant la moitié du line-up live de l'époque "Rebirth" – "Temple Of Shadows". Comme il n'est pas non plus du genre à larguer les copains, Raphael Dafras et Diogo Mafra d'ALMAH le rejoignent. Mais il doit trouver un deuxième guitariste, Marcelo Barbosa étant devenu guitariste d'ANGRA pour remplacer Kiko Loureiro, ALMAH cesse de fait d'exister.

Pourquoi ? Puisqu'au sortir de cette tournée, jouée devant des foules quatre à cinq fois plus nombreuses que celles qu'avait connues ALMAH au cours de ses plus de quinze ans d'existence, la troupe file en studio pour graver deux titres censés entériner cette nouvelle aventure. Car hors de question pour Edu le songwriter de se contenter de rejouer cent fois les mêmes titres. "The Glory Of The Sacred Truth" montre le bout de son nez à la rentrée 2018.

Et ce qu'on peut dire, c'est qu'on retrouve presque instantanément la couleur du ANGRA de la première moitié des années 2000, plus proche de "Rebirth" dans le cas présent, avec cette composition sur laquelle Aquiles Priester réitère ses salves de double grosse caisse, ces fills et ce jeu de cymbales si prisés. La mélodie est efficace, et Edu réutilise la même technique d'écriture que sur le final de "Nova Era" pour clore ce Power Metal très véloce, quoiqu'encore chichement produit, princalement au niveau des guitares, surtout si l'on compare aux deux albums qu'Edu va sortir dans les années suivantes avec une formation qui n'a pas connu le moindre changement de personnel depuis cet EP inaugural.

"Streets Of Florence" rappelle que la guitare acoustique reste un instrument fétiche pour Edu, qui montre davantage la facette mid-tempo et plus mélancolique de titres comme "Wishing Well" ou "Bleeding Heart". Si son déroulé est plus vallonné, c'est le titre qui je trouve se démarque le plus, son battement ternaire y étant aussi pour quelque chose je pense. Mais c'est aussi le titre qui porte encore en lui l'ADN d'ALMAH, en faisant en quelque sorte son épitaphe. Mais il n'y a pas à dire, quand Edu se met à réécrire dans le style qui a fait son succès, il semble rajeunir à vue d'œil… ou plutôt d'oreille. Car il a alors récupéré l'entièreté de ses capacités vocales, et son organe le plus souvent parfaitement clair ravive instantanément les souvenirs de sa prestation immaculée sur "Rebirth".

Cet EP est sorti dans pas mal de versions, avec des ordres de titres et des tracklists différents. J'aurai tendance à vous conseiller celle de MS Metal Records, en digipack, qui contient en sus des deux titres, la version live au Japon de "The Glory Of The Sacred Truth" sortie en mars 2019, ainsi que la version médiévale de "Streets Of Florence" de mai 2019, que j'ai tendance à préférer à l'originale en fait.