En 2016, Edu Falaschi est à un tournant. Il a récupéré de ses problèmes vocaux liés à des reflux gastriques, qui avaient laissé les fans d'ANGRA ainsi que ses membres avec un arrière-gout amer (acide dans ce cas). Vingt-cinq ans de carrière professionnelle, c'est ce que marque cette année 2016. Edu s'est consacré avec beaucoup d'implication à ALMAH, avec qui il a, à ce moment, déjà sorti un album supplémentaire. Mais il veut marquer le coup, et quelques mois avant "E.V.O" qui allait être l'ultime album de la formation brésilienne, il revisite son répertoire, et il apparaît évident qu'ANGRA est la formation la plus importante qu'il a connu, et donc ce "Moonlight" sera le point de départ de la carrière solo du chanteur sur lequel le temps ne semble pas avoir de prise.

De par sa culture brésilienne, les instruments acoustiques, l'ouverture musicale et la culture du rythme font partie du bagage d'Edu, et pour rendre le projet intéressant, il se rapproche du pianiste Tiago Mineiro pour réarranger totalement les morceaux choisis, et pousse même la logique jusqu'à n'engager que des musiciens sans culture Metal. Ainsi, les arrangements du quintette de cordes d'Adriano Machado et la revisite totale du répertoire sont ainsi rendus intéressants.

"Moonlight" n'était pas voué à connaître d'autres sorties sous le nom Edu FALASCHI pour lui succéder, le vocaliste considérant à juste titre ALMAH comme son projet solo. Et ainsi il constituera une curiosité, car à l'heure où j'écris ses lignes, les deux albums studio sortis en 2021 et 2023 ont réinstallé de manière très sérieuse l'artiste sur le devant de la scène Power brésilienne, faisant même de l'ombre à ANGRA.

Un titre du premier album d'ALMAH - "Breathe" - vient aérer ce disque entièrement tourné vers ANGRA, et certaines nouvelles versions révèlent un potentiel toujours intact, et ce "Wishing Well" agrémenté de saxophone aurait très bien pu trouver sa place sur "Temple Of Shadows". La flûte agressive sur "Angels And Demons" s'avère aussi une idée assez pertinente et en fait en définitive une des revisites les plus réussies. Quand on connaît l'original, avec ses changements de mesure et de tempo, on se dit que ce n'a clairement pas dû être de la tarte. Et puis pour l'exercice, Edu et Tiago ne se sont pas sentis obligés de reproduire les structures à l'identique. Sur "Nova Era" c'est le plus évident, et ce titre emblématique du répertoire d'ANGRA, la signature vocale et musicale d'Edu, a été choisi en single comme un symbole.

Car ce qu'on ne sait peut-être pas trop, c'est qu'au-delà du tandem Bittencourt/Loureiro, Edu Falaschi a repris d'André Matos non seulement le poste derrière le micro, mais aussi à l'écriture, et plusieurs titres qui font la richesse de "Rebirth", "Temple Of Shadows" et "Aqua" dans une moindre mesure, sont signés ou co-signés de sa main, et il apparaît sur toutes les ouvertures des albums qu'il a réalisées avec ANGRA. Et aucun titre n'est ridicule, entre "Spread Your Fire", "Heroes Of Sand", ou même "Arising Thunder" dont la revisite ne manque pas de goût. On retrouvera même "Bleeding Heart" la bonus track japonaise originale de "Rebirth" qui a droit à une place digne de ce nom sur un disque de son créateur.

Les couleurs classiques, jazzy, acoustiques surtout, et l'accent mis sur les mélodies et les jolies harmonies écrites par Edu ont l'avantage de la consistance et d'une certaine homogénéité sur l'ensemble de "Moonlight". Mais c'est aussi un handicap quand on s'adresse à un public Metal, qui ne se reconnaîtra pas forcément dans cette revisite, marquée par des tempo modérés, l'absence de batterie à de sporadiques percussions près. Pour mettre en musique de fond dans un open-space pas de problème en revanche. Mais après tout c'est sans doute toujours un peu la limite de cet exercice de style. En tout cas bon anniversaire de carrière Eduardo, tu n'as sans doute pas toujours été le plus fiable et constant, mais ta carrière passée et future t'honorent.