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PUNK ALTERNATIF  |  STUDIO

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1984 Macadam Massacre
1985 Concerto Pour Detraqu...
1987 Abracadaboum
1989 Souvent Fauché Toujou...
1995 Carnaval Des Agités
2005 Chant Des Meutes
2006 Invisible
 

- Style : Opium Du Peuple

BÉRURIER NOIR - Macadam Massacre (1984)
Par STORM le 14 Août 2023          Consultée 1521 fois

Le collectif BÉRURIER NOIR est un phénix incroyable, Loran et François, les grands rescapés, lassés de maints changements de line-up et blasés de multiples vicissitudes, décident de faire un concert d’adieu en février 1983 à la fameuse usine de Pali Kao, une papeterie de Belleville de l’Est parisien populeux. La prestation scénique et l’emballement du public sont tels qu’un engouement émerge et prend forme au travers d’autres dates. Le bouche à oreille rejoint rapidement les esgourdes de tous les squatteux, les rebelles maigrelets du lycée, les déserteurs alcooliques et les fugueurs acculés qui affluent pour voir ce théâtre qui prend forme sous leurs yeux en vantant la Vita Nova. Le duo a commencé sa mue, il se grime, il colporte avec sagacité les échecs d’une jeunesse désabusée, plantée et cherche à recueillir toutes ses nouvelles intentions, ses bourgeons, avec l’espoir de faire une œuvre totale de cet agrégat. La musique des BÉRURIER NOIR amoncelle la rage de cette jeunesse sombre, frappée sans ménagement par les violences policières, dédaignée par les "politichiens", amenée au caniveau par l’explosion des modèles familiaux, perdue dans ce que l’on oblige et veut faire d’elle. Ce chantre post-adolescent d’un cygne noir est pavé d’un courroux des plus agités que "Macadam Massacre" exhorte avec force et circonscrit tout au long de ces dix titres.

Véritable bras d’honneur éternel à cette société française Mitterrandienne vacillante, hésitante et braquée, sur la défensive, emportée par les illusions perdues et la fin du rêve social et confraternel ; BÉRURIER NOIR conte ainsi toute la face cachée des aidés et des aidants tenus à bout de bras, les enragés, les dépossédés, les perdus dans l’âme et le temps, les victimes de la prédation totale des actifs, des CSP, du fric, des flics, des obligations militaires, des remparts scolaires et universitaires… Il s’agira ainsi pour les BÉRUS de prendre parti, de défendre et faire étalage de la solidarité, d’en diffuser tout l’ADN, d’organiser des concerts de soutien aux causes piétinées. Les Redskins et plus particulièrement les Red Warriors, ne tarderont pas à soutenir l’effort Punk en s’alliant au groupe, organisant notamment la sécurité des prestations scéniques protéiformes pour défendre leurs idéaux, coûte que coûte, face aux Boneheads, propriétaires du macadam parisien, notamment celui du quartier des Halles, où Batskin, quelques temps plus tard, battera le rappel pour les fameuses "descentes". Mais narrer ces guéguerres idéologiques c’est aussi réduire naïvement BÉRURIER NOIR à ce qu’il n’est pas, car les BÉRUS auront l’intelligence de rester une figure de proue apolitique mais constamment engagée et agitée. Ce groupe est avant tout un espace d’expression et d’animation, un champ vierge de possible, un élan d’espoir dynamique à fouler avec des Paraboots, un bric à brac festif, un méli-mélo hétéroclite de pensée et de combat.

"Macadam Massacre" est l’album le plus noirâtre des BÉRUS, il dépeint tout au long de ces seulement vingt-trois minutes, l’étouffement constant de l’individu par une société qui souhaite, à tout prix, continuer à le normaliser, quitte à l’enfermer ("Baston"), ou à le brimer dans la violence. François pose sa voix de manière ultra efficace et incantatoire. Les BÉRUS doivent beaucoup à celui-là, d’ailleurs et nous aurons l’occasion d’en reparler dans d’autres chroniques. Son timbre reflète et porte ces dizaines de milliers de voix des grandes banlieues qui dégrisent, confrontées à la vacuité du devenir, à la latence de l’incertain, au chômage et gangrenées à vau l’eau par les drogues, la violence ("La Nuit Noire") et les frustrations. Les riffs, jamais déclinés à outrance de Loran, tombent souvent juste et restent suffisants pour rendre unique chaque titre et les imprimer, durablement, bien au fond de l’hippocampe. Et que dire de ce saxophone de Pascal Kung Fou qui prendra pas mal d’ampleur sur les albums suivants sous l’impulsion de Masto.

"Macadam Massacre" est constellée de l’aigreur de cette jeunesse morose, des ghettos surgissant, des banlieues mornes, sordides qui s’enfoncent progressivement dans l’échec et se distancient peu à peu de la société. "Manifeste", titre excellentissime, généralise ce sentiment profond et, comme son nom l’indique, porte et fait flotter le drapeau noir, haut et fort, dans tous les cœurs et à tous les vents. Il sonne aujourd’hui comme un cri de désespoir, d’un échec programmé des idéaux anarchistes et Punk que le titre suivant "Noir Les Horreurs" concèdera de manière implicite et inconsciente. L’anarchie est morte depuis un bail en France, n’en déplaise à Proudhon et à l’utopie. Les BÉRURIER NOIR ne sont pas dupes mais feront doucement flotter, autant que faire se peut, ce rêve de vivre libre ou mourir !

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- François (chants)
- Loran (guitare, chants, boîte à rythme)
- Pascal Kung Fou (saxophone)


1. Macadam Massacre
2. Baston
3. Elsa Je T’aime
4. Chromosome Y
5. La Nuit Noire
6. Johny Reviens D’la Guerre
7. Frères D’armes
8. J’ai Peur
9. Manifeste
10. Noir Les Horreurs



             



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