Quand "On The Edge" sort en 1999, Patrick Rondat est déjà reconnu par ses pairs et jouit grâce à son travail pour Jarre, d’une exposition médiatique conséquente. Pour compléter tout ça, on peut rajouter qu’il a fait une tournée G3 en Europe en 1998 aux côtés de Michael Schenker, et évidemment Satch, ce qui l’a fort logiquement mis un peu plus dans la lumière.

Rondat est un artiste, un vrai, pas juste un dérouleur de gammes. Dans chaque album, en plus de prouesses techniques impressionnantes, sa personnalité se fait jour et ce de plus en plus au gré du temps. "Amphibia", son plus gros succès à ce jour était de plus en plus progressif. "On The Edge" continue donc fort logiquement dans cette voix. Le lien avec "Amphibia" est aussi présent grâce à la présence du logo (la célèbre grenouille) un peu partout dans le livret et dans la photo intérieure du livret (celle qui apparaissait lorsqu’on enlevait le compartiment plastique du cd).

D’ailleurs là où l’album avec la grenouille avait le morceau titre découpé en plusieurs parties, celui-ci a le morceau "Duality" scindé en 4 parties (en fait trois car la première piste qui sert d'introduction n’a que du synthé et dure seulement 37 secondes). Composition à plusieurs volets que l’on est obligé de comparer à sa consœur : "Amphibia".

La comparaison est rendue encore plus évidente du fait des tics de jeu de notre ami. Rien de négatif mais son identité forte (c’est un compliment) fait que les deux pièces se rapprochent grandement. De plus comme sur l’album précèdent c'est Tommy Aldridge qui figure à la batterie et Patrice Guers à la basse. Personnellement, la pièce "Amphibia" par son coté plus ambitieux m’a plus touché. Clin d’œil vers le passé avec le violoniste Didier Lockwood ("Cloudy Mountain"). Francis son frère pianiste était déjà sur ("Paysages"), un morceau de "Just For Fun". Rondat continue donc son idée d’ouverture d’esprit (ce qui a toujours été une de ses marques de fabrique). Lockwood bien connu dans le Jazz fut aussi membre du génial groupe français MAGMA (entre 1975 et 1977). Sur ce titre des effluves DIXIE DREGS se font sentir (et ce malgré la patte toujours reconnaissable de Patrick).

En plus de Dider Lockwood on trouve Michel Petrucciani sur "Why Do You Do Things Like That ?".
Ce titre, outre l’ouverture d’esprit qui caractérise Rondat montre aussi son intelligence : il évite le côté Jazz Fusion classique qui aurait été autour d’une guitare en son clair ou d’une acoustique. Au contraire il attaque franchement, pour un résultat intéressant et bien moins prévisible que de prime abord. L’album est d’ailleurs dédié à Petrucciani qui décèdera juste avant la sortie du disque. "Into The Wild", titre plus Hard Rock classique, s’il reste intéressant marque un peu le pas par rapport aux deux morceaux précédents illuminés non pas par les guests mais par l’interaction que leur présence a suscitée.

"On The Edge" et "Destinies" sont plus Metal. Rondat remerciant ANGRA et VANDEN PLAS dans le livret, ça fait sens. On a aussi un rappel des ambiances des deux premiers albums. N’oublions pas non plus, qu’à la même époque, il commence sa collaboration avec Ian Parry au sein du CONSORTIUM PROJECT. "Across The Bridge" est un titre bien énergique tout en mettant une couleur un peu bluesy en avant. Titre plutôt bien troussé avec une belle ligne mélodique, proche de Satch. Sympa.

"Our Paths Crossed" est dédié à sa femme Gilette. Le morceau démarre plus doucement, thème oblige, mais ne sombre jamais dans la mièvrerie. Il reste même assez nerveux dans son ensemble. On trouve également la reprise acoustique de son morceau "Burn Out" pour un échange dans l’esprit d’Al Di Meola. Une fraicheur vraiment bienvenue et rafraichissante comme sait les amener Patrick. Ce titre se trouvant à la suite de la troisième partie de "Duality" on peut penser au 5ème mouvement d’"Amphibia" qui amenait aussi l’acoustique mais pas sur l’intégralité du titre. Le titre étant ici réarrangé piano guitare, est joué pour la grande partie à l’unisson. La guitare acoustique a toujours su trouver sa place sur ses albums et ce dès "Just For Fun".

En résumé un bon album mais qui marque le pas je trouve par rapport aux précédents qui a chaque fois faisaient preuve de plus de maitrise, de maturité et de personnalité. L’album n’est pas mauvais mais Patrick Rondat ne s’y réinvente pas, il continue de tracer son sillon dans la continuité. Ceci étant, il montre qu’il existe une patte Rondat et ceci n’est pas donné à tout le monde loin s’en faut.

Anecdote : sur l’ESP de Patrick on trouve tout un tas d’autocollants pour une marque de voiture (Pontiac), ou des éléments de mécaniques (Kloni/ Wynn’s etc…).
Rondat étant membre d’un club de passionnés de voiture (Pontiac donc !) en région parisienne cela s’explique facilement. Le "Pontiac Firebird Club de France", c'est son nom, est d’ailleurs remercié.

Morceaux préférés : "Why Do You Do Things Like That", "Cloudy Mountain", "Across The Bridge" et "Burn Out".