Ah les shredders ! Ah les Lives de shredders ! Ah la difficulté !
Et oui car qui a vu sur scène les cadors du genre sait la difficulté du truc. En gros ils se doivent d’en mettre plein la vue à leur auditoire (à quasi majorité fait de musiciens ; dans ce cas-ci de guitaristes) et donc on a plus droit à un exercice de démo/masterclass qu’à un vrai concert.
Souvent trop occupés à rejouer leurs pièces techniquement exigeantes, ils en négligent la communion avec le public. Bien sûr il existe des exceptions : MALMSTEEN qui, malgré qu’on puisse penser ce qu’on veut de ses jetés de pieds et autres gestuelles approximatives, reste un showman. VAI qui dialogue, blague et fait l’entertainer, assure lui aussi un concert : une expérience unique donc ! Après on a SATRIANI ou Eric JOHNSON : là on a le virtuose replié sur lui-même qui ne communique que par moments furtifs et mal assurés au public (Satch faisant même des entractes lors de ses prestations).

Quid de RONDAT notre virtuose national ? Et bien malheureusement le comportement très effacé et modeste du personnage, s'il est attachant au gré d’interviews, semble contre-productif dans le contexte scénique. On ne va pas se mentir : ce Live manque de ce qui fait une vraie expérience live : la communion avec le public. Public qu’on entend quasiment pas. Bon ok on les imagine pas chanter à tue-tête les soli mais quand même : à part de timides applaudissements en début d’album et à la fin des titres et bien rien, nada, que dalle !
On sent RONDAT concentré au maximum sur ses morceaux (toujours aussi beaux, mais là n’est pas la question en fait) et désireux de faire au mieux. Ce faisant il se réfugie dans sa bulle et semble être dans une masterclass ou un live Facebook comme diraient les jeunes. D’ailleurs la pochette ou notre héros est penché en avant, lunettes sur le nez est assez flagrante du niveau d’interaction du soir.

De plus le Live étant quand même ce qu’il est, quelques erreurs même si minimes se glissent par endroits : La guitare claire sur la seconde partie de "Dreamstreet" me semble un poil désaccordée (et puis le côté groove est comment dire... absent), pendant un court instant sur "Equinoxe" c’est un peu brouillon (vers la fin) etc.
Après, ceci n’est pas une chronique à charge bien au contraire. Malgré un son assez fluet (on est loin des Lives de Satch et cie) et ce son de batterie, que perso je n’aime pas vraiment, RONDAT est époustouflant de maîtrise. Pour en finir avec le son je trouve personnellement que la guitare est quelque fois un peu noyée dans le mix entre la basse et la batterie. Son jeu en aller-retour est toujours aussi efficace et maîtrisé. Il domine son sujet de la tête de des épaules. "Burn Out" et "Barbarians At The Gates" en sont des preuves éclatantes.

Bien sûr il reste le morceau si célèbre sous ses doigts : le "Vivaldi Tribute". Et là, encore une fois, on ne peut qu’être bluffé par sa technique. Autre bon point : la version "Equinoxe IV" de son compère JARRE. Là outre la technique, c’est la musicalité qui parle. Et la musicalité notre ami en a sous les doigts (tout comme l’ouverture d’esprit pour se frotter avec brio à "Nuages" de Django). Non RONDAT n’est pas qu’un technicien dépourvu d’âme. Ça il y en a tellement qu’on pourrait noircir des pages rien qu’à les citer !

D’ailleurs son caractère qui semble dénué d’ego surdimensionné lui permet de mettre en avant ses camarades de jeu : ainsi la basse dans "Burn Out "et le clavier (sans doute l’influence de JARRE).
Ce Live fait suite au brillant album "Amphibia". Sans doute conscient de la limite de l’exercice en solitaire RONDAT va, en parallèle de ses disques solos, participer pendant deux albums à un groupe de Metal Prog : ELEGY.
En résumé un Live anecdotique de la part d’un artiste qui lui ne l’est absolument pas. Un coup dans l’eau. Dommage !

Morceaux préférés : "Vivaldi Tribute"/"Barbarians At The Gates"/"Burn Out".