Une dégaine capillaire à la Steve Stevens et un jeu bien flashy font de notre jeune ami un pur produit de Shred de haut niveau. Repéré très tôt par Guitar For the Practicing musician, ceux-ci vont carrément créer un label (Guitar Recording) pour l’éditer. Au moment où la mode était aux shreddeurs et que le magazine croulait sous les démos, on peut déjà penser que le gars a un énorme potentiel. Il a dix-sept ans quand sort son premier LP.
Ce cher Blues avait aussi des fans parmi les guitaristes célèbres : Dimebag de feu PANTERA avait notamment la couverture de "Plaid" tatouée sur la jambe.

Avec un surnom pareil on espère une présence Bluesy et on n’est pas déçu. Notre homme a également accompagné Jack Bruce et fait un max de sessions très rapidement. Oui car outre un niveau très élevé, notre cher Blues a un phrasé, un toucher qui se démarque des autres. C’est bien moins stérile, plus chaud et plus organique. Dès les deux premiers titres, et "Exit 21" aux légers accents Country, on pense à Michael Lee Firkins mais en plus énergique. Super phrasé, et un max de nuances qui évitent le côté linéaire. En plus de la guitare, Blues taquine plutôt très bien la basse (franchement sur "Last train Out" on pense à Billy Sheehan, ce qui n’est pas le moindre des compliments). Sorti en 1992, cet album bénéficie d’un son très 90s, donc moins compressé et plus live que ceux de la décennie précédente. Néanmoins à la batterie on retrouve Joey Franco entre autres de Vinnie MOORE qui avec cet écho si caractéristique, continue quand même d’ancrer l’album dans la décennie précédente. Il a même son petit moment solo, "So Shrapnel", sur "Girth".

"The Scratch" montre qu’ici, conscient du piège du shred dans le vide, Saraceno essaye pas mal de plans Groovy Funky pour enrichir le morceau et ne pas lasser. Il sort ainsi du problème de beaucoup de ses pairs qui font des rythmiques qui ne servent à rien si ce n’est faire un tapis basique pour des solos effrénés et fleuves ! Un petit côté Bettencourt ; à ce moment EXTREME est haut dans les charts !

On peut vraiment noter qu’il a un son plein et riche ; assez gras en fait. Bref pas un son de Shred aseptisé ce qui donne un côté Big Rock bienvenu à ses compos. L’humour est aussi présent avec "A Lighter Shade Of Plaid" qui outre le début VAN HALEN (très proche de "Cathedral"), fait bien Rock Californien (il rejoindra POISON pour y remplacer Kotzen par la suite) ; superbe phrasé sur ce titre. En plus de sa technique, il est très musical (il sait ménager des climats, des pauses) et attaque vraiment comme un rocker, mais avec une aisance de haut vol ! VAN HALEN encore et toujours avec "Cat’s Squirel", au super break ! Ici encore, son toucher est vraiment bon. Écoutez bien la majorité des disques étiquetés Shrapnel ! La technique y est affolante mais le toucher est souvent absent ! Là notre ami a les deux !!

Le frangin vient donner un coup d’harmo sur "A Little More Cream Please" et on pense au superbe album de Earl SLICK ("In Your Face"). Avec du chant on se croirait chez LITTLE CAESAR . On n’échappe pas au bref intermède acoustique, gentillet mais pour le coup assez quelconque "L.A Vignette".

Remarquable de maturité, "Plaid" est un bon album d’un très bon musicien qui s’inscrit dans la continuité du travail d’un FIRKINS ou d’un KOTZEN de deuxième partie de carrière.

Morceaux préférés : "The Scratch", "Last Train Out", "A Lighter Shade Of Plaid" et "Cat’s Squirel".