Vigné est-il le Satriani français ? Je ne parle pas de bête copie mais de talent. Déjà il est prof de guitare (au M.A.I et dispense aussi son savoir via YouTube, années 2000 obligent) il est endorsé Ibanez, il a un tribute Satriani ("Surfing with Joe") et il a réussi, ce qui n’est pas un mince exploit à avoir la confiance et le talent de John Cuniberti au mastering (oui le Cuniberti de Satriani !). La pochette fait aussi beaucoup à Satch (période "Engines Of Creation") mais l’Ibanez futuriste en arrière-plan fait quant à elle penser à Vai période "The Ultra Zone". Bref allons voir tout ça de plus prêt. Comme tout bon album instrumental qui se doit on alterne entre plusieurs climats.

Commençons par les morceaux bien Rock bien sûr :
"Drone altitude" (c’est le thème de ses vidéos/tutos YouTube). Super morceau bien pêchu bien Rock ; si on devait faire un lien avec Satch ça serait "Summer Song" pour la dynamisme et "Speed Of Light" pour le lyrisme. Mais ce n’est qu’indicatif car Vigné a sa propre patte, et une technique hors-pair à la précision diabolique.
Vigné étant un fils du Metal il se permet par rapport à son illustre influence de rajouter du costaud dans certains titres :
"Funky Cyborg " : titre plus groovy avec des effets type robotiques, voix off etc... et donc passage bien typé Metal avec blast beat au milieu (une idée qui se rapproche de TRIPLE FX) ou encore "Kerozen" : avec cette whammy de sortie, et ce gros break bien velu ! Sa personnalité est partout ici et son identité aussi. Semblant très zen et peu enclin à la prise de tête, une certaine autodérision fait naturellement partie intégrante de l’album ("Robot VNR") : paroles en français décalées et pleine d’humour. Ce titre fait un peu office de respiration bienvenue. Le chant féminin (en alternance avec celui de Vigné lui-même sur le couplet) est bienvenu et sur le refrain une rythmique assez Nuno Bettencourt se produit. Le reste du morceau fait un peu penser à Michael Lee Firkins (autre géant du Shred 90s).

Au-delà de l’humour et d’un côté Metal, l’univers de Vigné se charge aussi de morceaux plus émotionnels comme avec "Ice Planet" (un départ assez 80s plutôt kitsch mais un très beau final très aérien avec piano classique) ou encore "Belle Étoile" avec une très douce intro et au final un titre tout en finesse parsemé de petites idées Countrysantes (encore une fois on pense à Firkins). Quelques errances aussi comme ce "Always On My Mind", où on frôle le plagiat de QUEEN et "Au Bord Du Lac". Ici le banjo est sympa mais vraiment sous-employé ! Dommage que ça ne soit qu’un gimmick qui n’aille pas plus loin. En résumé il n’est pas le Satch français mais il emprunte bien son chemin et son talent n’a pas à rougir face à celui du Californien. Il est lui-même, avec son identité son jeu ses immenses capacités et c’est bien mieux ainsi.

Un très bel album qui s'il n'est pas parfait permet de constater une fois de plus que même au pays des fromages qui puent de très bons instrumentistes Hard/Metal existent et pour une fois YouTube aura servi non pas à voir une vidéo de chat ou autres débilités mais à découvrir un réel talent qui mérite une vraie exposition médiatique.
Note de 3,5 arrondie à 4 !

Titres préférés : "Ice Planet" et "Drone Altitude".