Il y a un truc que j’ai remarqué avec ENTER SHIKARI à force de réfléchir sur ce groupe dans tous les sens (oui, j’ai galéré deux semaines pour trouver une intro à cette chronique, ça donne place à la réflexion), c’est que même si j’en écoute quasiment quotidiennement et à toutes les sauces, les moments où j’apprécie le plus m’enfiler un de leurs albums c’est dans ces instants de creux où j’ai besoin d’énergie et de motivation, parce qu'ENTER SHIKARI, c’est un groupe qui irradie d’une énergie folle et je crois bien que c’est sur "A Flash Flood Of Colour" qu’elle est la plus communicative.

C’est bien simple, l’ouverture de l’album avec "System…" et "...Meltdown" (qui en vrai sont un seul morceau séparé pour faire une intro à l’album) me hype à un point fou avec ses cordes synthétiques qui font monter la sauce dès les débuts, sa guitare en fond qui maintient la tension et Rou Reynolds qui chante avec ses tripes histoire de bien nous accrocher avant que tout ça n’explose sur un « System Meltdown » qui lance un gros drop Dubstep avec riff syncopé en prime, ça me tue à chaque fois. Et la suite du morceau part sur un gros tube ultra accrocheur avec rythmique Drum’N’Bass et envolée vocale jouissive. Et tout l’album continue sur cette lancée en enchaînant les dingueries. Autre exemple avec "Arguing With Thermometers" qui commence sans intro par une partie Hardcore assez lourde avec Rou qui gueule pour allez vers un passage Électro qui laisse bien entendre que le groupe a ouvert pour The PRODIGY en live entre-temps avec toujours Rou qui gueule, c’est formidable, et le final qui sort un breakdown vénèr, c’est trop cool.

À part juste être un réservoir à tubes, je trouve que "A Flash Flood Of Colour" est l’album qui assoit vraiment l’identité d’ENTER SHIKARI. Si les deux premiers albums étaient de bons albums d’Électronicore, ils restaient vraiment dans ce style et on ne pouvait pas réellement parler intégralement d’un style typique au groupe qui restait globalement dans cette vague très Metalcore Électro un peu teenage (même s'ils cherchaient déjà a aller un peu plus loin) alors que là, ils explosent totalement cette cage. D’un côté, l’aspect Metalcore est bien plus vindicatif, plus proche du Hardcore Moderne que d’un I SEE STARS pour citer aussi un groupe d’Électronicore et le groupe ne se prive pas de balancer des bourre-pifs à base de gros breakdowns (celui de "Sssnakepit" introduit par un « Yeah we’re nice guys… UNTIL WE’RE NOT » est top), de gang vocals à gueuler à tue-tête un peu partout ou avec des riffs beaucoup plus simples dans leurs composition mais bien plus efficaces. Et de l’autre, l’Électro se montre bien plus important dans les compos, allant jusqu’à voler la vedette au Metal par instants ("Gandhi Mate, Gandhi" ou "Warm Smiles Do Not Not Make You Welcome Here") mais toujours dans le but de proposer une complémentarité entre les deux genres. Ajoutez aussi le fait qu’on navigue à travers un grand nombre d’influences différentes allant du Dubstep au Big Beat en passant par le Drum’N’Bass pour un résultat qui sonne résolument britannique (genre vraiment, l’Électro d’ENTER SHIKARI a ce parfum anglais que je ne saurais correctement décrire que je retrouve dans la scène Électro du pays, que ce soit chez FAITHLESS ou CHEMICAL BROTHERS).

Là on a déjà une recette qui fonctionne très bien, mais en plus d’être extrêmement bien composé, accrocheur et fourmillant d’idées, l’album envoie une dose d’énergie assez folle qui vient certes de ce mélange particulièrement réussi de Metal, de Hardcore et d’Électro, mais surtout de Rou Reynolds qui chante avec une force et une conviction qui n’étaient pas présents auparavant, déjà que le gars s’est amélioré sur sa technique (enfin il arrive à forcer sur sa voix sans donner l’impression de s’essouffler !) et je pense que le fait que le groupe ait décidé d’orienter ses paroles sur des sujets plus engagés (le groupe définit son idéologie comme anti-politique) lui donne un certain sel qui me plaît bien.

Je pense aussi qu’avec cet album, ENTER SHIKARI se pose comme une référence de cet univers vaste qu’est l’Électro Metal. Accrocheur, accessible, varié et bourré d’une énergie qui défonce tout, je ne trouve absolument rien de négatif dans "A Flash Flood of Colour". Tout simplement une réussite.