Malgré un temps assez long pour sortir son premier album, ENTER SHIKARI ne mettra que deux ans pour donner naissance à "Common Dreads", lançant la machine sur un rythme d’une sortie tous les deux-trois ans. Et pour le coup, en si peu de temps, ils ont quand même bien step-up leur game les Anglais.

La flemme m’aurait poussé à faire un copié-collé de ma chronique pour "Take To The Skies" tant à première vue ce "Common Dread" semble reprendre la formule plutôt solide de son prédécesseur, mais c’est sans compter sur l’envie du groupe de s’améliorer et de toujours avancer. Parce que mine de rien, ENTER SHIKARI, qui faisait déjà dans les compos barrées, va encore plus loin dans sa recherche de morceau aux structures bigarrées mais accrocheur comme pas permis et tente bien plus de trucs ici. Vous voulez un break dance kitsch à base de wooohooohooo sur une balade ? Ils osent avec "Gap In The Fence". Vous voulez un mélange de synthé poin-poin du turfu, de chant clamé quasi spoken-word et de la batterie ultra groovy sur du gros Hardcore bien énervé ? "Zzzonked" exauce votre souhait. Ce ne sont que deux exemples parmi les quinze titres de l’album et rien qu’avec ça, je pense en avoir perdu plus d’un.

Avec cet envie de se diversifier vient mon grief envers cet album. Premièrement, le mix met vraiment les parties Électro sur le devant de la scène, et en soi pourquoi pas, ça passe super bien en général surtout que ça se mélange bien avec le reste, mais je ressens quand même un petit manque de patate quand justement les synthés ne font pas parler la poudre, c’est assez perturbant en vrai. Et deuxièmement, quinze morceaux partant dans tous les sens, bien que ce ne soit que sur cinquante minutes, c’est parfois assez indigeste selon l’humeur.

Mais hormis ça, vraiment c’est une grosse tuerie qui sait sortir les tubes à la chaîne (big up à l’enchaînement d’ouverture "Solidarity" / "Step Up" / "Juggernauts" / "Walls" / "Zzzonked" qui défonce absolument tout) avec une énergie folle, qu’elle soit Hardcore ("Solidarity", "Zzonked", "Antwerpen"), Pop ("Juggernauts", "No Sleep Tonight", "Gap In The Fences"), Électro ("Havoc B", "The Jester") ou les trois en même temps. Et surtout, Rou Reynolds, dont la voix était le point faible de "Take To The Skies" s’est sacrément amélioré au point de devenir un des points forts de "Common Dreads". Vraiment, c’est un plaisir de l’entendre enchaîner différents types de chant sans aucun problème, et surtout il arrive tellement à faire passer un certain entrain avec sa voix. J’entends ça particulièrement dans "Step Up" et "Fanfare For The Conscious Mind" mais la vache, il arrive tellement à rendre ces morceaux épique juste avec son phrasé, c’est impressionnant.

Vraiment, même si "Take To The Skies" était un album vraiment sympa, il passe pour un brouillon à côté de ce "Common Dread" qui arrive à corriger les défauts et à améliorer le reste. Et pour la suite, si vous ne connaissez pas le groupe et découvrez avec cette chronique, vous devez penser qu’ayant trouvé la bonne formule, ENTER SHIKARI est resté dans quelque chose d’à peu près semblable. Oh boy… Vous n’êtes pas prêt !