"The Spark" était une déception, c’était la tentative d’ENTER SHIKARI d’aller à fond dans un Électro-Pop-Rock très accessible tentant de garder l’identité du groupe. Chose totalement respectable, mais les Anglais se sont plantés, pas mémorable, assez ennuyant par moments et manquant de l’énergie qui rend le groupe si addictif, autant dire que ça fait mal. Et autant dire que lors de la sortie de ce "Nothing Is True & Everything Is Possible", j’étais pas mal appréhensive, et j’ai pas forcément aimé au début. Est-ce que cet avis à chaud a changé après deux ans d’assimilation ?

Je dois dire avoir mis du temps à savoir quoi penser de cet album. Le groupe poursuit dans sa lancée Électro-Rock, mais là ou "The Spark" était très Pop, on est ici sur quelque chose de bien plus barré pour ne pas dire expérimental par instants. On a toujours droit à des titres très faciles d’accès, "Crossing The Rubicon", "The Pressure’s On" et "satellites**" donnent l’impression qu’ENTER SHIKARI a sorti un split avec je ne sais quel TWENTY ONE PILOTS et sont ma foi fort sympathique mais ce n’est pas le cœur de l’album. Et même les morceaux qui sortent les guitares sont au final assez secondaires, alors certes, l’ouverture "THE GREAT UNKNOWN" est vraiment excellente avec son petit souffle épique sur le refrain qui fait vraiment du bien après un couplet tout en tension ,"T.I.N.A" est un vrai tube Électro Rock de boîte de nuit assez accrocheur et "thē kĭñg" n’aurait pas dénoté sur "The Mindsweep" mais on a qu’eux au final.

En fait tout le reste de l’album semble être un gros laboratoire où ENTER SHIKARI s’éclate à tester plein de trucs. Alors on a la tentative de symphonie guillerette façon promenade bucolique qui devient très vite lourde et menaçante avec "Elegy For Extinction", on a les couplets très bruitistes de "{The Dreamer’s Hotel}", la déconstruction Électro de "apøcaholics anonymøus (Main Theme in B Minor)" ou encore "Marionettes" qui repose sur la rencontre de beats Électro très lourds et insidieux et du chant posé et halluciné de Rou Reynolds. Il y a plein de petits trucs comme ça qui rendent l’écoute assez intéressante, mais cette force est aussi la grosse faiblesse de l’album. Car si les morceaux sont globalement réussis (sauf "modern living…" qui est osef et qui ne propose au final que de l’Électro qui fait wubwub sur une rythmique Pop assez molle), si on retrouve une partie de ce qui fait le charme d’ENTER SHIKARI et si on a tout simplement un meilleur album que "The Spark" ; "Nothing Is True & Everything Is Possible" a du mal à rester cohérent. On a des trucs qui semblent un peu sortir de nulle part, en décalage avec l’ambiance de l’album comme "{The Dreamer’s Hotel}", placé de manière incongrue comme "Waltzing Off The Face Of The Earth (I. Crescendo)" qui semble être une super intro pour l’album mais qui est quatrième dans la tracklist, ou encore musicalement avec cette symphonie de "Elegy For Extinction".

"Nothing Is True & Everything Is Possible" est un album étrange, d’apparence assez accessible avec ses tubes, il reste un album assez difficile à vraiment assimiler de par son aspect un poil trop foutraque partant un peu trop dans tout les sens. Il reste néanmoins une bonne écoute une fois le choc de la découverte passé et le deuil du ENTER SHIKARI Électronicore passé.