En balançant son premier extrait "Heads Will Hang" avec son intro que même GOJIRA n’aura pas renié, FIT FOR AN AUTOPSY enfonce le clou et prévient son auditoire : il est bien question ici de confirmer les choix artistiques posés dans l’opus précédent "Absolute Hope Absolute Hell" voire bien évidemment d’aller encore plus loin… "The Great Collapse" est ainsi déjà le quatrième album studio des Américains et leur notoriété n’a cessé de grandir dans le milieu, de façon totalement méritoire mais ne doit pas pour autant être réduit à ce premier single.

En effet, le monstre de Will Putney encore et plus que jamais aux manettes (il ne participe pas aux prestations live du groupe) ne renverse en rien la table et pousse le vice à glisser de petites évolutions tout en confirmant le cadre défini. À ce titre, impossible de passer à côté d’un "Black Mammoth" qui renferme tout ce que le groupe propose et me fait accrocher à son œuvre : un chant hurlé guttural croisant des parties screamées, un mur de riffs titanesques (pour ne pas dire mammouthesques !) à vous faire péter les cervicales dans sa seconde partie, une ambiance de folie à la fois aérienne et aussi lourde qu’une chape de plomb. Il constitue un duo remarqué avec "Terraform" dans la lignée de "Absolute Hope Absolute Hell" (premier des rares soli décelables sur cet album). "Head Will Hang" était plus "légère" donc mais à sa façon… bien différente de "When The Bulbs Burn" qui calme pourtant le jeu autrement. Attention, le Deathcore sans concession est toujours d’actualité avec par exemple un "Iron Moon" (solo inclus, assez rare pour ne pas le souligner) ou avec "Too Late" qui ravage tel un rouleau compresseur (la voix de Joe est caverneuse comme jamais !).

FFAA nous réserve un final épique et grandiose avec deux titres tout en modularité, un peu sur le modèle de l’opus précédent : 1 minute 45 seconde de douceur sur "Empty Still", un peu typée The OCEAN avant ce que l’on sent irrémédiablement venir, à savoir le gros son et un "Spiral", là encore terriblement riche en émotions et en ambiances.

FIT FOR AN AUTOPSY est une hydre monumentale, à coup de groove et de riffs heavy de chaque instant.
La basse claque plus que jamais ("When The Bulbs Burn Out"), Josean Orta n’en finit plus de m’impressionner derrière ses fûts avec ses frappes innombrables et schizophréniques. Paul nous avait prévenus : il allait continuer et nous proposer un album plus "personnel". J’y trouve surtout une ambiance toujours aussi folle, une production incroyable qui confère à l’ensemble une densité remarquable. N’allez pas pour autant vous attendre à une forme de répétitivité, assez classique dans le Deathcore (méfiance légitime, j’en conviens).

Ce qui est vraiment plaisant avec FIT FOR AN AUTOPSY, c’est que sur neuf titres, vous pouvez avoir véritablement plusieurs entrées dans le genre : on passe d’un brutal agressif à des introductions plus planantes, en surfant sur une batterie épileptique et des riffs techniques à la 6 ou 7 cordes. L’absence de saturation ouvrant "Empty Still" pourra décontenancer les plus avides de décibels mais personne n’est dupe : on s’attend à l’explosion. Sur la première partie du morceau, délectez-vous de la prestation vocale de Joe Badolato qui éructe avec beauté ! Il vous attaque aux tripes. J’adore tellement toutes ses interprétations qu’il ne fait que confirmer LP après LP tout son talent. Qui pensait trouver ce bridge mélodieux, tout en douceur au cœur de "Spiral" ? Au cœur du cyclone, le calme règne paraît-il… C’est une formidable rampe de lancement pour le final épique durant lequel Joe hurle comme un damné, encore et toujours pour nous coller de sacrés frissons…
Ce voyage au sein de "The Great Collapse" ne laisse planer aucun doute et ce dès les premiers instants d’un "Hydra" (terriblement de circonstance) assurant le lien évident avec l’album précédent et marquant déjà les esprits avec des guitares mélodieuses au service d’un Deathcore moins brutal certes mais surtout tellement classieux.

En moins de quarante minutes une nouvelle fois, FIT FOR AN AUTOPSY calibre à merveille son nouveau missile : ni trop long (heureusement), ni trop court et surtout bourré de personnalité. Tourments, brutalité, mélancolie et émotions à fleur de peau, le combo américain est devenu une sacrée référence. Will Putney confesse que sa chose est un exutoire, une thérapie basée sur l’introspection, je peux vous assurer que ce type de divan me convient à merveille. "The Great Collaspe" fait clairement et totalement entrer le groupe dans la cour des grands : FFAA est de cette trempe qui fait disparaître l’ennui...

Note réelle : un très gros 4/5, une nouvelle fois.

Top : "Black Mammoth", "Empty Still", "Spiral", "Hydra".