De mémoire d’homme, jamais un groupe n’avait autant mélangé de styles musicaux en un seul album. Cette condensation est unique, je dois l’admettre. Loin est le temps de "Suicide Season", de ses cris et de ses riffs primaires. Aucune connexion avec "That’s The Spirit" n’est possible ici. Si BRING ME THE HORIZON avait amorcé un virage "Electro" avec "There Is A Hell", le chant et la musique restaient résolument tournés vers le Screamo. "Sempiternal" ouvrait encore plus les portes du grand n’importe quoi avec des éléments Electro plus poussés sans toutefois ouvrir les vannes du Easy Listening.

Avec "That’s The Spirit", de nouveaux styles font leur apparition : la musique est beaucoup moins agressive, le chant aussi. Des éléments Pop sont mis en place. Des instruments technos sont également ajoutés avec une boîte à rythmes par moment. On a donc droit à tout un bordel musical qui, de façon assez surprenante, tient relativement bien la route. Il y a une certaine cohérence dans tous les titres, nous ne sommes donc pas dépaysés à chaque changement de morceau.

La voix d’Oliver Sykes est mise à contribution : on met au placard les cris désespérés des premiers albums pour mettre à profit une bien belle voix. Pour la première fois, le jeune homme chante de façon claire et nette : mes oreilles le remercient. Une mention spéciale pour "Follow You", titre le plus Pop de "That’s The Spirit" qui amène Oliver à mettre une petite modification de voix juste correcte, sans trop en faire. Le reste du morceau est très épuré en termes d’instruments.

La question qui me taraude est la suivante : à qui s’adresse cette galette ? Puisque les fans de BRING ME THE HORIZON sont habitués à entendre du Screamo, voire du Deathcore très primal, qui va écouter cet album ? Ici, on est à des années-lumière des méfaits de "Count Your Blessings" (Dieu merci d’ailleurs). Bien sûr, beaucoup de fans évoluent avec le groupe et quelques changements apportés n’apportent habituellement pas de grandes réactions violentes. Mais, ici, le changement est radical, tout simplement. Il ne fait aucun doute que les gars ont dû augmenter leur fanbase puisque cette musique est diablement plus accessible. Ceci étant dit, il est déroutant de voir à quel point un groupe peut complètement changer de style.

Autre question importante : Est-ce que ce bordel musical, cette soupe aux légumes divers et complètement déjantés, est au final bon ? Je suis ambivalent. Je dirais que le tout est tout à fait écoutable, de bien bel augure pour l’avenir d’ailleurs. La surprise des premières écoutes étant passée, j’ai pris un certain plaisir à écouter "That’s The Spirit". Mais ce même plaisir est modéré par un sentiment de trop-plein d’éléments. Un peu comme si Oliver, grand gourou du groupe, amène BRING ME THE HORIZON à une sorte de projet solo un peu fou, complètement déjanté. Il expérimente, joue avec les influences, les styles, sans trop connaître où mènera le tout.

Morceau préféré : "Run".