Après de multiples coups d’épée dans l’eau, BRING ME THE HORIZON a finalement accompli l’impossible : composer un disque qui ne me fasse pas saigner des oreilles. Un fait d’armes exceptionnel de la part de nos amis Anglais permettant enfin à votre humble serviteur d’obtenir une petite pause d’assaut auditif bien mérité suite aux catastrophes des précédents méfaits de la part des hommes d’Oliver Sykes. Bien que les gars aient amorcé un virage plus Electro avec leur troisième essai, la voix et la musique des Anglais étaient toujours aussi redondantes et indigestes pour mon équilibre mental.

Alors, qu’est-ce qu’on a avec "Sempiternal" ? Un mélange de Metal, de Screamo et d’Electro, tout ça mélangé au broyeur. La première chose à observer, c’est à quel point Oliver Sykes, chanteur et leader de BRING ME THE HORIZON, a enfin délaissé ses cris de désespéré dans le but de chanter un peu plus convenablement. En second lieu, les refrains sont désormais catchy, comme sur "Empire (Let Them Sing)", "Sleepwalking" et "Go To Hell, For Heaven’s Sake". Il y a aussi des moments plus typés ballade avec "And The Snakes Start To Sing" et "Seen It All Before". Il est à noter qu’il est plutôt inhabituel de retrouver ce genre de morceaux dans le registre de nos Anglais. Il s’agit de passages qui font un bien fou puisqu’ils amènent un peu plus de diversité à l’ensemble.

Contrairement à la pensée populaire, BRING ME THE HORIZON ne vend pas son âme au diable en changeant d’orientation musicale, n’en déplaise aux puristes qui vont bien sûr crier à la trahison. Pourtant, il y a encore des traces des débuts du groupe : la voix par exemple, qui est toujours aussi écorchée par moments. Il est pourtant clair qu’elle est beaucoup mieux contrôlée et ô combien plus maîtrisée. Oliver ne se contente plus de crier comme un désespéré : il chante parfois, crie sur certains passages, et s’époumone en alternance. Ces variations mènent à un plus grand impact sonore. Il s’agit d’un exemple parmi d’autres de variété étant la bienvenue dans le paysage musical de BMTH. Autre belle avancée : les notes technos sont bien plus efficaces et mieux maîtrisées que sur "There Is A Hell…". Ils ne semblent pas mis en place de façon plus ou moins subtile ou bordélique, contrairement à son prédécesseur.

Est-ce une coïncidence si BRING ME THE HORIZON a signé avec une maison de disque majeure et a composé du même coup un "Sempiternal" d’une qualité dix fois supérieure à ses indigestes prédécesseurs ? J’ai des doutes. Je crois plutôt que le changement de cap avait déjà été amorcé auparavant. Si on écoute le troisième essai, on peut déjà noter le changement de style. La différence majeure est que "There Is A Hell…" était un brouillon là où "Sempiternal" est un produit final. Après avoir expérimenté ici et là, les gars maîtrisent finalement leur sujet.

Malheureusement, tout n’est pas rose dans le monde de nos amis anglais. Le style arrive toujours assez facilement à ces limites malgré l’utilisation de plusieurs éléments différents. La redondance pointe rapidement le bout de son nez et les derniers morceaux arrivent à bout de souffle.

Au final, je dirais que "Sempiternal" est un album majeur dans la discographie du groupe : le début de quelque chose. Nous voilà enfin avec un vrai album qui montre que les gars peuvent faire autre chose que juste du bruit pour pas grand-chose. Cela fait du bien à mes oreilles.

Morceau préféré : "Shadow Moses".