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DIE APOKALYPTISCHEN REITER - The Divine Horsemen (2021)
Par GEGERS le 28 Juillet 2021          Consultée 2093 fois

Il y a de la folie dans l’univers et la musique de DIE APOKALYPTISCHEN REITER. En vingt-cinq années d’existence, le groupe a eu la chance et l’audace de proposer des albums tous résolument différents les uns des autres, allant d’un Black Metal furieux sur les premiers à un Eletro Metal plus surprenant sur le plus récent "Tief". Du Folk au Hard Rock, en passant par le Death et le Heavy, le groupe ne s’est fermé aucune porte, et se voit riche d’une discographie bariolée dans laquelle on pioche dès lors que l’envie de sortir des sentiers battus se fait sentir. La folie se retrouve également dans les textes et les visuels de Fuchs. Une folie pouvant aller du simple décalage par rapport à la "norme" jusqu’à la démence la plus irrattrapable. Et la folie se retrouve désormais dans la démarche du groupe, car voici bien un album que l’on avait pas vu venir ! En effet, "The Divine Horsemen" a été conçu pendant deux jours en octobre 2020, sans aucune préparation ni répétition. Le groupe, les techniciens et une poignée de proches se sont enfermés en studio, et ont enregistré 500 minutes de musique totalement improvisée, dont ils en ont extrait 78 minutes réenregistrées pour constituer ce double album. Barrés.

L’album est à l’image de sa pochette, colorée, hypnotique, pouvant provoquer un état de transe allant de pair avec la démarche artistique de la formation. La musique pratiquée ici est expérimentale avant tout, faite d’assemblage de passages psyché et atmosphériques, de musique tribale, Heavy Black, ou encore Death. Certains, à raison, entendent ici des réminiscences du "Roots" de SEPULTURA. La volonté est extra-musicale, il s’agit en effet de développer des ambiances incantatoires, dans une démarche transcendantale. Sur cet album, tout est possible. Après l’album "Der Rote Reiter", qui constituait un bon compromis entre la première période de carrière et les albums les plus récents de DAR, c’est ici une proposition complètement inédite que nous fait le groupe, et qui nécessite de très nombreuses écoutes avant de pouvoir être assimilée, voire appréciée.

L’ensemble est, bien entendu, indescriptible. Tout juste peut-on indiquer que l’album, sur ses deux faces, est essentiellement constitué de longues plages atmosphériques, complexes, entrecoupées de courts intermèdes souvent violents et brutaux, le plus souvent dans des tons Black évoquant les débuts de DAR. "Salus", par exemple, fait montre en effet d’une rage que l’on avait pas connue depuis la fin des années 90 et l’album "Allegro Barbaro". Le chant de Fuchs, essentiellement hurlé sur l’ensemble de l’album, participe à l’établissement de ce climat, parfois délétère, qui apporte confusion et étrangeté. Souvent tribal, le Metal tel que pratiqué par DAR sur cet album se voit agrémenté d’instruments sortant de l’ordinaire, tels que le didgeridoo (parfaitement exploité sur le morceau "Aletheia"), le djembe ou la derbouka. La dissonance n'est pas ici vue comme un échec ou comme quelque chose de "faux", mais comme une volonté artistique provoquant un décalage presque malaisant.

L’excellence se découvre parfois au détour d’un motif mélodique ou rythmique, d’une ligne de chant, et on se retrouve ainsi, dans un premier temps, à célébrer ces points d’accroche qui nous servent de repères pour les écoutes suivantes. Ainsi, l’incarné "Akhi", le rythmé "Tiki", "Children Of Mother Night" et ses faux-airs de ballade gothique, ou encore "Wa He Gu Ru", plus rock et "chanson" dans sa construction, sont quelques unes des bouées de sauvetage qui vont nous permettre de naviguer dans cet océan inconnu. Faisant complètement fi des codes et des balises, DAR propose ainsi de longues pièces (trois font plus de neuf minutes), parfois minimalistes, parfois dotées d’une forte montée en intensité, souvent bordéliques et bariolées, qui constituent finalement les plats de résistance de l’album. Il va ici falloir se jeter à l’eau, multiplier les écoutes et ne pas craindre de perdre ses repères dans cet univers souvent atmosphérique, mis en mots dans différents langages contemporains ou anciens. Ce rodéo auquel nous convie le groupe emprunte des chemins que les Allemands n’ont pas pratiqué depuis longtemps, et défriche de nouveaux terrains.

Entre Black et Ethno Metal, le voyage est ici autant musical que spirituel, et requiert de laisser de côté toutes ses attentes. Le DAR que l’on connaît est présent, bien sûr (écoutez donc "Ymir") et l’identité unique de la formation transpire de chaque mesure. En éliminant néanmoins complètement le format chanson, le groupe échoue parfois à retenir notre attention (notamment lors des longs passages Doom et Atmo que l’on peut entendre en milieu d’album), même si cette alternance des ambiances joue un rôle prédominant dans la mise en forme de cette œuvre complexe, qui a vocation à rester un tour de force de studio (l’album ne sera pressé qu’une fois, et aucun extrait ne sera interprété en live). Une curiosité savoureuse en matière de Metal extrême, qui fait son chemin au fil des écoutes pour finir par s’imposer comme une expérience résolument enrichissante.

3,5/5.

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   GEGERS

 
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- Ady (guitare)
- Dr Pest (claviers)
- Fuchs (chant, guitare)
- Sir G. (batterie)
- Volk-man (basse)


- Cd 1
1. Tiki
2. Salus
3. Amma Guru
4. Inka
5. Nachtblume
6. Aletheia
7. Duir
8. Children Of Mother Night

- Cd 2
1. Uelewa
2. Haka
3. Simbi Makya
4. Wa He Gu Ru
5. Akhi
6. Ymir
7. Eg On Kar



             



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