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YOB - The Illusion Of Motion (2004)
Par NEURO6 le 18 Juillet 2021          Consultée 1883 fois

Sortir un album par an, c’est le rythme de croisière de YOB, groupe de l’Oregon mené par Mike Scheidt, depuis la sortie de son premier LP. Après une première démo pleine de promesses en 2000 et deux albums en 2002 et 2003, YOB fait paraître "The Illusion Of Motion" en cette année 2004. Mais, cette fois-ci, chez un label d’une autre ampleur : Metal Blade. En effet, les premiers travaux de YOB n’ont pas échappé à Brian Slagel, le responsable de l’époque, qui avait adoré le Stoner Doom intégrant des influences seventies de l’album "Catharsis". Il faut dire que les gars de YOB se sont taillés une solide réputation dans le milieu, par leur talent et leur simplicité mais aussi par l’intimité qui se dégage de leurs compositions. Leur musique est un voyage fait à la fois de tension et de détente, de concret et de surréalisme. Avec ce nouveau label et cette notoriété à confirmer, "The Illusion Of Motion" constitue un premier tournant dans le parcours du groupe. Cet album voit notamment l’arrivée du nouveau batteur Travis Foster, qui n’a plus quitté la barque depuis.

Quatre morceaux pour un album de près d’une heure : le compte est vite fait, YOB a encore accouché d’un monstre pour explorer les coins les plus reculés du Doom. "Ball Of Molten Lead" ouvre le bal avec une longue intro balayée par des vents psychédéliques. La tension monte progressivement avec cette batterie martiale précédant l’explosion Drone Doom : le riff est divin, le chant lointain de Mike Scheidt porte la piste vers les sommets. À mon sens, "Ball Of Molten Lead" fait partie du panthéon des meilleurs titres du groupe. La tempête d’ouverture est une parfaite entrée en matière pour ce voyage intersidéral. Le trio nous fait plonger dans le vide et l’obscurité dès les premières notes, avec le son groove puissant et le caractère tripant du chant, qui oscille entre voix rauque et agressive et chant nasal plus Heavy. Les influences multiples du groupe sautent aux yeux ; YOB ne s’enferme pas dans un Doom restrictif mais se promène à la périphérie, entre le Punk Hardcore, le Death ou encore le Stoner. NEUROSIS, IMMOLATION, SLEEP, etc. sont autant d’influences diversifiées pour le trio, s’ajoutant aux productions des aïeux des années 1970.
Parfois, cela peut surprendre l’auditeur. Au sein des morceaux, mais aussi de l’album, les contrastes peuvent être marqués. C’est le cas dans le second morceau. Tirant vers les treize minutes, "Exorcism Of The Host" propose un long développement, démarrant dans un Sludge lent appuyé par les cris gutturaux de Mike Scheidt, pour mieux nous emporter vers un point d’orgue lumineux au cœur du morceau. Si les influences seventies du groupe se manifestent sans ambages, ce second titre casse un peu la dynamique apportée par "Ball Of Molten Lead", dynamique que l’on retrouve bien présente dans "Doom #2", titre le plus court de l’album (six minutes).

En réalité, toute la folie du leader du groupe transparaît dans ces constructions alambiquées. Trouvant son inspiration dans le mysticisme oriental, le bouddhisme et la philosophie indienne de l’Advaïta Védanta, il puise aussi dans les conférences et livres audio de l’écrivain spiritualiste allemand Eckhart Tolle. À l’instar de ce conférencier, Mike Scheidt a lui aussi traversé des épisodes maniaco-dépressifs durant une partie de sa vie. La découverte de ces philosophies a été pour lui une sorte d’épiphanie, comme la pratique de la musique. De la même manière qu’il recherche la Vérité dans les tréfonds de la pensée, Mike Scheidt ne se met aucune limite pour élaborer sa musique au sein de longues pistes et à travers des développements imbriqués, faits de nappes de guitares écrasantes, de sections rythmiques Drone ou de solos aériens, comme sur le morceau d’ouverture.
Le nouveau batteur apporte une plus grande agressivité et l’atmosphère psychédélique qui fait la marque de fabrique du groupe est toujours bien présente. Les progressions sont subtilement amenées, l’ennui ne point jamais. Même le morceau final – qui tutoie la demi-heure (26 min 10 pour être exact, toujours un record dans la discographie du groupe au moment de l’écriture de ces lignes) – est un monument musical dont la clôture nous surprend toujours. On se laisse en effet porter tout au long du morceau par ce maelstrom Drone aux effets cathartiques.

"The Illusion Of Motion" est un album plus extrême que les précédents, mais YOB parvient toujours à maintenir l’attention, d’une part durant l’écoute de l’album, mais aussi durant les écoutes successives. Ne vous découragez pas à la vue de la pochette, et laissez-vous envelopper par l’atmosphère divin de cette première pièce-maîtresse de la discographie de YOB.

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   NEURO6

 
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- Mike Scheidt (chant, guitare)
- Isamu Sato (basse)
- Travis Foster (batterie)


1. Ball Of Molten Lead
2. Exorcism Of The Host
3. Doom #2
4. The Illusion Of Motion



             



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