En août 2013, Ol Drake annonce son départ d'EVILE… Un an après, le groupe indique que Piers Donno-Fuller (ex FALLEN FATE) le remplace et que "quelque chose est dans les tuyaux pour mars 2015"… Celui-ci quitte le groupe en mars 2018 pour d'autres engagements ! Durant cette période, toujours rien d'un point de vue créatif ! Et le comble dans tout ça ? Évidemment, vous le voyez arriver gros comme le nez au milieu de la figure ? Le retour de Ol un mois après !

Tout ça pour ça vous me direz ? En effet, nous sommes en avril 2018 et le groupe est revenu à la case départ… Le psychodrame continue en août 2020 (!) avec ce coup-ci le départ de Matt Drake, l'autre frangin (raisons de santé et familiales) ! Et c'est donc cette fois le frontman/guitariste qui aurait en plus quitté le navire depuis longtemps ! Seul Ben Carter (batterie) demeure désormais le seul membre originel d'EVILE en activité, sans rupture de la frise chronologique ! Adam Smith (RIP TIDE) vient remplacer numériquement Matt et EVILE signe un nouveau bail chez Napalm Records après avoir quitté Century Media et sa filiale Earache.

Bordel, toute cette nécrologie/biographie pour vous expliquer qu'entre 2013 et 2021, le groupe s'est clairement perdu. En débarquant ce 30 avril 2021 dans les bacs avec "Hell Unleashed", EVILE est à un sacré tournant…

Cet opus est produit par Chris Clancy au studio d'Andy Sneap (Backstage Studios) et s'offre un artwork réalisé par Michael Whelan qui a notamment réalisé les pochettes des galettes de SEPULTURA entre "Beneath The Remains" (1989) et "Roots" (1996)… Et ce détail a son importance : en prenant la place de son frère, Ol propose un chant plus grave et surtout un album qui déborde de l'influence du groupe brésilien, nous dirons période "Arise" (en mode remaster). En citant un Chuck Schuldiner comme référence du genre, le chanteur anglais annonce la couleur et (re)donne une attaque plus féroce au son de son combo.
Et ce n'est pas une impression ! Dès "Paralysed", on se fait la remarque : break, construction, organisation des titres. Écoutez le solo de "Control From Above" et je vous défie de ne pas voir le lien. De toute façon, Ol a bien précisé à tout le monde que le groupe n'avait rien pondu depuis 2013… S'il voulait encore davantage afficher sa volonté de tourner la page, il n'aurait pas mieux réussi !

Il est évident qu'EVILE, sous l’impulsion de son maître à penser, a clairement voulu muscler son jeu et lorgne davantage vers un Death/Thrash Metal testostéroné. En invitant Brian Posehn sur "Gore", les Anglais confirment la recette qui sera quasi systématiquement et inlassablement utilisée : batterie épileptique, gros riffs bourrins, riffing de cinglés et claquage de soli avec un Floyd Rose qui s'arrache.

La cover (une première pour le combo britannique) du groupe de Brutal Death MORTICIAN a le mérite de rendre audible des lyrics totalement incompréhensibles sur l'original (évidemment me direz-vous, avec du Brutal Death, genre pour lequel je demeure totalement hermétique depuis toujours). Deux minutes et trente secondes de Death vulgarisé pour le commun des mortels ! Un choix surprenant mais si mauvais. Une intro à la SLAYER sur "Incarcerated" (période "Seasons In The Abyss") une fois encore qui manque cruellement de personnalité pour une excitation qui retombe bien trop vite ensuite… ou encore un break féroce du même genre sur "Gore" (avec la présence de Brian Posehn !)

Avec quarante minutes au tempo élevé pour neuf titres, "Hell Unleashed" laisse un goût amer en bouche. Certes bien produit, il est d'une linéarité folle, la faute à ce sentiment perpétuel de "déjà vu/entendu". Il est indéniable que les musiciens sont appliqués à leurs tâches mais la mayonnaise ne prend pas vraiment. Les soli de Ol sont justes sympathiques et ne vous feront pas grimper aux rideaux, la section rythmique ne tient pas la comparaison avec les références du genre (on regrettera une basse un peu en retrait). Une maîtrise technique donc mais un manque cruel d’originalité et d’inspiration que l'on mettra sans doute sur le compte d'un coup de barre menant à un changement de direction pas si anodin que cela.
En durcissant le ton avec un Thrash/Death plus brutal lorgnant désormais sur SLAYER et non plus METALLICA, EVILE a semble-t-il cherché à rattraper huit ans d'absence… Vitesse et puissance certes, mais un défaut d'âme avec une forte personnalité terni par une trop grosse homogénéité.

Note réelle : 1,5/5.

Top : rien de bien précis, trop de similarité et pas de claque.