Avec EVILE, on souffle le chaud et le froid...

Je n'arrive pas à m'expliquer l'attirance indéfectible que j'ai pour ce groupe anglais. Sans doute un poil de nostalgie de thrasheur mais surtout assurément une dose prononcée de fétichisme : ce combo est l'un des tous premiers que j'ai pris sous mon aile en arrivant sur le site en 2007. Une de mes toutes premières kro dans la rubrique "nouveautés" de mémoire. C'est à la lueur de ce constat récent que je me suis un peu mieux expliqué la raison pour laquelle je suivais toujours d'un coin de l’œil la suite de la carrière du combo.
Car sur le papier, je n'aime pas croire en quelqu'un et être déçu. C'est con mais c'est comme cela. Une espèce de fierté à la con qui te fait persévérer, quitte à passer pour un con, quand tu penses dénicher, sentir, envisager un sacré potentiel (latent ou pas) avec un groupe qui te passe entre les oreilles...
Depuis toujours donc, mais surtout en fait depuis leur premier effort "Inter The Grave" (2007), EVILE m'a laissé espérer. Croire. Il m'a laissé envisager de l'originalité. Ce mot, j'ai du l'écrire pour le groupe un nombre insensé de fois.
Mais je suis toujours resté sur ma faim. M'attirant quasi systématiquement la foudre de tes commentaires, oui toi lecteur ! Injustement, car j'ai toujours loué les capacités intrinsèques des zicos par exemple. Mais il a toujours manqué au groupe ce petit "je ne sais trop quoi", qui porte bien son nom d'ailleurs, pour me faire chavirer.

En signant donc en cette année 2013, 9 nouveaux morceaux, EVILE s'expose une nouvelle fois face à nous. Et applique l'adage "on prend les mêmes et on recommence"... Je dirais même plus : "on signe et on resigne, on enfonce le clou...".
Je vais ainsi vous épargner la comparaison encore plus d'actualité avec METALLICA tant au niveau de la voix de Matt (mimétisme caméléonien) ou mid tempo/riffs sans ambiguïté aucune ("Head Of The Demon") qu'en terme de création de compositions. Mais rassurez-vous (sic), le côté TRIVIUM-like sur un "Skull" période "The Crusade" est encore une fois au rendez-vous.
Les morceaux sont de nouveau plus longs, dépassant dans quasi la moitié des cas les 6 minutes, certains plus courts mais plus Heavy (au sens lourd du terme) semblent, eux, tout aussi conséquents ("Head Of The Demon").
Petite légère surprise, ce coup-ci, je peux connecter l'ensemble avec un nouveau groupe comme ANTHRAX ! C'est tout à fait flagrant avec "The Naked Sun" par exemple : assez syncopé, ce titre, dans sa construction, me fait penser à ce membre du Big Four.

EVILE nous sert une ballade/mid tempo avec "Tomb", histoire de jouer dans la cour des "Nothing Else Matters" & co. au départ avant une évolution vers un "One". Sauf que le solo, ultra mélodieux, vous fera inévitablement penser à celui de "November Rain" des GUNS'N ROSES ! Assez réussi, je dois l'avouer, j'ai apprécier l'effort !
Car, il faut rester le plus objectif possible tout de même, Ol est toujours aussi technique et efficace avec sa six cordes. Son travail au service du frangin fonctionne sans équivoque mais sans grande efficacité en terme d'émotion et de feeling... Ça joue vite et ça claque parfois (intro survitaminée de "Outsider" pour un morceau qui poutre sévère mais sans émotion ni frisson).

Alors, effectivement, je suis bien conscient que l'on parle ici de Thrash et que pour vouloir de la nouveauté en faisant du Old School genre made in Bay Area, il faut repasser. Mais franchement, je n'ai pas foncièrement envie de jouer à ce jeu débile de "Oh, celle-ci elle me fait penser à celle-là d'untel"... Mais... Et bien si, j'ai beau faire des efforts, c'est plus fort que moi : la pénible voire insupportable "Words Of The Dead" ne me fait penser qu'à "The Shortest Straw" (période donc "...And Justice For All"), "What You Become" me débarque période "Load"/"Reload" pour mon plus grand regret même si encore une fois seule la guitare lead laisse un peu de trace de son passage.
Reste la bonne idée d'achever ce "Skull" par un titre plus complexe et complet comme "New Truths, Old Lies" même si certains pourront rester de marbre.

Pffff, au moment de conclure, j'en viens encore une fois à me dire que toute cette entreprise tend vers le moins. Pourtant, c'est bien foutu : bien produit (le mec aux manettes, Russ Russel, n'est pas un manche, croyez-moi matez son CV), sérieux et charnu, ce "Skull" n'en demeure pas moins qu'une production moyenne qui ne peut se vanter de soulever les foules et de déclencher l'enthousiasme. Je serais sans doute encore la victime de réclamations mais rien n'y fait : tout sentimentaliste que je suis, EVILE n'arrive pas à franchir ces limites qui m'enthousiasment véritablement.
EVILE c'est intrinsèquement bon, mais trop artificiel pour être délicieux.

Note réelle : 2,5/5.

PS : "A Sinister Call", la bonus track ne fait malheureusement pas exception à l'ensemble du constat formulé plus haut...

N.B : sorti en Mai 2013, ce skeud sera le dernier de Ol qui quitte le groupe en Août de la même année... Pas sûr que EVILE se relève du départ de son soliste... Je dis ça, je dis rien...