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DEATH / BLACK  |  STUDIO

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NECROWRETCH - The Ones From Hell (2020)
Par PERE FRANSOUA le 6 Juin 2020          Consultée 2146 fois

Même en Enfer il y a des fonctionnaires.
Pour Dédémon c'est pas tous le jours la fiesta au boulot. Ça fait un bout maintenant qu'il est placardé dans une unité de seconde zone, celle qui labellise les productions musicales attachées à une vision folklorique du Malin.
Le label AB, pour Antechristus Beats, est moquée par les hauts fonctionnaires infernaux, ceux qui s'occupent de corrompre les âmes des élites, ou par les Forces du Désordre, qui veillent à ce que la violence puisse s'exprimer tout le temps et partout, des petites violences du quotidien aux crimes les plus ignobles. Forcément pour les princes démons qui s'échinent chaque jour à faire pousser les fleurs du Mal en l'humain, les gars du label passent pour des feignasses qui mériteraient une bonne restructuration.
C'est vrai, c'est quoi leur job ? Vérifier si quelques artistes humains ont bien vénéré Satan dans leurs œuvres ! Ridicule. Et pourtant depuis les années 1980 ce département a de plus en plus de boulot.
Justement aujourd'hui Mr Dédémon doit faire sa présentation d'un candidat à son équipe pour une éventuelle labellisation. Il joue gros, son N+1 est présent et il a intérêt à assurer s'il veut marquer des points auprès de la hiérarchie infernale.

À travers la fenêtre les flammes de l'Enfer crépitent, et l'exposé à coups de Powerpoint démarre.
"Mes chers collègues, le candidat du jour est un groupe de musique venu de France.
- Très bien la France, le coupe déjà cette pimbêche de Belle-zé-butt, c'est un pays où l'on progresse énormément.
- Oui, depuis qu'ils sont gouvernés par ce jeune type nous sommes en pleine croissance, renchérit un autre.
Chacun y va de son commentaire, "oh, il nous a vendu son âme si facilement ", "il a été élu avec 66,6% des voix, c'était juste parfait », « il a réussi à mettre le pays au bord du chaos en un temps record", "sa gestion de la crise du Covid-19 est tellement malsaine que le pays ne s'en relèvera pas" et Dédémon voit son exposé déjà oublié, et sa promotion envolée.
C'est alors qu'il décide de reprendre la main en diffusant directement un extrait sonore. Bien sûr tant qu'il s'agit des guitares acoustiques arabisantes qui ouvrent délicatement le premier morceau, le brouhaha des commentaires matinaux continue tranquillement mais dès que viennent frapper les coups de tonnerre Metalliques les têtes se tournent, les langues se taisent et quand ça explose en un pur déchaînement, Dédémon lit avec satisfaction la stupeur et l'intérêt dans les regards écarquillés de ses compagnons.
Ça c'est "Pure Hellfire", un super combo, un enchaînement de techniques fatales, déflagration, lourdeur, envolée et solo.
Il reprend. "Bon, un groupe de musique venu de France disais-je, encore un groupe de Métal Extrême, c'est le gros de nos labellisés, et celui-ci n'est pas le premier venu. En effet, comme vous pouvez le constater, aujourd'hui nous examinons son quatrième opus, voici les pochettes des œuvres déjà traitées par notre service, toutes labellisées à l'unanimité. Le parcours classique, les démos qui font le buzz dans une veine revival old school... [pour des raisons de compréhension, cette réunion parlée en langue diabolique est traduite en français, avec quelques anglicismes, ndlr], un premier album choc qui confirme, un second qui veut trop bien faire, un troisième qui achève la conquête, et nous voici donc en face du redouté quatrième, généralement synonyme de nouveau départ ou de grosse plantade".

"Vous noterez d'emblée la pochette qui rompt avec les artworks précédents, œuvres de Milovan Novaković ou Daniel Corcuera, qui s'inscrivaient dans le style tortueux traditionnel depuis le fameux Dean Seagrave ("Altars Of Madness", "Left Hand Path" et à peu près toutes les couvertures de Death de l'époque), pour ouvrir une fenêtre plus orientale avec cette illustration du Français Stefan Thanneur. Moins cliché que d'habitude, le logo n'y apparaît même pas, si ce n'est sous la forme de son symbole fusionné dans le dessin. Je lui trouve un côté yokai japonais mais sans aller si loin vers l'orient, c'est bel et bien le moyen-orient qui transpire à travers cette pochette, indice et porte ouverte sur la musique qui est derrière. En effet nous savons que Vlad, le meneur du groupe, a fait un break d'une année à Istanbul en Turquie, seul avec sa guitare, s’imprégnant de la vie locale, des ses effluves épicées et mystérieuses, afin de renouveler son inspiration. Et nous pouvons apprécier des accents arabisants dans ces volutes de guitares, en particulier lors des intros paisibles et mystiques du premier titre ou de "Through The Black Abyss".

Ce titre pénultième, "Through The Black Abyss", est joué à son auditoire enfin captivé. Dédémon, en vieux briscard de la section labellisation démoniaque sait ce qu'il fait. "Tout dans ces trois minutes vingt-cinq étonne. Notes arabisantes dans le lointain, batterie pleine de réverb', mur d'arpèges tristes sur rythme lent façon PESTE NOIRE, ça monte, on gagne en puissance (double pédale) on pense que ça va péter et puis non, la fin est acoustique et accompagnée de quelques chœurs virils. Pas de chant, pas un interlude mais pas un vrai morceau non plus, nous voilà bien surpris.
Si l'on comprend bien que cet étrange morceau sert de grosse mise en bouche avant la vraie explosion du dernier morceau dont le titre, "Necrowretch", laisse présager qu'on va finir avec du lourd, il n'est pas le seul dans son genre puisque "Absolute Evil", mid tempo nerveux qui prend son temps comme une montée, se termine dans un cri qui sera l'unique partie vocale du titre. Clairement, NECROWRETCH recherche à créer de vraies ambiances et laisse sa chance à la musique sans perpétuellement miser sur la grosse artillerie et le défouloir amusant, grisant mais débilos".

"Je vous rassure chers collègues, poursuit-il, cet artiste maintes fois labellisé par notre département en raison du très haut contenu agressif de sa musique, possédant un savoir-faire dans la virulence avec des œuvres quasi uniquement rapides, très rapides, est loin d'avoir changé de bord comme on a pu le voir avec tant d'autres groupes de Metal Extrême. Non, cette fois encore il y a largement de quoi satisfaire les âmes avides de maltraitances sonores avec tous les ingrédients qui ont fait leurs preuves comme ces vocaux abominables avec une tonne de réverb'.
"Luciferian Sovranty" par exemple, c'est du pur NECROWRETCH, ultra-rapide, méga intense. Pourtant cet art noir de la bastonnade possédée se retrouve pour la première fois à être utilisé moins systématiquement mais à bon escient, point trop mais quand il faut, parce qu'il y a un vrai effort de composition, le groupe à la maturité et l'assurance pour se permettre de retenir ses coups et d’installer, comme je le disais, des ambiances.
Le plus bel exemple est le titre fort, central, "The Ones From Hell", qui témoigne d'une belle maturité en brassant un large spectre et en privilégiant la qualité de l'écriture, du début où s'entortille un duo de guitares à la DISSECTION, du mid tempo bien entraînant, des cris de bêtes bien flippants, le moment de calme avant la tempête intense et son air en trémolo, la reprise du couplet en plus dingue et le final supersonique qui..."

"Très bien Dédémon, il va falloir conclure maintenant. "Quand le boss vous coupe comme cela, ce n'est jamais bon signe. Les bras croisés, l'air agacé, le froid jeté, le boss vient rappeler que Dédémon se laisse parfois emporter. Parmi l’assistance il y a ceux qui se font tout petit, ceux qui se réjouissent de le voir trébucher, ceux qui n'écoutent déjà plus, c'est bientôt la pause déjeuner.
En Enfer il fait chaud mais ça ne vous empêche pas de prendre un coup de chaud, le genre qui vous laisse la bouche sèche et les aisselles moites. Le dos au mur, mur sur lequel le Powerpoint a fini de défiler, Dédémon tente le tout pour l'audace.

"NECROWRETCH a commencé son épopée en parlant de zombies et de prêtres possédés pour ensuite rabâcher du Hail Satan à longueur de cris, c'est encore le cas ici. Est-ce que l'être humain prénommé Vlad se comporte de manière satanique dans sa vie de tous les jours ? Bien sûr que non, mes chers collègues, nous ne savons que trop bien, les artistes que nous labellisons ne servent absolument pas les desseins infernaux. À quelques rares exceptions, ce sont des créatures équilibrées et sympathiques, porteuses de valeurs morales, qui trouvent dans leur art un exutoire face à un monde qui les révolte. Nos vrais serviteurs sur terre, ceux qui font le Mal, ne s'embêtent pas à apprendre la guitare ou la batterie, ils n'ont pas les cheveux longs, soit par ce qu'ils n'en ont plus, soit parce qu'ils ont toujours une belle coupe bien nette, le seul maquillage qu'ils portent est celui des plateaux de télé. Ils ne dépensent pas leur énergie à faire les saltimbanques pour des clopinettes, ils vont là où l'on gagne des millions.
C'est pour cela que nous, les tacherons du service labellisation, sommes moqués par les autres entités infernales, que nous sommes visés par toujours plus de coupes budgétaires. En vérité je vous le dis, mes chers collègues, nous ne sommes pas cette bande de nuls qui passent en revue les visions folkloriques délirantes des Enfers et du Diable, fruits de constructions culturelles humaines. Mes amis, ce que nous faisons est plus noble et plus profond, nous scrutons, nous évaluons, nous analysons, nous accompagnons, nous chroniquons les activités artistiques humaines. Et cela fait maintenant presque quarante ans qu'au nom du Malin nous avons la chance de vivre au rythme des créations musicales toujours plus radicales. Ils sont tous intéressants, les clowns, tels VENOM ou DEICIDE, les plus profonds, MORBID ANGEL, ceux qui dépassent les bornes, DISSECTION, les grands publics, MARILYN MANSON, mais tous nous donnent du plaisir. Ça fait des années que grâce aux humains je prends un pied terrible".

"The Ones From Hell" de NECROWRETCH ne poussera pas les gens à faire le Mal, mais en huit morceaux et trente-sept minutes, j'ai plus vibré que dans une année de mon éternité. Son seul défaut est de sembler trop court, moins chargé à bloc de blasts car il joue l'aération, l'ambiance, la cohésion d'ensemble. Mais son gros point fort est sa sonorisation. Enregistré en Belgique chez les anciens ENTHRONED, mais mixé magistralement aux US par Alan Douches au West West Side Music, premier gros budget pour eux, c'est une claque, les guitares profondes et surtout la batterie qui prend au corps, donnant un dynamisme viscéral.
Pour tout cela, malgré les railleries, et même si tout l'Enfer s'en fout, je suis fier de mon travail".

Après quelques instants de silence, une éternité suspendue, Dédémon encore haletant, entend les premiers applaudissements, d'abord timides puis passionnés de ses collègues conquis par cette harangue si éloquente. Dans le fond de la salle le boss adossé bras croisés esquisse un sourire, chose rare. Quand il s'avance vers le bureau la salle se tait. "Dédémon, commence-t-il à voix basse, c'était pas mal votre truc, je croyais que vous vouliez une promotion, changer de service, prendre l'air, mais je vois que vous brûlez encore d'une passion insoupçonnée, alors je n'ai pas d'autre choix que de vous nommer responsable à vie de la labellisation des œuvres musicales humaines relatives au Metal Extrême. Satisfaits ?".
Ce n'est pas exactement ce à quoi s'attendait Dédémon en se rasant le bouc ce matin.

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   PERE FRANSOUA

 
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- Vlad (vocaux, guitares)
- Ilmar (batterie)
- Desecrator (basse)


1. Pure Hellfire
2. Luciferian Sovranty
3. The Ones From Hell
4. Absolute Evil
5. Codex Obscuritas
6. Darkness Supreme
7. Through The Black Abyss
8. Necrowretch



             



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