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BLOOD INCANTATION - Hidden History Of The Human Race (2019)
Par SIRFRANGILL le 5 Juin 2020          Consultée 3050 fois

Difficile de parler de Death Metal en 2020 sans évoquer le cas BLOOD INCANTATION. En effet, il a suffi d'un EP et d'un album aux gonzes de Denver pour s'imposer parmi les groupes qui comptent et il y avait fort à parier que 2019 serait l'année qui verrait leur ombre hideuse couvrir la scène tout entière, au vu de l'éruption solaire qu'a été "Starspawn" aux yeux des amateurs de musique extrême sophistiquée. Le propos était complexe et plutôt étouffant mais allégé aux passages ambiants, la durée de lecture était elle plutôt courte (à peine trente cinq minutes pour cinq morceaux). C'est là une recette à succès qu'il s'agissait de ne pas trahir.

Sans même écouter une traître note, un constat se fait immédiat : BLOOD INCANTATION semble bien vouloir, avec "Hidden History Of The Human Race" nous sortir un "Starspawn" deuxième du nom : encore moins de titres pour une même imagerie cosmique (bien que la pochette nouvelle se fasse plus concrète mais pas convenue pour autant). Il s'agit en effet d'une illustration bien connue de Bruce Pennigton, auteur des couvertures des romans d'Asimov, ce qui ne sera pas sans plaire aux geeks de première génération qui voyageront sans doute davantage dans cette toile que dans l'étrange croûte fumante choisie en 2016. La formation n'aura cependant pas manqué de réarranger ses ingrédients en ouvrant les hostilités avec un morceau aux dimensions raisonnables, en la personne de "Slave Species Of The Gods". Le choix est judicieux, tant la qualité des riffs exposés est haute si bien que l'entrée dans ce monde pas si accueillant se fait sans peine. Pas d'intro, on commence tout de suite par des blasts et de la lourdeur bientôt accompagnés d'un solo chaotique avant que les esprits ne se reprennent et que le morceau continue sa construction sur des suites plus mélodiques, bien qu'une alternance soit opérée avec des passages plus méchants. En cela, l'opener de "Hidden History Of The Human Race" est le digne rejeton de "Vitrification Of Blood (Part I)" en plus court mais aussi en plus jouissif (car moins complexe malgré la grande place laissée aux solos), ce qui fait probablement de lui le meilleur morceau de la jeune carrière de BLOOD INCANTATION, c'est d’ailleurs le titre qui personnellement m'a donné envie de me plonger dans leur œuvre qu'il ne m'était plus possible de contourner.

L'efficacité ne restera plus le mot d'ordre avec "The Giza Power Plant" qui s'ouvre sur un riff plus bizarroïde utilisant les harmoniques un peu à la manière de NECROPHAGIST, on se croit alors reparti pour sept minutes de Death Technique mais le bousin s'arrête bien vite pour laisser place à une mélodie orientale certes de circonstance à la vue du sujet (tout aussi cher que l'espace au cœur des Américains) mais qui pour le coup brise la dynamique naissante du morceau. Et c'est bien là que se situe le problème à mon sens, et personne ne s'en étonnera car c'était déjà le cas sur l'opus précédent. Passée les cinq premières minutes très plaisantes, chaque titre voit sa force de frappe inhibée par une adjonction de passages plus atmosphériques. Si l'interlude arabisant sus-mentionné n'est pas désagréable, il se trouve suivi d'un riff doomesque qui s'étire plus que de raison, ne laissant que peu de temps à quelques riffs plus mélodiques et techniques pour terminer le morceau qui au final s'avère bien moins intense que prévu. Rebelote pour "Awekening From The Dream..." qui entre agressions de bon aloi nous impose de trop nombreuses accalmies traînant la patte. Paroxysme de tout cela, "Inner Paths" se révèle entièrement de ce tonneau, passant de l'ambiant cosmique à un instrumental mélodique au cours duquel la basse, moins présente qu'auparavant peut se faire davantage plaisir. Cet album n'est déjà pas long à la base, il est de surcroît gonflé au vide, en un mot : frustrant.

Un second point noir affecte la face Death de BLOOD INCANTATION et c'est cette fois plus surprenant : trop de passages citent avec excès MORBID ANGEL. Le riff à harmoniques de "Slave Species Of The Gods" autant que les multiples lourdeurs de "Awakening From The The Dream..." semblent tout droit sortis de l'Ibanez verte fluo de Trey Azagthoth (le dernier morceau se voit même agrémenté d'effets de guitares utilisés sur le fameux "Rapture" des Floridiens). Il ne s'agit pourtant par de leur seule influence (on emprunte aussi au DEATH période "The Sound Of Perseverance") mais c'est bien la moins digérée et on s'en étonnera car "Starspawn" ne se heurtait pas à ce problème.

Si "Hidden History Of The Human Race" peut inspirer du regret tant sa composante Death surpasse en qualité ses velléités atmosphériques mal venues, il inspire également de l'enthousiasme : il suffit de regarder la façon dont il a été accueilli par tous les sites spécialisés qui n'ont que rarement hésité à le hisser au rang d'album de l'année, vous-mêmes, chers lecteurs, avez apporté votre approbation en lui octroyant la quatorzième place du référendum maison, et vous avez raison car il est certainement la meilleure sortie du groupe. L'engouement est compréhensible : sa musique travaillée, parfois mélodique et atmosphérique, fait allégeance au Prog et adopte une imagerie et des formats de morceaux en conséquence, BLOOD INCANTATION a ainsi tout pour plaire aux hipsters, mais pas seulement. Si on n'adhère pas tout à fait à l'album dans son ensemble, on ne peut que reconnaître le talent des mecs qui ont réussi à se créer une identité propre et à s'extraire de la masse malgré une production à l'ancienne (passéiste ?). Ils nous prouvent par là que tout n'a pas été écrit en Death, et c'est pour ça que je les appelle "Bonne Nouvelle".

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   POSITRON

 
   (2 chroniques)



- Paul Riedl (vocaux, guitares)
- Morris Kolontyrsky (guitare)
- Jeff Barrett (basse)
- Isaac Faulk (batterie)


1. Slave Species Of The Gods
2. The Giza Power Plant
3. Inner Paths (to Outer Space)
4. Awakening From The Dream Of Existence To The Multi



             



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