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LIVRE - John Lydon Alias Johnny Rotten - La Rage Est Mon énergie (2014)
Par DARK BEAGLE le 29 Mars 2019          Consultée 2767 fois

John Lydon, bordel ! Ce bon vieux Johnny Rotten et sa grande gueule ! Celui qui a été la voix des SEX PISTOLS et de PUBLIC IMAGE LIMITED n’a pas forcément une réputation bien flatteuse dans les milieux musicaux. Ah si, chanter "Anarchy...", c’est cool, ça fait toujours plaisir en soirée, mais la vacuité derrière tout ça, hein ? Et toutes les histoires qui circulent à son sujet ! Paraîtrait même que le génie de la bande, c’était Sid. Sérieux. Alors se confronter à l’autobiographie de John Lydon, c’est un peu le moyen de remettre les pendules à zéro, même si ce n’est que sa vérité brute qu’il délivre. Est-ce que tout s’est réellement passé ainsi ? Peut-être pas, mais il faut bien avouer que le type a une belle façon de raconter les choses.

John Lydon est fils d’immigrés irlandais, et il a grandi dans un des coins les plus pauvres de Londres. Son passe-temps favori quand il était gosse, avec les autres gamins de son quartier, c’était de jouer dans les ruines laissées par les bombardements allemands, qui n’ont été rasées que tard. L’Angleterre était ressortie exsangue du conflit, malgré son statut de vainqueur et question salubrité, ce n’était pas tout à fait ça. Et c’est comme ça que le petit Johnny, à force de jouer par terre, de faire rouler des choses aux sols souillés par de la pisse de rat, s’est tapé une méningite qui ne l’a pas tué, vu qu’il a écrit ce bouquin, mais qui lui a laissé de nombreuses séquelles : il s’est retrouvé amnésique, voûté à cause des injections et les maths sont devenus pour lui aussi insondables que les abysses les plus profonds. Ah oui. Il est myope aussi. Mais il ne porte pas de lunettes. C’est pour ça qu’il donne toujours l’impression de regarder méchamment, il fait la mise au point en continu.

Mais ce petit gars, qui revient de loin, a le bonheur de ne pas être con. Ce qui veut dire qu’il saura toujours se débrouiller et faire face à l’adversité même si les choix sont parfois un brin discutables. Puis il adore la langue anglaise. Pas franchement le vieux prof qui lui a donné le goût de Shakespeare, mais contre mauvaise fortune… Contrairement à une idée reçue, le personnage, déjà, est loin d’être con. Et en opposition à une autre idée reçue, pour lui, il n’a jamais été question de tout balayer d’un revers de main, du moins pas toute l’industrie de la musique. Lydon vient d’une famille pauvre, mais pour qui la musique était sacrée. Ses parents achetaient beaucoup de 45-tours, lui s’intéressait un peu plus au format album, plus cher, et aux nombreux concerts (il a ainsi vu QUEEN à ses débuts). Et le côté bariolé de son quartier lui a permis d’apprécier le Reggae alors qu’il raffolait aussi de trucs aussi variés que STATUS QUO, CAPTAIN BEEFHEART, HAWKWIND et ALICE COOPER.

Ah ça, ALICE COOPER, il aime. Plus que le euh… Heavy Metal Hardcore, qu’on appelle aujourd’hui Rock Progressif (ouais, moi aussi j’étais mort de rire en lisant cela, mais j’avoue qu’en une phrase sibylline au début de son bouquin, il justifiait la présence des vieux groupes de Prog sur Nightfall. Je le kiffe ce mec). C’est en chantant du COOP’ qu’il va intégrer les SEX PISTOLS. Et parce qu’il portait un t-shirt « I Hate Pink Floyd ». Mais bon, ça s’est pas joué à grand-chose et ça a toujours fait un peu chier le reste du groupe. Et surtout Malcolm McLaren au final. Il faut bien comprendre que selon Lydon, les SEX PISTOLS, c’était Paul Cook, Steve Jones et Glen Matlock d’un côté, avec plus ou moins d’affinité, Malcolm McLaren d’un autre, prêt à faire n’importe quoi pour Jones (un peu à la façon de Steve Grant avec Jimmy Page, mais euh…) et Rotten dans un coin.

Quand Matlock s’est barré, Johnny a fait entrer Sid au sein du groupe. Enfin pardon, Simon John. Sid quoi. Il espérait ainsi que l’équilibre des forces se ferait au sein du groupe et qu’il serait soutenu, mais Sid a viré connard à ce moment-là. Il faut bien comprendre que lorsqu’il parle de Sid, il y a beaucoup de mélancolie. C’est son pote de jeunesse, mais dès qu’il le rapproche des PISTOLS, son ton se teinte d’amertume et de regrets, jusqu’à l’évocation de sa mort où là, c’est la colère qui sourde du texte. À cela, il faut ajouter que le pauvre gars n’avait pas toutes les chances de son côté pour survivre de toute manière.

Johnny Rotten nous raconte tout cela avec un style très vivant, ponctué de jeux de mots hilarants. Ce type a une véritable gouaille et nous suivons sa vie, les péripéties qui l’entourent avec des éclats de rires fréquents. Parce qu’il est intelligent, ça, ça ne fait pas un pli, mais il peut être sacrément con aussi quand il s’y met, quoi ! Vous savez comment ce type s’est percé un tympan ? Eh ben je vous invite à le découvrir à la lecture de ce bouquin qui ne s’attarde donc pas qu’à l’époque PISTOLS. Il nous fait découvrir ainsi les différentes versions de PUBLIC IMAGE LIMITED, dont une qui ferait baver n’importe quel Metalleux. Sérieusement. Et qui aura été sacrifié par Elektra aux États-Unis pour ne pas faire d’ombre à METALLICA. Là encore, c’est Lydon qui le dit, mais si c’est la stricte vérité, ce serait énorme.

Et ce qui revient très fréquemment, comme un running gag, c’est toute l’antipathie de Lydon concernant les CLASH. Pour résumer grosso modo, il les accuse de ne pas jouer le jeu du Punk et d’être de gros posers. J’ai bien dit grosso modo, hein. Parce que oui, lorsque John Lydon a quelqu’un ou quelque chose dans le nez, il ne l’a pas ailleurs et s’en donne à cœur joie, sans la moindre retenue. Après, il ne passe pas pour un type sympa et il l’assume totalement. Entrer dans ce bouquin, c’est accepter le ton volontiers arrogant et les déclarations à l’emporte-pièce de Rotten. Et pourtant, difficile de ne pas trouver l’homme touchant quelque part. Au travers de ses combats, de ses rencontres, de sa passion, lui qui n’avait à la base rien demandé.

Pour tous ceux qui se demandent comment est arrivé le Punk, comment il a été vécu et s’il peut y avoir un « après », ce livre s’avère des plus intéressants. Il permet aussi de comprendre comment commençait à être vu le Hard Rock par la jeunesse ouvrière, celle qui en chiait un max alors qu’allaient s’abattre les années Thatcher, face à ces crétins qui parlaient de licorne et du Seigneur des Anneaux. Du concret, quoi ! Blague à part, s’il s’emmêle parfois avec les styles, ses mémoires valent leur pesant de cacahuètes et permettent de remettre énormément de choses en perspectives.

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- Andrew Perry (aide à la rédaction)


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