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POST PUNK  |  STUDIO

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2007 Grinderman
 

2010 Grinderman 2
 

- Style : Killing Joke, Joy Division, Public Image Limited
- Style + Membre : The Birthday Party

GRINDERMAN - Grinderman (2007)
Par DARK BEAGLE le 29 Janvier 2024          Consultée 409 fois

Résumer la carrière de Nick Cave aux BAD SEEDS serait forcément très réducteur tant cet artiste… ne s’arrête jamais. Entre bandes originales de films, collaborations diverses et variées et divers projets musicaux ou non menés de front, l’homme est partout, tout le temps occupé, quand il ne sillonne pas les routes du monde pour donner des concerts qui ne laissent pas indemnes. Artisan du Gothique, il a déployé ses ailes noires sur la musique depuis plus de quarante ans, étant toujours présent là où nous ne l’attendons pas vraiment, tour à tour génie fédérateur ou, au contraire, perdu dans des idées mal définies. Si aujourd’hui beaucoup de personnes connaissent son nom via la série "Peaky Blinders", ceux qui fréquentent les milieux underground savent très bien qui est le personnage.

En 2004, il sort "Abattoir Blues" avec ses Mauvaises Graines, un double LP mi-figue mi-raisin, mais qui aura étonné son monde avec le quasi Heavy Metal introductif "Ready For Love", qui voyait le musicien durcir le ton de façon fort intéressante. En 2005, il commence à composer pour l’album suivant, mais plutôt que de se mettre derrière son piano, il va prendre une guitare. Un instrument qu’il maîtrise nettement moins bien et le rendu va être cru, sec, vicelard. Il va soumettre ces morceaux à Warren Ellis (pas l’auteur de comics accusé d’harcèlement sexuel, l’acolyte de Cave), Martyn Paul Casey et Jim Sclavunos, par ailleurs membres des SEEDS et la joyeuse troupe va enregistrer des démos dans la foulée à Londres sous la houlette de Nick Launey.

Le rendu sera conservé mais cela ne collait pas franchement avec ce qu’étaient les BAD SEEDS à cette époque, alors plutôt que de remiser le matériel, un autre groupe a été monté : GRINDERMAN et un album est rapidement sorti avec cette pochette animalière qui donne l’impression que le groupe va nous épouiller. Ici, Nick Cave renoue avec son passé Punk. Ou plus précisément, Post Punk, comme à la bonne vieille époque de The BIRTHDAY PARTY, quand l’Australien contribuait à définir les contours de ce qu’allait être la musique Gothique avec d’autres formations du même acabit. Pour résumer, "Grinderman", le disque, se situerait quelque part entre "Junkyard" de la Fête d’Anniversaire et du "Let Love In" des SEEDS, à savoir un Post Punk vindicatif à souhait mêlé de passages plus suaves qui viennent équilibrer l’ensemble.

Ici, le mot d’ordre semble être « il n’y a pas de mot d’ordre ». Comprenez par là que les musiciens laissent volontiers partir l’engin en couille, comme s’ils déposaient leurs morceaux et qu’ils n’en prenaient pas la responsabilité. Quelques écoutes permettent toutefois de se rendre compte que sous ses aspects cradingues se dissimule un très bon disque qui a le mérite de s’en foutre des conventions pour balancer des morceaux parfois hypnotiques, souvent accrocheurs pour ne pas dire rentre-dedans, de temps en temps étranges au point de les imaginer inachevés. Un véritable esprit Punk règne ici, mais fait par des vieux qui ont le sens des convenances et qui vont faire en sorte que l’ensemble soit agréable à l’oreille même si l’accent est fréquemment mis sur la dissonance.

Les guitares s’écharpent en larsens et autres grésillements, quand elle n’est pas simplement ultra Heavy et dépressive, l’agressivité est très présente, elle forge l’ambiance étouffante du disque qui commence comme un délire avant de dériver vers des zones plus obscures dont Cave a le secret. Les titres sont relativement brefs, tout se succède très rapidement, sans pour autant former quelque chose de linéaire, les ambiances, les pulsions ne sont jamais les mêmes. "Get It On" est à l’opposé d’un "Man In The Moon", qui lui-même n’a que peu d’atomes crochus avec un "No Pussy Blues", mais le tout fonctionne ensemble. Le talent d’arrangeur de Warren Ellis y est certainement pour quelque chose, mais ce disque s’écoute d’une traite et nous bouscule continuellement à mesure que nous découvrons ses différentes strates d’envies.

Entre les déflagrations Punk et Post Punk ("Get It On", "No Pussy Blues", "Depth Charge Ethel", ou encore "Love Bomb") et les morceaux plus introspectifs ou mélodiques ("Electric Alice", "(I Don’t Need You To) Set Me Free" ou "When My Love Comes Down", plus dans l’idée que l’on se fait de Nick Cave) se cache quelques morceaux qui sortent réellement de l’ordinaire, comme ce "Grinderman" (la chanson, ouais, on en est là) qui repose principalement sur la dualité entre une guitare acerbe et désabusée, au rendu particulièrement Heavy alors qu’elle ne repose pas sur des éléments rythmiques, et la voix grave de Nick Cave, reconnaissable entre mille et qui véhicule toujours les émotions les plus sombres avec une justesse effroyable.

Mais les années ne l’ont pas empâté pour autant, il continue à pouvoir assurer sur des morceaux plus enlevés, à l’instar de cet "Honey Bee", terriblement Punk et vicelard, presque Indus avec les arrangements de Warren Ellis, qui fonce comme le bolide de la pochette de "Junkyard" paru vingt-cinq ans plus tôt. On retrouve d’ailleurs l’esprit frondeur qui caractérisait Nick Cave à cette époque et si l’impertinence n’est plus la même, l’homme ayant vieilli et gagné en sagesse, la hargne est toujours là, fidèle à elle-même et libératrice. Et encore une fois l’artiste a pris tout le monde à contrepied, lui qui prenait un malin plaisir à brouiller les pistes à chaque nouvel opus des BAD SEEDS en explorant de nouvelles directions, flirtant avec le Gospel, le Folk, voire l’Electro tout en conservant une aura Gothique subtile.

La véritable question est plutôt « à qui s’adresse réellement ce "Grinderman" ? ». Avant tout, aux fans de Nick Cave qui n’auront aucun mal à reconnaître la patte de l’artiste qui lui semble apprécier cette escapade loin des SEEDS (mais avec des musiciens des SEEDS) qui lui permet de proposer quelque chose de plus roots, de se ressourcer en quelque sorte et de sortir de cette espèce de routine qui s’était installée passé "Murder Ballads" et son succès presque inattendu. Ce n’est pas comme le projet TIN MACHINE de David Bowie qui donnait l’impression de sortir de nulle part, GRINDERMAN est plus un chemin de traverse pour Nick Cave, qui relie deux facettes bien distinctes d’une personnalité complexe à l’imagination foisonnante. Et accessoirement, ce disque est une perle pour qui apprécie le genre.

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   DARK BEAGLE

 
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- Nick Cave (chant, guitare, claviers)
- Warren Ellis (guitare, mandoline, violon, claviers, arrangements, chant)
- Martyn Paul Casey (basse, guitare, chant)
- Jim Sclavunos (batterie, chant)


1. Get In On
2. No, Pussy Blues
3. Electric Alice
4. Grinderman
5. Depth Charge Ethel
6. Go Tell The Women
7. (i Don't Need You To) Set Me Free
8. Honey Bee (let's Fly To Mars)
9. Man In The Moon
10. When My Love Comes Down
11. Love Bomb



             



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