2016. ACOD poursuit son arpentage des sentiers du Metal Extrême. Après un "To The Maelstrom" réussi qui l'a vu se débarrasser définitivement de certains éléments distinctifs de son début de carrière – le chant clair en particulier – la formation marseillaise enfonce le clou encore plus violemment sur son deuxième E.P, le ci-nommé "Inner Light". Et comme il l'avait fait avec "Another Path…", l'E.P. intercalé entre "First Earth Poison" et "To The Maelstrom", ACOD se sert du format pour se projeter vers une nouvelle évolution de son style de Metal.

Même s'il est plus court que l'E.P. de 2014 – trois morceaux pour à peine moins de douze minutes – et moins décisif dans la mue musicale du combo, "Inner Light" apporte tout de même une pierre de taille à l'édifice ACOD. Toujours foncièrement Death Mélo, le quintette capitalise sur le côté brutal de l'album qui l'a précédé, même si Shawter, leader de DAGOBA, qui produit ses compères marseillais pour la troisième fois (de suite !) a calmé le jeu et donné un peu d'air au son d'ACOD. Cette brutalité, en outre, se colore d'une teinte plus Black que jamais.

En effet, si l'on peut trouver des traces de riffs plutôt proches du Black Metal sur les deux premiers albums du groupe, la paire de gratteux ayant toujours plutôt bien maîtrisé le tremolo picking caractéristique du genre, ACOD se laisse aller à quelques plans encore plus affirmés dans ce créneau-là, notamment sur "And Darkness Around". Couplé au tournant plus “trachéal” des vocaux saturés de Fred, la formation provençale semble désormais s'accommoder parfaitement d'une identité sonore un peu plus “blackisante”. Oui mais toujours mélodique !

Pour prouver qu'il ne renie rien de ce qui fait sa force depuis toujours, à savoir un sens de la mélodie prononcé, ACOD fait le pari de réinterpréter le "Black Creed" initialement présent sur "First Earth Poison". Et ça marche ! Ce morceau, au riff déjà fort accrocheur, gagne en méchanceté et en sournoiserie avec ce traitement beaucoup plus sombre. Une réinterprétation salvatrice qui prouve qu'ACOD sait se réinventer sans avoir besoin de se révolutionner. En outre, le groupe parvient désormais à mieux poser ses ambiances, qui donnent davantage de noirceur à son Metal.

Si l'on se penche sur les deux inédits de ce disque, à savoir le morceau-titre et "And Darkness Around", l'on se rend toutefois compte que la nouvelle approche musicale d'ACOD sied mieux au second qu'au premier. "Inner Light", en effet, est un peu trop stéréotypé dans le genre Melodeath couleur Black. Le premier des deux genres (le Death Mélodique) y est plus influent et l'on devine la structure du morceau plusieurs secondes avant chaque partie, chaque retour du riff principal, chaque élan vocal. Un bémol que corrige quasi immédiatement "And Darkness Around".

La structure de ce titre-là, elle, est plus “libre” – si tant est que ce mot soit adapté au Death Mélo tant le genre est borné – et offre davantage de surprise à l'auditeur. Les atmosphères sombres prennent également plus de place dans la composition, des sonorités symphoniques s'invitent, et l'on saisit que la voie de la progression d'ACOD se situe dans la droite ligne de ce morceau plutôt que de son prédécesseur ou de son successeur dans la tracklist. Néanmoins, ce petit E.P. s'avère tout bénef’ pour ACOD, et lui permet de sereinement se projeter vers son quatrième album studio.

Même si le chemin qui mène à ce quatrième opus ne s'avérera pas de tout repos, avec la réduction du quintette à un simple trio, le combo semble avoir les clefs de son avenir bien en mains à l'issue de cet "Inner Light" plus que satisfaisant.