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ACOD [A.C.O.D] - The Divine Triumph (2018)
Par T-RAY le 23 Mars 2019          Consultée 1977 fois

Succomber aux charmes de "The Divine Triumph", cela demande un soupçon de consentement. Un peu comme dans ce vieux cliché de la femme courtisée qui dit “non” mais pense “oui” aux avances de son prétendant. Heureusement, aujourd'hui, ce cliché est battu en brèche et mieux vaut prendre le “non” de qui l'on tente de séduire pour argent comptant si l'on ne veut pas avoir, justement, à payer comptant l'amende ou la peine encourue aux motifs de harcèlement. S'agissant du quatrième album studio d'ACOD, donc, c’est en partant d'un a priori positif que l'on s'expose le plus à son pouvoir d'attraction. Car, oui, au-delà de sa magnifique pochette, œuvre de l'artiste italien Paolo Girardi, "The Divine Triumph" plaît, pour peu que l'on apprécie certaines de ses manières stylistiques.

Il faut d'abord aimer qu'on nous raconte des histoires. Car tel est "The Divine Triumph" : un album-concept sur la descente aux enfers puis la rédemption d'un personnage principal tourmenté – je n'en dirai pas plus – premier volet de ce que le combo phocéen envisage comme une trilogie. Un disque sur lequel la narration, textuelle et musicale, est essentielle et qui a donc tout pour rebuter les auditeurs qui préfèrent simplement un enchaînement de morceaux que rien de particulier ne lie. Surtout qu’il peut paraître hermétique ce disque, si l'on ne fait pas l'effort de se plonger un tant soit peu dans la trame de ce drame, paroles sous les yeux et artwork tout autour. D'autant plus hermétique que certains titres ne s'entendent dignement qu'entre les morceaux qui les précèdent et ceux qui leur succèdent dans la tracklist, petites parties d'un tout cohérent.

Il faut ensuite apprécier les arrangements symphoniques pour se laisser charmer par "The Divine Triumph". Parce que c'est ce qui saute aux oreilles d'emblée lorsque l'on fait tourner le disque pour la première fois sur le lecteur. ACOD ouvre l'opus par un instrumental tout de cordes tissées (échantillonnées, en vrai) et de cuivres (samplés, bien sûr) totalement inédit dans la carrière du groupe. "L'Ascension des Abysses" saisit le connaisseur de la carrière d'ACOD par surprise et ne le lâche que s'il n'a effectivement pas le moindre attrait pour l'habillage symphonique. Heureusement, "The Divine Triumph" se donne les moyens de séduire même ceux qui ne goûtent les orchestrations qu'avec parcimonie, car celles-ci ont été composées avec beaucoup de pondération et d'à-propos par Richard “Fixhead” Fenouillet (ex-TANTRUM), de façon à ce qu'elles épousent la musique du groupe, générant une emphase bienvenue sans la phagocyter. Point de “Hollywood Metal” pompeux ici, croyez-moi, même si l'aspect cinématographique est présent.

Il faut enfin tolérer le côté plus franchement Death Metal et moins Death Mélo pris par la musique d'ACOD. Basse en avant comme jamais, renforçant sur le plan auditif l'atmosphère abyssale générée par les illustrations du livret et par les paroles, cette musique s'en trouve sensiblement alourdie et gagne aussi en puissance et en muscle sans sacrifier quoi que ce soit à un quelconque mur du son bâti en studio. Fini l'über compression du son de "To The Maelstrom" ! C'était pourtant la direction que prenait le mixage du producteur suédois Linus Corneliusson avant que le groupe ne le recadre... Résultat : c'est à l'une des productions les plus viscérales et les plus profondes qu'ait jamais eu ACOD que l’on a droit ici. Et la basse en sort effectivement grande gagnante. Le groove aussi. Si le groupe paraît moins agressif de prime abord, il est pourtant résolument plus extrême qu'auparavant et son son est autrement plus massif. Quant au niveau de violence déployé, il est supérieur à celui de n'importe lequel des précédents albums du combo.

Qu'est-ce qui a donc pu provoquer un tel changement dans la musique de la formation marseillaise ? Un quasi démembrement, en fait. Confrontés à une divergence artistique avec leurs guitaristes Chris et J.B. suite à la signature avec Jive Epic, label de la major Sony, Fred, Jérôme et Raph ont privilégié l'approche plus sombre, plus Death et moins Mélo que plébiscitait leur maison de disques, et choisi de prendre cet inattendu tournant sympho. Les deux gratteux, tout membres fondateurs qu'ils furent, s'en sont allés et ont laissé le quintette à l'état de trio. Sans six-cordiste officiel, les Phocéens s'en sont remis au talent de composition de Jérôme, officiellement bassiste mais officieusement guitariste, du moins lorsqu'il s'agit d'écrire, pour donner naissance à la musique qui habite "The Divine Triumph". Et offert à Matthieu Asselberghs (de NIGHTMARE) d’enregistrer ces parties de gratte en studio.

Sans Chris ni J.B. aux guitares, toutefois, le sens du riff dont faisait preuve ACOD naguère s'en trouve totalement bouleversé, si bien que l'on peine à reconnaître, aux toutes premières écoutes, qu'il s'agit bien du même groupe. Voilà qui est déconcertant car c'était l'une des indéniables qualités du combo, son Metal perdant par là-même une part de son côté catchy… Et ça n'est pas la faute des nappes symphoniques si ce riffing apparaît plus discret. Mais au fil du temps, certains éclairs viennent fendre l'épais voile de vapeurs de soufre dans lequel est drapé l'album et nous rappeler à qui l'on a affaire. C'est le cas sur "Road To Nowhere", par exemple, qui révèle un certain pouvoir d'attraction avec ses guitares presque aussi Black que Death, ainsi que sur le très accrocheur "Broken Eyes", sûrement le meilleur compromis entre l’ACOD ancien et l’actuel. Néanmoins, le tremolo picking a beau être un peu plus fréquent que par le passé, comme le prouvent "Sanity Falls" ou le très FILTHien morceau-titre, presque aussi Heavy qu'il n'est Black, il ne renverse pas totalement l'équilibre des forces entre les deux genres.

Ce qui donne en réalité l'impression d'avoir affaire à un ACOD plus Black que jamais, ce sont les vocaux de Fred, moins gutturaux et plus “glottiques”. Ce changement-là est tout-à-fait bienvenu car il renforce le sentiment de souffrance que ressent le héros de l'histoire contée sur "The Divine Triumph". C'est assez frappant d'ailleurs sur ce puissant déluge de noirceur qu'est "Omnes Tenebrae", tempête rendue encore plus sombre par ces vocaux mais qui finit par se calmer pour terminer tout en majesté sur des nappes atmosphériques prenantes. Un schéma qui se reproduit ailleurs sur l'album, souvent avec réussite. L'on peut ainsi confirmer qu'ACOD sait y faire pour poser l'ambiance de son album-concept et y happer l'auditeur consentant. C'est l'une des qualités majeures de cet opus : parvenir à emporter son public dans son univers, ce qui est sans doute LA clef de n'importe quelle narration.

Il faut donc reconnaître au trio marseillais le talent d'avoir su, sur "The Divine Triumph", faire un bon usage de cette clef pour ouvrir à l'auditoire les portes du premier volet de sa trilogie à venir. Même si, à certains moments, l'on peut craindre de décrocher, la faute à quelques morceaux plus faibles tels que "Tristis Unda", trop décousu, ou "Between Worlds", trop obtus sur ses parties purement électriques, ceux-ci sont heureusement bien contenus par ceux, mieux ficelés, qui les entourent. Et il y a toujours un break, un élan symphonique, un éclair guitaristique ou un scream bien senti de Fred pour relancer l'intérêt. Ou une mélodie de piano qui tombe à pic, comme sur l'ultime "Sleeping Shores", dont le riff de guitare est banal mais qui a le bon goût d'achever l'album comme il a commencé, sur une touche orchestrale énigmatique qui nous fait espérer deux choses : que le deuxième volet de la trilogie soit aussi engageant que celui-ci et qu'ACOD parvienne à atteindre un niveau d'osmose supérieur entre parties symphoniques et parties Métalliques. Histoire de transformer le 3,5 ici attribué en meilleure note encore.

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   T-RAY

 
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- Fred (vocaux)
- Jérôme (basse)
- Raph (batterie)
- -----
- Matthieu Asselberghs (guitare - session)
- Richard “fixhead” Fenouillet (claviers, orchestrations - session)


1. L'ascension Des Abysses
2. Omnes Tenebrae
3. Road To Nowhere
4. Broken Eyes
5. Between Worlds
6. Tristis Unda
7. Sanity Falls
8. The Divine Triumph
9. Fleshcell
10. Beyond Depths
11. Sleeping Shores



             



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