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CRISIX - From Blue To Black (2016)
Par T-RAY le 29 Avril 2018          Consultée 2103 fois

Mais… quelles sont donc ces sonorités en introduction de "Conspiranoia" ? Aurais-je laissé tourner le "Sacrament" de LAMB OF GOD sur ma platine ? Parce que l’on croirait entendre les premiers instants de "Again We Rise", dites donc ! Mais ça n'était qu’une impression furtive, fort heureusement. Cela dit, cet arrière-goût d’Agneau de Dieu n’est pas si innocent que cela, si l’on considère l’orientation prise par le Thrash de CRISIX sur quelques morceaux de leur deuxième album, "Rise… Then Rest", précédant ce "From Blue To Black". Car si LOG nous a habitués depuis toujours à mélanger allègrement Thrash Metal, Groove Metal et Death Mélodique pour aboutir à sa propre version de la modernité Thrash, CRISIX en est venu au point où il mâtine à son tour son Thrash Metal d’autres genres pour aboutir également à une recette moderne.

Ce qui n'était sensible que par petites touches sur leur deuxième opus est désormais une indéniable réalité. C’est de cela dont il s’agit sur "From Blue To Black". Sans comparer purement et simplement la musique des cinq Catalans à celle d’un autre groupe, puisqu’elle n’a désormais plus d’équivalent évident, force est de constater que CRISIX a choisi lui aussi la voie de l'hybridation pour affirmer son évolution. Remettons-nous "Conspiranoia" dans les oreilles – excellent titre au passage – pour examiner cette réalité de plus près. Ce riff “flipper”, si compressé que RINGS OF SATURN ne le renierait pas, signale d'entrée de jeu les intentions des Barcelonais. Il y a du Melodeath là-dedans, à forte dose. Ça Groove aussi très fort. Et ce son, œuvre de leur compatriote Òscar Ax, compressé jusqu'à paraître synthétique, parfois, consacre l’apparence moderne du Thrash de CRISIX.

Observer la transformation du quintette entre "The Menace", son premier longue durée, et "From Blue To Black" est une expérience fort intéressante car, de l’un à l’autre de ces deux albums, CRISIX nous prouve qu’il est possible d’offrir deux visages modernes du Thrash Metal très différents en l’espace de trois disques. Fait d’autant plus remarquable lorsque l’on considère les pelletées de groupes de revival Bay Area qui déboulent dans les bacs depuis quelques années. Eux n’inventent rien mais réactualisent, parfois avec goût, souvent sans. CRISIX, excusez du peu, se donne les moyens de proposer deux itérations très actuelles du Thrash. Le morceau "T-Terror Era" – reconnaissez-vous le thème de "Terminator" par Brad Fiedel ? – jette un pont admirable entre le CRISIX de 2011 et celui de 2016. L'exubérance geek et quasi Crossover du premier album croise ici la rudesse du Death Mélo, le tout renforcé par le fameux aspect synthétique de la prod, évoqué plus haut.

La geek attitude de CRISIX est toujours d’actualité dans ses textes, mais elle l’est surtout dans sa musique, désormais. L’impression d’avoir affaire à un Thrash de flipper, voire de jeu d’arcade, se réitère souvent sur "From Blue To Black", de l’hyper fun "Journey Through The Fire" à "Psycho Crisix World", de "G.M.M" à "Strange", du morceau-titre à "Five As One", tous deux très Death Mélo... Les Catalans en deviennent peut-être plus clivants qu’auparavant, quand seuls les cris aigus de Julián Baz pouvaient vraiment décontenancer l’auditeur. Clairement, CRISIX s’engage sur ce troisième album dans une voie où l’ensemble du public Thrash ne le suivra pas… Mais où ceux mêlant ouverture d’esprit, second degré et références pop-culture se laisseront entraîner avec plaisir. Telle est la personnalité de CRISIX et le quintette n'entend pas la brader.

Fier de son particularisme, CRISIX ose également deux choses qu’il ne s'était pas encore permises jusque-là dans sa carrière. D’abord, sur l’excitant "Five As One", le combo rend hommage à sa catalanité… ainsi qu’à la diversité linguistique et culturelle de son Espagne natale ! À cette occasion, en effet, Julián Baz nous offre quelques lignes en catalan et convie au micro quatre autres vocalistes de la scène Metal ibérique à venir s’exprimer dans leur langue d’origine ou de prédilection. Ainsi, l’on retrouve Javier Cardoso, de la formation Groove Metal VITA IMANA, pour les parties interprétées en castillan ; Juan Aceña, du groupe de Crossover SOCIEDAD ALKOHOLIKA, sur les paroles en basque ; Pla Vinseiro, des progueux de MUTANT, pour les lignes en galicien. Sans oublier quelques paroles bienvenues dans la langue de Shakespeare, signées Guillermo Izquierdo “Polako” de ANGELUS APATRIDA. Un acte à la fois militant et rassembleur qui donne envie de chanter avec eux, même sans piger un traître mot de ce qu’ils braillent.

Puis, la formation s’autorise une petite fantaisie en proposant pour la première fois un morceau à tiroirs, l'intéressant "Fallen", qui laisse apparaître un CRISIX à la fois plus calme et plus complexe que ce à quoi il nous avait habitués. Tant mieux ! Car voici un titre capable à lui seul de faire taire les critiques qui qualifieraient un peu trop vite le groupe de puéril et de coincé dans l’enfance et l’adolescence. "Fallen" en joue, avec ses chœurs d’enfants en ouverture, puis balaie vite les doutes sur la capacité des Catalans à composer autrement. Très Heavy, cette pièce mature de 7’30 vient se rapprocher davantage de ce que l’on peut entendre chez des artistes de Power Metal. Sur "Fallen", CRISIX multiplie les ambiances, construit ses différentes parties sur des riffs bien identifiables et atténue sans pour autant les supprimer les effets Melodeath de jeu vidéo entendus plus tôt sur l’album.

Manifestement, CRISIX a franchi un cap avec ce troisième album. C'est un réel plaisir de l’entendre continuer son évolution sans chercher forcément la recette qui séduira le plus. Oui, "From Blue To Black" peut aliéner aux cinq Catalans une partie de son public d’origine, celui le plus attaché au Thrash pur et dur, qui pourront ne pas supporter ces fortes infusions de Death Mélodique dans la musique du groupe. Oui, le disque peut aussi finir de saouler ceux qui toléraient l’aspect geek du combo tant qu’il restait contenu aux textes plus qu'au son. Mais quand on a la chance et la volonté de s'être construit une identité musicale aussi tranchée que CRISIX, mieux vaut continuer de la cultiver, quitte à ne pas plaire au plus grand nombre. Le label Listenable, qui distribua pour la première fois le groupe à grande échelle, hors d’Espagne, en les signant pour cet album, en est manifestement convaincu lui aussi. Avoir un poulain capable de se démarquer dans son écurie, c'est d’autant plus de chances d’en faire un champion.

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   T-RAY

 
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- Julián Baz (vocaux)
- Marc Busqué “busi” (guitare)
- Albert Requena (guitare)
- Javi Carrión (batterie)
- Dani Ramis (basse)


1. Conspiranoia
2. Journey Through The Fire
3. G.m.m. (the Great Metal Motherfucker)
4. T-terror Era
5. Psycho Crisix World
6. From Blue To Black
7. Strange
8. Five As One
9. Fallen



             



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