J'ai besoin de votre avis : a-t-on besoin d'un ersatz du DEF LEPPARD triomphant de la fin des 80s ? Les Suédois sont décidément des gens pas croyables, surtout en matière de Hard Rock. On connaissait leur propension à "suéder" pour paraphraser l'ami Pinpin les groupes européens et américains dans tous les styles possibles. Même si on n'a pas eu besoin d'attendre les Nordiques pour pratiquer la copie et le déguisement, GRAND DESIGN fait tout de même partie de ces formations qui misent un max sur leur projet et pourtant… Mettre les gros moyens pour retrouver la saveur de ces albums surproduits de la fin des années 80, avec comme mètre-étalon "Hysteria" bien sûr et le vendre, il fallait oser.

Le maître à penser de la formation, Pelle Saether, non content d'avoir suscité la curiosité avec "Time Elevation", décide d'en remettre une couche après deux ans jour pour jour. Ainsi naît "Idolizer", second recueil dédié à la gloire du Hair Metal 80s et en particulier à DEF LEPPARD. Il n'existait pas, à ma connaissance, de formation actuelle regardant dans le rétroviseur vers cette période assez particulière où le quintette de Sheffield dominait les charts du monde entier.

On ne peut décemment pas s'attendre à autre chose qu'à des compositions totalement dans la lignée de celles de "Time Elevation", et calquées en termes d'arrangement et d'interprétation sur le modèle LEPPARDien. Le groupe est tellement fan qu'il va jusqu'à reproduire des gimmicks comme les sons de synthé étranges d'un "Love Bites" sur "Addiction For Love", les chœurs de mauvais garçons d'un "Rock! Rock! Till You Drop" sur "Your Love's A Runaway", la boîte à rythme syncopée de "Rocket" sur "Idolize Me". Le groupe va même chercher la proximité phonétique de "Photograph" sur "Oughtograugh" et se retient de totalement pomper "Pour Some Sugar On Me" sur "Rock Back To The 80's".

Alors quoi en penser ? Je pense que les mordus de DEF LEPPARD, vraiment accrocs à ce genre de son, risquent d'accrocher grave à la mixture de GRAND DESIGN, car même si les Suédois ne se prennent pas trop au sérieux, leur musique ne souffre aucun défaut d'ordre technique ; le son est par ailleurs parfait, très fin 80, voire presque plus proche de "Adrenalize" que de "Hysteria" à mon humble avis. Les guitares débordent d'effet, du chorus et du delay en veux-tu en voilà, et des chœurs amples à la couleur toute LEPPARDienne viennent garnir les mélodies plutôt accrocheuses de Pelle Saether.

Pour les autres, il est évident qu'on ne pourra écouter ce disque, plutôt agréable au demeurant avec ses mélodies faciles et sucrées, sans éprouver une certaine gêne devant ces hommages beaucoup trop appuyés à la limite du plagiat. On voudrait se dire dans ces moments-là que GRAND DESIGN est un groupe parodique, sauf que ce n'est absolument pas le cas.

Honnêtement, il vaut mieux, clairement, retourner écouter l'original plutôt que la copie, comme souvent. Surtout que GRAND DESIGN fera nettement mieux sur le successeur de ce "Idolizer". Il prendra bien le temps de le sortir et le résultat n'en sera que meilleur. La formation suédoise dispose d'un sacré savoir-faire il faut reconnaître (chapeau à Pelle Saether, peut-être encore meilleur producteur que chanteur), et cela lui permet de garder des ondes positives sur les dix titres de son second opus. Mais voilà le genre d'album qui a des qualités intrinsèques mais des défauts qui font que je ne le ressortirai quasi jamais de sa boîte, un peu comme un "Euphoria" pétri de bonnes intentions.