Pelle Sæther n’est peut-être pas un nom qui va parler au plus grand nombre, mais si l’on prend la peine de se pencher sur son parcours, on y trouvera un artiste qui, depuis les années 80, a évolué au sein de plusieurs formations de second plan de la scène suédoise (GLORY, MACBETH, en compagnie du bassiste de CANDLEMASS, ou encore ZELLO au sein duquel il côtoiera Janne Stark de LOCOMOTIVE BREATH, des années avant que ce dernier ne se retrouve à poser un solo sur ce premier album de GRAND DESIGN). Il se construira aussi progressivement une carrière de producteur (pour MÅNEGARM notamment) tout en laissant mûrir dans coin de sa tête un projet d’album qui raviverait le style Pop Metal des années 80 avec ce goût pour les voix superposées façon Mutt Lange et les mélodies positives qui donnent envie de faire la fête avec légèreté. Il va pour cela éplucher des monceaux d’interviews, de dossiers des grands producteurs de cette époque pour tenter de comprendre comment obtenir ce son à la fois extrêmement travaillé et pourtant réalisé sans assistance informatique (ce qui n’est pas totalement vrai si on prend le cas DEF LEPPARD pour exemple).

Ainsi au gré des moments où son studio n’est pas réservé, Pelle va recruter un groupe complet pour enregistrer son délire, et après trois ans de travail fractionné, fin 2009 sortira donc le premier recueil de GRAND DESIGN : "Time Elevation". De son propre aveu, Pelle a peiné à trouver les musiciens adéquats et motivés pour jouer cette musique. Mais l’attente en valait la chandelle, car "Time Elevation" joue sur le double sens via son titre, car c’est clairement dans une machine à remonter le temps que l’on grimpe en posant ce disque sur la platine. On y retrouve ce son si spécifique d’une époque, surproduit même, avec des caisses claires sur-processées, et des chœurs empilés sur des kilomètres de bande ; quelque part entre "Pyromania" et "Hysteria" même si cela ne suffit pas à résumer la musique des Suédois, quand bien même les clins d’œil à "Armageddon It", "Gods Of War" ou "Hysteria" se font repérer assez rapidement.

Notre Pelle Sæther est fan de Steve Walsh, de Joe Lynn Turner et de Steve Perry, trois chanteurs dont les voix ont traversé le temps et encore en pleine possession de leurs moyens à la fin des années 2000 quand sort "Time Elevation". Et si je trouve qu’il manque parfois d’un poil de puissance ou du moins d’agressivité dans les aigus (une des grandes forces de Joe Elliott à son pinacle), Pelle a bien assez de jus pour porter ses mélodies qui elles ne manquent clairement pas d’efficacité, et ce sans compter sur ces fameux chœurs dont je parle depuis le début, et qui dès le deuxième titre "Slugged It Out" trouvent leur aboutissement.

Titre après titre, GRAND DESIGN fait forte impression sur ce premier album, ne ralentissant la cadence tubesque qu’à peine, pour "Sad Sound of Goodbye", construit autour d’un arpège clairement inspiré du titre "Hysteria", et qui constitue le titre favori de Pelle sur ce premier album (ou en tout cas ça l’était au moment de la sortie de l’album). Ici l’ambiance est moins festive, mais néanmoins très travaillée, et même si ici la batterie eighties trouve clairement ses limites avec son absence totale de nuances. La power-ballade s’en sort très bien aussi, même si "Time for Love" ne viendra pas bousculer les classiques déjà écrits (rien que pour le fait qu’elle aille piocher dans deux titres de DEF LEPPARD pour ses guitares et mélodies joue en sa défaveur). Mais l’album parvient à fièrement se redresser avec ses trois titres suivants, et une ballade finale anecdotique, qui pour le coup fait bien le job qui lui était alloué, à savoir rappeler ces fins de soirée à faire la fête, avec le slow qui passe dans les enceintes, près du petit matin, quand il est temps de rentrer finir la soirée au lit, seul ou accompagné…

Malgré certains traits de caractère jouant en sa défaveur, "Time Elevation" est une belle surprise, et comme premier album, Pelle Sæther aurait difficilement pu espérer mieux, d’autant qu’il s’est payé les services de deux invités, Tommy Denander, session-man au CV impressionnant comptant entre autres ALICE COOPER et Michael JACKSON pour saupoudrer le wedding cake du sucre glace manquant.