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ELECTRO BLACK GOSPEL  |  STUDIO

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ZEAL AND ARDOR - Devil Is Fine (2017)
Par CANARD WC le 26 Mai 2017          Consultée 5567 fois

Quand le Metal file dans les extrêmes, il a naturellement tendance à mobiliser les sujets les plus tendus. Comme pour justifier la violence exprimée. Le discours guerrier et les vindictes à la petite semaine ne suffisent plus à contenir tout ce flot de haine, alors il faut pousser le bouchon plus loin, jouer avec le feu quitte à se brûler les doigts en poussant un rire méphistophélique. Précisément, le « point » (de non-retour) qui, parfois, me gêne avec une certaine frange du Black Metal. Trop, de tout. Violence irréelle, potards à fond, riffs tronçonneuse, blast beat et hurlements de possédés etc. Tout ce décorum joue avec la frontière du « bruit » et impose un discours inepte la plupart du temps. Dans cette recherche du chaos intégral, de cette haine de tout, le Black a parfois la mauvaise idée de provoquer bêtement, à filer du côté des génocides, des choses moches à forte odeur de IIIème Reich si vous voyez ce que je veux dire. Oui, vous voyez, MARDUK s’est encore fait prendre la main dans le sac récemment et l’école BURZUM a depuis lors fait toutes sortes d’émules nauséabondes.

Par-delà toute « moraline », je trouve pathétique que ces esprits maladifs n’aient pas assez d’imagination pour envisager d’autres limites, d’autres frontières que ces mêmes thématiques passées maints fois à la machine. Cette absence d’intelligence, de nuance, engendre pour ma part davantage de mépris que d’indifférence, m’oblige souvent à déconsidérer cette scène Black à cause de ce « too much », de ce peu de moyens pour une ambition si chétive. Le Metal a toujours cherché le chaos, la rupture, voulu se montrer plus « evil » qu’il n’est (*) mais ne réussit bien souvent en filant dans les plus extrêmes qu’à toucher le ridicule.

À contre-courant total de mon propos façon exception qui confirme la règle, je vous jette au visage un groupe, ZEAL & ARDOR (Z&A) qui fait la démonstration inverse de tout ce que je pensais, de tout ce que je viens de raconter plus haut. "Devil Is Fine" : extended EP, ressorti récemment dans une nouvelle mouture, d’un groupuscule Black contre-nature. Et c’est une merveille. Parce qu'à contre-courant, en contre-pied et en contradiction. Huit petits titres, vingt-quatre minutes dans un équilibre improbable, encore jamais tenté (à ma connaissance) pour une expérience inédite.

Voici la décoction proposée : Negro Spiritual (Gospel si vous préférez), Electro et Black Metal.

Sur le papier, le mélange paraît impossible. Sur le papier toujours, je ne suis pas client. Je hais les samplers, les trucs Electro branchouille, les synthés etc. Aucune attirance pour tout ce qui ressemble de près ou de loin au Gospel et, comme vous l’avez compris via mon liminaire, je me méfie du Black avec distance et fascination. Mais la façon dont Z&A combine l’ensemble de ces éléments confine juste au génie. Ni plus, ni moins. "Devil is Fine" réussit l’impossible pari, fait ce grand écart pour proposer un nouvel univers musical, complètement inédit, unique. Le résultat frôle la perfection point à la ligne paragraphe suivant.

Artistiquement abouti, cet OVNI musical crédibilise l’intransigeance dont le Black a besoin pour « tourner » tout en tordant le cou aux idées reçues. Comme il fallait un concept pour soutenir tout cela et comme souvent les meilleures idées sont souvent les plus simples ; Z&A va puiser dans la souffrance noire de l’esclavage pour associer le refus de la christianisation (la rébellion) avec l’expression d’un désespoir. Z&A se drape de la misanthropie inhérente au sujet abordé pour donner de l’épaisseur au cri poussé. Nulle mascarade ni « sociopathie » de pacotille, "Devil Is Fine" se nourrit d’une noirceur soudainement tangible, parfaitement interprétée, une réponse couleur sang – aux odeurs de martyrs - à tous les WASP et membres du KKK qui ont pullulé fut un temps dans l’Amérique bienveillante de l’Oncle Sam et de John Wayne. Un cri, donc, pour exprimer cette souffrance et une musique au diapason pour rappeler ce qu’a pu être une autre forme de génocide. Et pour une fois, comme le Black ne se situe pas du « mauvais côté de la ligne » mais bien du côté des opprimés, cela change tout. Du tout au tout, croyez-moi.

Certains parleront de "Devil Is Fine" comme d’une BO – façon Black Metal – du « Django » de Tarantino et, si dans l’idée ça fonctionne, il faudrait plutôt aller voir du côté de "Mississippi Burning" pour coller à l’odeur de soufre qui colle à l’album.

Pour le reste, point d’autre bla-bla : Gospel-Electro-Black Metal. Tout est dit. Si ce mélange vous intrigue un tant soit peu, tentez l’expérience. Mais – s’il vous plaît – « à l’ancienne » : ne vous contentez pas d’un titre isolé ou du single qui traîne sur la toile. Faites l’expérience de "Devil Is Fine" d'une traite comme au bon vieux temps, laissez les vingt-quatre minutes qu’il dure défiler et dans l’ordre. Seule l’écoute intégrale vous permettra de mesure l’audace du mélange (et pour le coup ma note « ultime »).

Cela faisait une éternité que je n’avais pas lâché un 5/5 et jamais je n’aurais cru le faire pour un OVNI musical aux abords des territoires du Mordor (**). Comme quoi, il ne faut jurer de rien comme me le disait récemment ce bon vieux Alfred. Avec ce gros EP – petit LP, Z&A laisse une trace derrière lui, un mal-être qui fait aussi de cette œuvre un « objet » difficile à manier, une musique sur laquelle on a du mal à revenir comme pour s'éviter ce nouveau chemin de croix, un album qu’on use finalement avec parcimonie tant il est éprouvant pour qui l’écoute attentivement.

Note : 5/5

Morceau préféré : tous, c’est un tout, un bloc solidaire.

(*) Qu’on parle en leur temps aussi bien de MOTÖRHEAD, VENOM, MERCYFUL FATE ou BATHORY pour brasser large.
(**) le monde du Black Metal, quoi.

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- Manuel Gagneux (tout)


1. Devil Is Fine
2. In Ashes
3. Sacrileguim I
4. Come On Down
5. Children's Summon
6. Sacrilegium Ii
7. Blood In The River
8. What Is A Killer Like You Gonna Do Here?
9. Sacrilegium Iii



             



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