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- Membre : Orakle

KICKBACK - No Surrender (2009)
Par ISAACRUDER le 26 Février 2017          Consultée 4622 fois

Il n'existe plus de groupe comme KICKBACK.

Le dernier avatar du Punk tendance violence est mort avec "Le Diable Rit Avec Nous", cocktail molotov final lancé à la gueule du monde décadent. KICKBACK c'était une bande de satanistes drogués et adeptes du combat de rue, le schlass dans le slip façon manouche, le crâne rasé à la mode Vincent Cassel dans "La Haine" et le roundhouse kick comme carte de visite.

Mon ami Yann, une des têtes pensantes de feu-Falling Down, m'a raconté un jour qu'il avait pu les interviewer et que les types s'étaient mis à le tabasser, jugeant ses questions totalement merdiques. Imaginez un peu le délire ! Le gars vient faire son travail, accrédité, avec les étoiles dans les yeux du fan et à la place d'une réponse il se prend une tarte et commence à se faire savater comme Jean-Gérôme qui se fait voler ses Choco-BN à la récré ! KICKBACK c'était l'avatar du Mal, mais aussi l'esprit Punk dans sa dégénérescence ultime. Le monde nous appartient, il ne mérite d'être traversé que dans le dépassement des limites. Et de fait, c'est un groupe qui a vécu sous les polémiques, entre baston avec leurs propres fans, discours misogyne et homophobe, et théorie jusqu'au-boutiste de l'Art qui les amenait à envisager tout acte de création comme devant être profondément vécu.

Un parti pris philosophique qui explique "No Surrender". Car il y a peu d'albums qui laissent une trace pareille, encore tant d'années après. Tu en sors tailladé, traumatisé, avec la sale impression d'avoir flirté dans les bas fonds des caves des banlieues les plus fermées de la République. Le sentiment d'écouter la bande-son des films les plus nihilistes de Gaspard Noé, dont Stephen, le chanteur, est un ami et un fan. Le sample tiré de "Seul Contre Tous", et qui coupe le titre éponyme en deux, annonce la couleur : KICKBACK c'est la violence du monde contemporain, une vision néo-réaliste d'une société née dans la violence, pour la violence. Une belle illustration du futur de l'Europe, qui est loin du mot d'ordre No Surrender, avec sa face de gourgandine déjà humiliée en place publique.

Ce qui fait de "No Surrender" le meilleur album de KICKBACK c'est clairement l'arrivée de Damien, aka le taré derrière ARKHON INFAUSTUS et DIAPSIQUIR. Figure ultime de l'autiste tendance sociopathe, artiste total, sataniste spécialisé en drogues dures et banlieusard tendance survêtement et porno asiat. Le type même de la France décadente, qui vient apporter à KICKBACK une noirceur qu'il n'avait pas encore, encore trop sage bien qu'efficace dans son Hardcore auparavant. Désormais, le riffing est plus sordide, plus acéré, c'est un coup de serpette dans le bas ventre, une amputation digne des méfaits de la guerre d'Algérie. Il y a quelque chose de pourri dans le royaume de France et KICKBACK est le troubadour de sa dégénérescence.

Cette nouvelle sauce est donc bien plus un mélange dégueulasse de Black Metal, de Thrash Metal et de New-York Hardcore ("Deathlust"), bien avant que nombre de groupes s'emparent du style et le détruisent par leur bourgeoisie et leurs faux-airs de blessés par la vie. Dans "No Surrender", la violence est véritable, et le chant de Stephen est une illustration parfaite de celle-ci, écorché, vil, pervers, une symbiose de toute la crasse de la rue parisienne, avec ses corps ravagés par le litron et les crachats des néo-aristocrates en mal de sensations fortes sur le visage comme un ersatz de Jackson Pollock tendance "Orange Mécanique". Les larsens éclatent, les bruits infects emplissent l'espace, il y a quelque chose de guerrier chez KICKBACK que peu de groupes savent exprimer ("Still On The Prowl") et qui sonne surtout VRAI.

Ramper dans la fange n'a jamais paru aussi génial qu'avec "No Surrender" et l'on se complaît dans cette atmosphère de haine. On évacue sa propre crasse, sa propre rancœur face au monde. La rage sauvage avec laquelle on vit ne disparaît jamais totalement, elle perdure à travers les riffs les plus débilos d'un "The Law Of The Self" et je la soupçonne même de grandir au contact des meilleurs moments distribués comme des balayettes par KICKBACK ("Sideshow", un des meilleurs crachats du groupe avec son groove Blackcore sale et pernicieux).

Yoda peut bien aller se faire foutre par les plantes phalliques de Dagobah, quand "Warpath" achève la danse macabre : KICKBACK c'était l'obscurité jouissive, la partie de jambes en l'air avec Satan, le délire baudelairien et sadien, le couteau sous la gorge de la femme afghane, les caves de Seine-St-Denis, les chances-pour-la-France la machette à la main, le spectre de la Mort dans la Vieille France traumatisée, la politique française et sa corruption généralisée, la Marianne souillée par des générations de délaissés et de perdus, la crasse du prolétaire sodomisé par ses élites, la corde au cou du chômeur traité comme une merde, le rire de Cohn-Bendit sous une pluie d'enfants, le cri d'un porc dans l’abattoir le plus sordide,

La pute Europe déjà soumise bientôt martyr.

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   ISAACRUDER

 
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- Stephen Bessac (chant)
- Damien (guitare)
- Warner (guitare)
- Pascal Pastore (basse)
- Serch Carriere (batterie)


1. No Surrender
2. Deathlust
3. Still On The Prowl
4. Aging Disgracefully
5. Woods Are Wet : Woman Hell
6. The Law Of The Self
7. If I Die Tonight
8. Sideshow
9. Unholy Triumph
10. The Audience Is The Target
11. Warpath



             



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