Il suffit de connaître le moindrement le monde du disque pour savoir que ce n'est pas toujours facile pour les groupes d'établir leur tracklist. Question de budget, de perfection cartésienne maladive, toutes les raisons sont bonnes. C'est encore moins aisé quand on parle d'un excellent album comme "Epistemology", sorti l'an dernier à mon grand bonheur. Il faut dire que les Norvégiens de KEEP OF KALESSIN sortent du lourd depuis leurs débuts et que leur style Black Mélo épique est d'une grande originalité et me rejoint totalement.

C'est ainsi que lors de l'enregistrement inspiré d'Epistemology", KOK a dû effectuer des choix déchirants. Trois brulots ont été laissés de côté et c'est exactement ce qu'on retrouve sur "Heaven Of Sin".

Nombreuses sont les raisons de couper des morceaux : pas assez bon, hors contexte, tranche trop avec les autres, etc. C'est pour ça que lorsqu'on écoute un E.P, on reste souvent sur notre faim ou interloqué devant de curieuses compos balancées là pêle-mêle, en ne fournissant pas de mode d'emploi pour s'y retrouver le moindrement. Sur "Heaven Of Sin" par contre, ce n'est pas difficile, car on nage en plein KOK classique et douillet. Pas de dépaysement, une écoute tranquille.

Commençons par la fin, avec la pièce-titre, accessible et radiophonique comme des réussites passées du groupe, telles que la dansante "Dragontower". "Heaven" n'a peut-être pas le côté groovy et dansant de "Dragontower", mais son refrain entonné en chœur appelle à un fédéralisme hallucinant de grandeur. Dure coupure que celle-là, Obsidian Claw la regrette peut-être, raison pour laquelle il aura intitulé son E.P avec…

Sinon, on retrouve le KOK speedy-happy et malgré tout épique et tranchant sur "Descendant - The Legacy Of Kings". Efficace et rentre-dedans, cette compo est sans doute un peu en-deçà de ce que le trio nous a offert sur "Epistemology", mais je ne mettrais pas ma main à couper, car elle est foutrement déchaînée. Son ambiance a probablement pesé lourd dans la balance lors des dernières et déchirantes coupures.

Quant à "Typology", elle s'avère une pièce passe-partout dans la disco de KOK. Elle aura pu apparaître sur n'importe lequel de ses quatre derniers albums, même "Armada", car la vélocité avec laquelle les Norvégiens la livrent se colle bien à la vitesse d'exécution du cru de 2006. Bref, elle n'a pas trouvé de niche dans la tête et le cœur d'Obsidian, qui l'a passée à la trappe. Heureusement, elle obtient ici une seconde vie et permet aux fans d'apprécier encore plus la qualité d'"Epistemology", car on a déjà vu pires collections de ratées de la gâchette.

S'il y avait encore des preuves à avancer pour assurer le statut de grand groupe à KOK, ce microscopique témoignage pourra avoir son pesant d'or dans les débats les plus intenses.