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- Membre : Professor Black

DAWNBRINGER - Xx (2016)
Par CITIZEN le 17 Octobre 2016          Consultée 2601 fois

Un peu dépassé par ma consommation métallique en février, je n’ai pas pu me charger de ce "XX" en tant que nouveauté, mais ce retard m’a d’autre part permis de rattraper l’actualité et ainsi de faire le parallèle avec le dernier HIGH SPIRITS. On sent que les cycles d’inspiration et de répartition des idées de Chris Black entre ses projets connaissent des phases un peu différentes et que si le DAWNBRINGER précédent avait déçu beaucoup de ses fans, trop timoré, trop unimaginatif, c’est maintenant au tour d’HIGH SPIRITS de faire de la redite et pire encore de sonner faux. Jeu à somme nulle entre les deux groupes puisque le défaut d’inspiration dans l’un semble être l’excès qui irrigue l’autre. Une orientation bien sûr transformée puisque ces deux groupes sont plus ou moins l’opposé parfait de l’autre pour ce qui est des ambiances (mais pas de la source d’inspiration heavy metal commune, Chris Black considérant que sa musique est avant tout une sorte de fanfiction sur l’essence du heavy). Mais cette intro ne sert en définitive à rien puisque DAWNBRINGER, on connaît, même que des gros sites en causaient que j’étais pas encore sur Nightfall. Enfin si, peut-être à dire qu’à défaut de pas l’avoir chroniqué en february quand il faisait glagla, l’automne qui arrive me donne l’occasion de me rattraper pour le publier dans une saison de circonstance.

DAWNBRINGER marque le coup et n’est plus du heavy, plus vraiment, adoptant un son qui renvoie au ([à l’] idée que je me fais du) Ppost-Black Metal/Black Atmo/cascadien/etc, "Blackgaze", en tout cas pris sans s’embarrasser de ce qu’il y a derrière ces termes correspondent parfaitement au type d’ambiance, de texture et de structure développés ici et il est intéressant d’utiliser ce terme même hors de son usage très spécifique mais relativement nouveau. Car "XX", bien qu’évidemment dépouillé des riffs supersoniques bidons qui forment l’essence de ce genre de groupes, sonne comme un appel à l’aide, s’étale langoureusement, forme une sorte de pendant lent et atmosphérique d’"In Sickness And In Dreams", renoue avec les séquences glauques de "Nucleus" triturées à outrance dans des parties moins pleines de rebondissements et beaucoup moins variées, sur une trame générale qui renvoie à l’outro de "Into The Lair" étalée à l’infini. D’une pureté dépouillée (gothique?), les guitares restent toujours agitées de sursauts ataviques du plus pur Heavy Metal qu’on trouve sur Terre, des lignes de guitare d’une clarté rayonnante qui s’incrustent pour quelques secondes, avec encore l’intervention sporadique de Hoffmann, seul autre membre "officiel" du groupe et artisan important de "Nucleus", ainsi que d’inconnus complets, Chris Black jouant lui-même des solos contrairement à son habitude.

Si comme moi vous suivez DAWNBRINGER, vous devez être aussi sceptique devant le paysage ainsi brossé que moi en écoutant "XX" au début, avec cette intro sobre et planante, où Chris s’exclame toujours la même chose (pas dans le sens "dit toujours le même truc" comme d’habitude mais bien "déclame la même phrase pendant les trois quarts du morceau", avec une autre phrase sur le premier quart), avec "Into The Maze" répétitif, bizarre, glacé, mais tellement prenant avec son passage au rythme rock’n’roll débridé (darkwave, ou tous ces autres genres musicaux que j’écoute pas (désolé !) ?). De quoi vous habituer au changement d’ambiance pour qu’à la première écoute le 3ème morceau vous apparaisse directement dans toute sa splendeur. Vous commencez à vous ouvrir à ce son pas vraiment doom, nimbé d’une atmosphère dérivant lentement, enveloppante plutôt qu’écrasante, même si la basse martiale de Chris appuie le tout d’une manière particulièrement frappante, pesante et impitoyable comme un pendule, un morceau comme "North By North" inspire impitoyablement l’image de marche funèbre, la mini tournée ayant accompagné la sortie de l’EP (évidemment sans passer par la France) ayant justement pris de nom de "Funeral March". DAWNBRINGER célèbre sa renaissance dans la mort, le groupe semble décider à vouloir s’enfoncer dans une neurasthénie qui le démarque singulièrement du reste des projets de Chris. Son propos en est d’autant plus exigeant et plus inflexible : "XX" se tient d’une pièce entière, phénoménale.

"North By The North", il me semble avoir cité ce titre plus haut. Je voulais absolument trouver un moyen délicat d’arriver à cette chanson, qui formant le point d’orgue et le monstre de l’EP doit former le centre de la chronique. Chanson de 7 minutes au milieu d’un EP d’à peine 20, "North By North"est débordant d’une majesté désabusée, avec ses chœurs angoissants et nasaux sortant de gorges rocailleuses comme des gouffres, dignes d’un album de Viking Metal, ou plutôt de Black Metal sérieux à thème nordique, je pense à BLUT AUS NORD. Une sorte de dérive contrôlée vers le plus profond de la neurasthénie, Chris adopte sa voix fluette dont il fait usage sur ses albums récents comme un guide qui détache prudemment et avec une assurance incroyable des paroles qu’il vous enfonce dans la tête lentement, mot par mot, soulignant le martèlement assourdi de la section rythmique puissante mais pudique. Une montée en puissance incroyable, vous vous laissez petit à petit envelopper par la brume sans vous en apercevoir, avec cette espèce de tristesse euphorique qui va avec. C’est un des morceaux les plus originaux de Chris récemment, possédant une atmosphère complètement possédée et surtout une espèce de mesure, de côté intimiste rare, pour un musicien le plus souvent dans l’outrance et le frontal.

Et tant pis si "Earth" qui suit" et qui donne lieu à un des rares emballements du tempo de l’EP est complètement étouffée ou si "The End Of The Beginning" n’est qu’un instrumental qui s’arrête de façon extrêmement abrupte alors que vous en êtes déjà amoureux et casse un peu tout (mais cette cavalcade à la "In Sickness And In Dreams" !). Less is more vous allez dire en bon metalhead qui a appris l’anglais en écoutant "Don’t Break The Oath", mais pour le coup ces chansons auraient méritées d’être plus développées, faute de quoi on a l’impression de reste sur une vraie chanson affublée d’une double intro et d’une double outro, mais qui toutes vous laissent pantois.

DAWNBRINGER renoue et approfondit son côté dépressif, gare à l’overdose si vous êtes déjà sous benzos et que vous vous êtes arrêté au magnus opus de 2012 et à l’exaltation d’un soleil brillant, DAWNBRINGER vous met complètement par terre mais en ceci, en larguant ses influences habituelles parfois trop présentes, atteint la perfection rien de moins (pas forcément celle du heavy cela dit), dispersion les gars vous pouvez rentrer chez vous y a rien à voir. Et si on ne peut parfois que s’interroger sur l’honnêteté que verse le bonhomme dans chacun de ses groupes, parvenant à sortir des albums qui sont le jour et la nuit en quelques mois, à se douter que Chris n’est qu’une espèce de mercenaire musical plus inspiré par sa fantaisie du moment que par ses émotions, on ne peut aussi s’empêcher de penser que peut importe. Chris, Chris, qu’as-tu encore fait ?

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- Chris Black (tout)
- Scott Hoffman (guitare rythmique)
- Matt Johnsen (guest guitare lead)
- Bill Palko (guest guitare lead)
- Ian Sugierski- Gong
- Jason Binnick (guest guitare lead)


1. Why Would You Leave Me
2. Into The Maze
3. North By North
4. Earth
5. The End Of The Beginning



             



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