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HEAVY METAL éPIQUE  |  STUDIO

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- Membre : Professor Black

DAWNBRINGER - Into The Lair Of The Sun God (2012)
Par CITIZEN le 27 Novembre 2015          Consultée 3819 fois

2012 - le monde ne finit pas, Chris Black a noirci quelques heures sur son emploi du temps pour se tirer des caniveaux pleins de vomi dont il s’est fait le roi à coup d’albums de SUPERCHRIST et boucler un nouveau DAWNBRINGER à temps pour une offrande aux anciens mayas qui, de retour et super furax, se félicitaient de l’hécatombe dans laquelle ils allaient plonger ce nouveau monde. Personne n’a eu le cœur arraché cette fois-ci, "Into The Lair Of The Sun God" constitue le rachat chèrement acquis de notre Heavy Metal qui, par le rituel de purification que constitue son écoute, fait s’écouler les toxines shuggesques de votre corps, les voilà qui ruissellent à grosses gouttes, elles s’accumulent au fond de votre tuyauterie, c’est dégueulasse, de honte elles se cachent dans les cavités de la terre pendant des millénaires- c’est de cette façon qu’on fait du pétrole, des lingots de meshuggeries qui n’attendent que d’être brûlées pour défoncer notre atmosphère et appeler, en retour, de nouveau à la pitié de l’Astre diurne au moyen d’un nouvel album de DAWNBRINGER. Et voilà comment, depuis la nuit des temps, MESHUGGAH et DAWNBRINGER sont engagés dans un combat sans fin pour nos âmes métalliques. Pour ceux d’entre vous moins versés dans les sciences occultes, seul un zine francophone bâti aux normes antisismiques les plus sévères résistant encore à cet album, me voilà avec mon bâton de dynamite pour rétablir les torts. Comme ma chro risque, une fois de plus, de, hélas, ne pas échapper au travers du peloton des reviews élogieuses qui dissèquent froidement ce genre d’albums pharaoniques, gardez bien à l’esprit le sous-texte "c’est un putain d’album, un putain d’album !", si grandiose en fait que je peux quasiment pas passer à l’écriture de la chro tant que je l’écoute, vous sentez pas floué de skipper le développement pour la case écoute.

Après un album très tortueux, "Into The Lair" semble trompeusement simpliste, un album épique focalisé sur la puissance moins que sur une ambiance sombre et des thèmes torturés. Effectivement, les compositions sont ramenées à un format plus connu et frontal, et si Chris Black a su étouffer sa tendance à mettre ses chansons complètement au service d’une guitare qui tient tout le propos, cet album entier est nimbé d’une atmosphère triomphale, de vrai épanouissement. Épique à dix mille pour cent[1], "Into The Lair" est un album fleuve qui égrène vigoureusement ses titres à peine numérotés, qui donnent l’impression l’aller chercher des tablettes de marbre dans un temple englouti et de se faire raconter des chapitre dans une épopée qui compte trop de pages pour qu’on en effleure l’histoire plus que superficiellement, par épisodes. Ces titres ont tous une identité extrêmement marquée même si l’absence de titre rend un peu difficile de retrouver immédiatement leur propos au-delà de leur élément le plus marquant, qu’on entende par là leur plans guitaresques assenés impérialement (pas moins de trois guitaristes jouent sur cet album dont Matt Johnsen de PHARAOH, ce qui parle déjà pour soi) ou de leurs contorsions théâtrales, puisque tout ici est mis au service de cette espèce d’odyssée mystico-initiatique élaborée par Chris Black.

L’histoire est une sorte de parabole dont j’avoue que j’ai eu un peu du mal à chopper tenants et aboutissants vu que l’écriture de Chris Black, assez cryptique parfois et qui multiplie un peu les situations et personnages symboliquement douteux, convient mieux à des chansons individuelles. Cependant l’intéressant c’est que le bonhomme a absolument compris comment conter en faisant prendre de l’importance au délivré de chaque mot, la puissance de la narration ne cesse jamais d’insuffler un souffle énorme à des phrases qui ne sonneraient pas forcément remarquables par ailleurs, avec une musique conçue pour renforcer l’assise de ces tableaux, oscillant donc entre l’excitation et une lourdeur pénétrante quand le décor s’y prête. Et bien que l’album soit très cohérent par ailleurs, on a l’impression que la fin de chaque chanson est l’occasion de pousser une porte et de déboucher sur une ambiance très différente et un décor plus ou moins indéfini (le milieu de l’album) ou archétypal (la confrontation/climax), une musique séquencée qui progresse selon le jeu des forces qui déchirent son héros (ennui, rage soudaine, illusions, maturité, euphorie (VII, le point culminant, je connais peu d’autres morceaux qui me font bondir à ce point avec des riffs doomés), acceptation), cette dynamique intérieure explorées avec emphase ou mépris rendent vraiment l’album très vivant, d’autant plus que Chris s’occupe des discours de plusieurs personnages, entre le Dieu qui tonne et le jeune guerrier impulsif plein d’hubris dans toute sa bravade, avec cette voix de bronze émoussé… (et comment résister aux saillies à la "I Will Destroy The Sun That BURNS") sempiternellement appuyé par des riffs solennels qui vous hérissent les poils durs comme des seringues- le héros dans l’expectative devant l’escalier céleste sur VII est un truc plus metal qu’un destroyer stellaire impérial blindé d’une couche d’albums de MOTÖRHEAD et piloté par Christopher Lee. On a vraiment pas une impression de Power Metal "tue le dragon", on a plus une impression d’un portrait qui ne s’incarne dans un album de Metal que par illustration, vu que Chris Black se révèle plus audacieux lors des digressions variées que lors des événements proprement épiques- c’est un album de DAWNBRINGER pas un putain de donjon de world of warcraft/ et vas-y que j’y ai filé un coup de hache dans le wiking d’en face.

En fait, au fil des nombreuses versions différentes par lesquelles cette chro est passées, je n’ai toujours pas tranché quant à la variété de cet album. Certes, des petites surprises sont disséminées çà et là (du Thrash au début, des claviers de chez URIAH HEEP en bonne et due forme sur VI) qui pimentent pas mal de chansons de leur ambiance irréductible, mais l’état dans lequel vous met l’écoute entière vous laisse surtout l’impression de vous être fait piégé et laissé ensevelir progressivement comme un fossile sur un fond marin, le signe que chaque récréation paraissant hors sujet prise individuellement se glisse naturellement dans l’ensemble et prend sa place exactement lorsque le glissement subtil d’ambiance l’appelle, et surtout ces chansons vous rappellent à quel point des effets grossièrement clichés peuvent vous souffler lorsqu’ils sont utilisés avec talent. A côté, l’album donne l’impression d’aller droit au but comme un continent dérivant droit vers votre gueule à une vitesse sensiblement supérieure à celle des plaques tectoniques, et à partir d’un certain moment on ne manque pas non plus de gros passages épiques scandés, notamment à partir de la VI où on sent qu’on arrive dans le nexus, où tout devient plus lourd et que Chris Black casse la liberté un peu fluctuante qui régnait et vous délivre une pure balayette sonique, voilà, zètes à genoux maintenant et prêt pour les transports dans des plans de majesté pure (VII), puis de ténèbres avec la quasi power-berceuse aquatique doomisée qui conclut l’album.

Si j’essaye par ces détours d’essayer de piger ma propre fascination pour cet album, ne vous laissez pas assommer par ce débitage de cheveux en quatre et restez assuré qu’"Into The Lair" est un album dont on pénètre le cœur en un seul plongeon. Plutôt que d’y voir un concept album ou de se creuser les méninges à faire l’exégèse de la Bible façon Chris Black, il est plus aisé de se laisser porter comme par une soirée diapos des dernières vacances du Dieu des abysses ou de votre pote Roger qui est allé voir BULLET FOR MY VALENTINE au Hellfest 2016, c’est rafraîchissant. "Into The Lair Of The Sun God" est une vraie torche qui brille dans les ténèbres pour montrer la voie à suivre d’un certain Heavy Metal ambitieux par les temps qui courent, High Roller devrait le graver sur un vinyle doré et l’envoyer par les espaces intersidéraux avec la prochaine sonde Voyager tiens.

[1] On a pas peur des gros chiffres chez Nightfall.

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- Bill Palko (guitare lead)
- Chris Black (basse, batterie, claviers, chant)
- Matt Johnsen (guitare lead)
- Scott Hoffman (guitare rythmique)


1. I
2. Ii
3. Iii
4. Iv
5. V
6. Vi
7. Vii
8. Viii
9. Ix



             



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