Formé en 1993 en Floride par Scott Stapp et Mark Tremonti, CREED est considéré à juste titre comme un des fers de lance du mouvement Post-grunge des années 90. Fréquentant la même école, les deux copains de classe ont vite monté un groupe nommé NAKED TRODDLER. Quelque temps plus tard ils décident de changer le nom à la suggestion des fans. Le groupe commence alors les petits concerts de manière sérieuse en 1996. Étant ignorés par plus d’une dizaine de maisons de disques, les Américains financent leurs premiers essais au coût de 6000$ Quelques mois et plus de 6000 copies vendues plus tard, une compagnie les remarque et décide de les signer. La version enregistrée étant plutôt amateur et de mauvaise qualité, le disque est retravaillé et réenregistré de nouveau. Cette fois il sera vendu à plus de 6 millions de copies et 4 singles seront présentés au grand public.

CREED est le fier héritier du grunge, la ressemblance la plus notable est la voix de Scott Stapp qui est un copié/collé de celle d’Eddie Vedder. On dirait même un clone tout droit sorti d’une expérience ! Il y a néanmoins certaines différences avec le style de Seattle à commencer par les paroles. Stapp ayant eu une éducation chrétienne très marquée, les thèmes abordés sont surtout à connotation religieuse ("My Own Prison", "Unforgiven") ou morale ("In America", "What’s This Life For") ce qui peut en rebuter certains. Il s’agit d’un très gros contraste avec les sujets plutôt négatifs, voire malsain du Grunge. Du côté musical, l’agression typique pratiquée par les groupes de Seattle a laissé sa place à une profonde nostalgie doublée de mélancolie.

Lorsqu’on regarde l’ordre des chansons la surprise commence dès le début avec le morceau le plus long de l’album : "Torn", d’une durée d’un peu plus de 6 minutes donne le ton. Elle est une vraie bombe de mélodie avec une belle variété musicale tantôt blues tantôt rock. Une bien belle surprise qui commence en force le premier essai du groupe. Malheureusement, la suite sera beaucoup moins rose et plutôt conventionnelle. La voix plaintive de Stapp va tôt fait de taper sur les nerfs puisqu’elle est sur-représenter tout le long du disque avec une tendance beaucoup trop répétée à reprendre le même refrain jusqu’à plus soif ("Pity For A Dime", "Illusion", "Bound And Tied") ce qui devient vraiment énervant. De plus, il est facile de reconnaître les titres qui tentent de trouver preneur auprès des radios. Même si ce n’est pas mauvais en soi, la simplicité et la banalité de ces titres deviennent très pénibles, particulièrement les ballades ("Pity For A Dime", "What’s This Life For"). Je ne parle même pas du ventre mou de l’album qui est une vraie misère à écouter ("Sister" et "Unforgiven").

Seuls quelques titres réussissent à survivre. J’ai déjà parlé de l’excellent "Torn", et si seulement le reste de l’album était dans la même lignée on aurait eu droit à quelque chose de vraiment très solide. Sa durée permet d’ailleurs de laisser plus de place à la créativité musicale et de ne pas surexposer le refrain (défaut qui est répété encore et encore). "My Own Prison" a également un petit quelque chose de très plaisant. La nostalgie est encore plus présente sur ce titre que sur les autres, un héritage emprunté au grunge dépressif. Le dernier titre à sauver est "One", car il reste dans la tête et fait taper du pied.

Comme premier essai, le résultat est plutôt mitigé. L’histoire a montré que le succès de ce disque a été autant critique que commercial : il suffit de voir les chroniques positives de l’époque ainsi que le nombre d’albums vendus. Malheureusement, ce cd a très mal vieilli, la faute à une pâle imitation d’une légende du grunge, à des titres dispensables et surtout à des thèmes qui ne font pas l’unanimité. La suite sera meilleure…

Morceau préféré : "Torn".