Le succès apporte quelquefois des problèmes. "Human Clay" avait permis à CREED d’attirer les foules, le groupe ayant même fait partie de Woodstock 99. Suite à cette tournée très populaire, le bassiste Brian Marshall développa une forte dépendance à l’alcool et à la drogue entrainant des disputes avec Tremonti et Stapp. Comme s’en prendre aux deux leaders d’un groupe n’est jamais une bonne idée, notre jeune homme visita une maison de désintox. Dès sa sortie, il accorda une entrevue avec un journaliste où Marshall aura des propos très controversés à propos d’Eddie Vedder (l’éternel rival de Stapp). Il n’en faudra pas plus pour que le groupe le vire définitivement du groupe. Tremonti voulant garder l’intégrité musicale pendant l’enregistrement du nouvel album, il s’occupa lui-même d’enregistrer les pistes de basse et c’est Brett Hestla qui sera chargé d’occuper le poste de bassiste pendant la tournée qui suivra.

Pour ce troisième album, les Floridiens ont décidé d’aller chercher l’inspiration dans les deux premiers méfaits. On commence donc par de l’expérimentation avec "Bullets", premier morceau avec son introduction de style indus. Un départ plutôt déstabilisant pour du CREED. "Who’s Got My Back" est également dans le même domaine avec ses 8 minutes de riffs bien gras. Plusieurs segments et ambiances sont utilisés tout le long du morceau, déstabilisant l’auditeur face à autant de changement et de nouveauté. Si on peut saluer l’effort du groupe de vouloir innover, on doit admettre que le résultat laisse plutôt indifférent. Il s’agit du genre de morceaux que l’on écoute d’une oreille distraite, sans plus.

Les titres accrocheurs sont toujours présents et on ira chercher du côté de "Signs" et "My Sacrifice". Ces deux bombes possèdent un refrain en béton armé qui rappelle combien Tremonti est capable de sortir un lapin de son chapeau lorsqu’il le veut bien. "One Last Breath" et "Hide" font partie des power-balades fortes bien réussies et très inspirées.

Malheureusement, CREED fait la même erreur que sur "My Own Prison" en livrant des morceaux d’une grande banalité ("Stand Here With Me") ou possédant un refrain trop souvent répété ("Weathered"). Concernant ce cher Scott Stapp, il réussit la plupart du temps à se contenir en essayant de ne pas en faire trop. Néanmoins, il lui arrive de dérapé et de tombé dans l’excès comme sur "Lullaby" où il pousse un peu trop ça voix en s’auto-parodiant.

Le résultat de ce troisième album des Floridiens est donc en dent de scie : les titres inspirés côtoient les morceaux simplistes. CREED n’a pas appris de ses erreurs (ce qui semblait pourtant le cas sur "Human Clay"), c’est fort dommage car le groupe semblait parti sur une très belle lancée.

Suite à la sortie de ce disque, les choses ne feront qu’empirer pour les membres du groupe. Après Marshall, c’est Stapp qui développera une dépendance à l’alcool et aux médicaments suite à un accident de voiture. Le point culminant se produira à la fin de décembre 2002 lorsqu’il se présentera sur scène et sera incapable d’interpréter les chansons. CREED suspend alors ces activités avant d’annoncer la dissolution officielle du groupe en 2004. Scott Stapp sortira alors un album solo alors que les 3 membres restants du groupe repêcheront l’excellent Myles Kennedy pour former ALTER BRIDGE. Tremonti déclare alors que CREED ne se reformera jamais, mais on dit souvent que le temps arrange les choses…

Morceau préféré : "My Sacrifice".