Voici donc la nouvelle vedette du Black allemand de retour avec un troisième album déjà depuis 2009. Un BLACK moderne à la AGRYPNIE, atmosphérique et mélancolique à la INFESTUS et archi mélodique comme un SAILLE en grande forme. Un mélange qui ne pouvait mieux tomber dans mes esgourdes, un mix qui fait office de best-of du Black du 21e siècle.

Vous décrire l'ambiance sur cet album… Ce n'est pas la fin du monde à proprement parler, enfin dans les clichés qu'on connaît ; ce n'est pas la grosse dépression sale dont on ne réchappe pas ; ce n'est pas non plus une chevauchée épique dans le labyrinthique Shéol ; ce n'est sûrement pas juste une savante collection de blastbeats, de superbes mélodies et de paysages ravagés par les flammes. C'est un peu tout ça en fait et même plus. À vous d'ajouter les superlatifs qui bondiront dans votre esprit, DWEF a le don de faire naître une vaste palette d'émotions aux couleurs changeantes et aux angles convexes, malgré la précision chirurgicale des musiciens.

On bourlingue ainsi de la plus puissante descente de manche au plus intimiste trémolo sur "Stellar". On a l'éclipse et la pleine Lune ; de la noirceur suffocante et tantôt, de la lumière argentée qui filtre à travers ces immenses compositions. On a du raw Black qui dépote et défoule et on a des cordes mielleuses qui nous permettent de rêver un court instant. Comme sur "Requiem" ou "Eiswanderer", qui trahissent avec grandeur cette polarité dont souffrent heureusement les Allemands. Et sur ce lit de prédation, on retrouve un chanteur qui hurle sa colère avec démence, qui souhaite sortir des sables mouvants dans lesquels ce Black impérial l'emprisonne. Ses bourreaux de choix tels que "Einkehr" et "Letzte Sonne" lui assènent de telles baffes qu'il tombe groggy en une salve musculo-lyrique. On craint alors qu'il ne se réveillera pas de ce sommeil du juste, de cette morphine de qualité suprême qu'injecte DWEF à qui veut bien l'approcher.

"Stellar", c'est avant tout une drogue qui rend ultra dépendant, dès qu'on a craqué sa coquille. La production n'est pas parfaite, sauf que c'est exactement ce dont cet album avait besoin afin de dialoguer avec justesse. Le message passe 5 sur 5, les échos nous parviennent clairement de l'abîme, des abysses intérieures que visitent les Allemands philosophes. Leur musique traduit merveilleusement cette quête existentielle qu'ils poursuivent, avec ses espérances, ses déceptions et ses mystères. Et tout cela, ils l'accomplissent avec une maturité étonnante, un don pour la nuance qui déconcerte autant que la beauté de leur créativité.

DER WEG EINER FREIHEIT a frappé rapidement l'univers métallique avec son album éponyme et il confirme sur "Stellar" qu'il est parti pour la gloire. Une tête de pipe au-devant de la concurrence. À se farcir sans ménagement, une excellente porte d'entrée dans le Black pour les nombrils verts et une valeur sûre pour les anciens.

Et pourquoi pas la sélection ? Chacun son tour et j'avais pas envie d'attendre un mois avant de vous partager ce bonbon ébène.

Podium : (or) "Eiswanderer", (argent) "Letzte Sonne", (bronze) "Repulsion".