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BLACK ATMOSPHÉRIQUE  |  STUDIO

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LUNAR AURORA - Hoagascht (2012)
Par MEFISTO le 22 Février 2014          Consultée 2690 fois

On n'y croyait plus. Des rumeurs d'un retour possible circulaient. Après "Andacht", on espérait que les Allemands trouveraient le moyen de régler leurs problèmes personnels et de reprendre le collier. C'est finalement chose faite en mars 2012, cinq ans et deux mois après leur dernier legs au monde métallique : LUNAR AURORA, groupe mythique de Black Atmo, revient dans les bacs avec "Hoagascht", gracieuseté du duo-fondateur Whyrhd au chant (qui effectue un retour après avoir raté "Andacht") et Aran à tous les instruments. Comble de malheur, depuis la sortie de ce neuvième album, LUNAR AURORA est définitivement mort (encore !), alors vive "Hoagascht" et profitez-en !

Et cela même si cet album ne vaut qu'un 7 chanceux à mes yeux, donc 3,5, malgré une chro assez élogieuse. Pourquoi ? Simple exercice de cohérence avec la disco que j'ai pondue. Pas le choix.

Dès le premier tour de piste, on remarque une chose flagrante : la facture de l'album est plus personnelle, plus intime, plus vaporeuse et rêveuse que sur les offrandes précédentes. "Mond", et surtout "Andacht", jouissaient d'une production monstre. "Hoagascht" arrive avec timidité avec ses huit plages s'étalant à mi-tempo, sous une production un peu sale, comme si Aran et Whyrhd se la coulaient douce affalés dans la forêt. Mais attention, pas un bois tout vert avec ses beautés champêtres, car on devine encore que la nuit, voire l'hiver montagnard, ont influencé le duo. Et je ne dis pas simplement ça parce qu'on entend une chouette qui hulotte, des bêtes grogner, de drôles d'esprits se manifester dans les samples ou la lourde pluie qui abonde.

LUNAR AURORA respecte simplement ses origines et nous gratifie d'un Black Atmo assez léger, tranquille et ambiancé au possible. Il y a sur "Hoagascht" une tristesse d'une intensité peu entendue dans la disco des Allemands, des complaintes forestières, de la nostalgie même. Chaque morceau contient ces trois éléments, à des niveaux différents. La dernière fois qu'on a eu droit à ces atmosphères, c'est sur "Zyklus", éloge aux quatre moments de la journée. Eh bien, on traverse aussi une longue journée sur ce nouvel opus, mais pas juste ; on franchit une ultime porte vers une recherche de beauté, on fait nos adieux à un grand groupe du Black allemand et du Black en général, on se laisse sur une note doucereuse, poétique à la rigueur. De la poésie noire, bien sûr, mais qui rime à quelque chose.

Je n'ai guère apprécié mes premières écoutes de "Hoagascht", je dois l'avouer. Mais comme toutes les créations de LUNAR AURORA, il dévoile ses secrets un à un et possiblement encore plus lentement, compte tenu du rythme sur lequel s'écoulent ses 52 minutes. La nature se dévoile peu à peu sous nos oreilles appréhensives, LUNAR AURORA prend son temps pour se rendre à son baroud d'honneur. Il chasse les nuages sans pression, nous gardant hypnotisés sous ses copieuses mélodies, qui font parfois l'effet d'une berceuse. La pochette est d'ailleurs représentative, bravo pour cela, car c'est ce sentiment de liberté, d'apesanteur, qu'on retrouvera. "Hoagascht", malgré ses quelques répétitions et ses structures redondantes, fait planer passablement, comme cette chouette ouvre ses ailes.

Mais est-ce suffisant pour mériter le septième ciel ? LUNAR AURORA a-t-il tourné les coins ronds avant de tirer sa révérence ? "Hoagascht" ne fait vraiment pas l'unanimité. Ses défenseurs vantent son caractère rêveur et mélodieux, alors que ses détracteurs le trouvent mou du genou. Je suis coincé entre l'arbre solide et l'écorce ramollie. J'apprécie les effets naturalistes et occultes qu'Aran dispose, je me prends à être touché par des pièces comme "Nachteule" et sa magnifique finale, "Geisterwoid" et sa trame épique et "Reng", assez lumineuse pour achever ce dernier vol d'oiseau de LUNAR AURORA. Les autres morceaux, comme "Im Gartn" ou "Håbergoaß", passionnent aussi, mais je ne sais pas si je me lèverais la nuit pour en remanger.

Et c'est justement là que le doute se pointe ; vais-je avoir envie de replonger dans cet univers ouaté, mais musclé, de "Hoagascht", comme je me repasse un "Andacht", un "Zyklus" ou un "Elixir Of Sorrow" sans craindre l'ennui ? Rien n'est moins sûr et même si je rends à LUNAR AURORA ce qui lui revient avec cet album bien interprété et suffisamment viandé, je ne suis pas prêt à lui donner la tape dans le dos qu'il aurait pu mériter. C'est aussi cruel que ça : je ne ressens pas cette envie d'y nager à nouveau jusqu'à l'épuisement. Vous, peut-être.

Or, je ne conseillerais pas de bouder ce plaisir, qui demeure entier. Il est toujours fascinant d'écouter un vivant qu'on n'espérait plus revenir d'entre les morts.

Note : 3,5/5.

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- Whyrhd (chant)
- Aran (tout le reste)


1. Im Gartn
2. Nachteule
3. Sterna
4. Beachgliachda
5. Håbergoaß
6. Wedaleichtn
7. Geisterwoid
8. Reng



             



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