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CULT OF LUNA - Vertikal (2013)
Par ENENRA le 14 Octobre 2013          Consultée 7243 fois

Dire que j'attendais quelque chose de CULT OF LUNA serait bien entendu vous mentir. Si on m'avait dit il y a de cela deux ans que je mettrais une note aussi élevée à un nouvel album de cette formation qui mordait bien la poussière, je vous aurais ri au nez pour être poli, fait un doigt, montré mes fesses... j'vous aurais sûrement demandé combien je gagnerais à écrire un tel torchon. Peut-être tout ça à la fois. Finalement je peux bien me la fermer ; je suis submergé.

Tellement sur le cul que je ne sais pas par où démarrer. "Vertikal" n'est pas un album de musique comme les autres. "Vertikal" ce n'est pas de la musique, c'est un paysage - et je risque de le répéter beaucoup de fois. On vous dira - pour rester dans le concept véhiculé lors des interviews, que "Vertikal" fait penser à "Metropolis", chef d'oeuvre de Fritz Lang qui n'a pas pris une ride depuis 1927. Bien. Je rejoins cet avis général puisque cet album est urbain. Ce sentiment d'urbanisme, je ne saurais mettre le doigt dessus... Bien qu'on pourra pointer du doigt un jeu de batterie plus scandé de d'habitude (qui rappellera bel et bien ici l'usine titanesque du film de Lang), c'est ces mélopées, ces bidouillages, ces voyages sonores au dessus des lumières de la ville que je retiens et qui posent le décor. Après tout, tout est question de décor dans "Vertikal", un ensemble qui avale, engloutit, immerge, submerge.

"Vertikal" me fait plus penser à "Blade Runner" en définitive. Ville futuriste encore une fois, surpeuplée, surveillée, illuminée, étouffante, éblouissante, dynamique... CULT OF LUNA nous immerge un peu dans cet univers, nous plonge dans les ruelles grises et mornes... mais pour mieux, en définitive, nous en faire décoller, nous faire prendre de la hauteur, nous faire surplomber le bordel ambiant, l'agitation des habitants, soudain très mécaniques dans leurs déplacements. Voilà ce que je retiens de ce nouvel album : "Vertikal" est la mélodie onirique dans la tête du citadin plongé dans son environnement gris. C'est la bande son salvatrice de sa vie, c'est la morne procession de ses journées moroses ponctuée de ces moments de poésie, de ces moments de solitudes tranquilles qui bizarrement font jaillir des étincelles. "Vertikal" a le pied entre deux époques. Bien entendu, officiant dans le Post Metal bien fidèle au groupe, il s'ancre bel et bien dans les années 2000 - 2010, on pourra simplement remarquer qu'en face il y a du 70s et 80s avec toutes ces bidouilles et plages de claviers toutes rétro (du moins le feeling y est) qui parsèment son déroulement (on pensera parfois à une bande d'Allemands et leur fameuse chanson "Metropolis", comme par hasard).

Finalement, "Vertikal" est cinématographique. Dès le début on le sent, c'est le réveil de la ville, les sirènes qui se mettent à tourner, les lumières qui s'allument et le regard qui porte au bout de la nuit. Ca y est je suis lâché. "The One" conquis très vite et prépare très bien le terrain pour l'arrivée en fanfare du premier titre "I: The Weapon" qui va venir synthétiser toute la nouvelle recette du groupe. Les Suédois disent Adieu à leur musique qui étouffait, étranglait, asphyxiait (c'est bon on a fait le tour) l'auditeur et va nous ouvrir les poumons sur une production qu'on n'aurait jamais imaginée aussi aérée, aussi profonde. L'espace que balaie la musique de "Vertikal" est assez phénoménal et ne fait que renforcer cet aspect très visuel de la chose avec cette profondeur de champ quasi infinie. Vient se greffer une mélodie toute kitschouille réalisée au clavier ou à la guitare en tapping, bidouillée à mort... on finit très vite de se poser ce genre de question purement technique au fil des écoutes vu comment le groupe a pas mal chiadé sa post-production (le son de basse sur cette piste ou d'autres est par moment, vraiment méconnaissable, très synthétique mais à la fois très intéressant dans sa texture). Le titre se déroulant, le groupe nous confirme qu'il n'a pas oublié depuis toutes ces années la science du riff (direction "Mute Departure" pour réapprendre la vie) et de la construction des morceaux. Alternant passages futuristes déjà évoqués, grosses guitares et long final tout plein de poésie avec solo de guitare et notes au piano toutes aériennes et juste splendides. Je pense que la recette est assez bien comprise.

Il ne faut pas chercher dans "Vertikal" un album à la technique de taré, je ne dirais pas non plus qu'il y a du feeling — du moins pas le "feeling" dont on parlerait si on était ici en train de discuter du génie d'un groupe de Hard ou Rock Psychédélique des années 60 — mais plus un onirisme qui te serre le cœur, te fait relever la tête sous le lampadaire et te fouette le visage comme un bon vent glacial. Prenons les soli de guitare, ils sont simplement justes, mais n'allez pas y chercher une quelconque technicité de premier de la classe dedans (mention à celui qui suit la séance de wooble de "Vicarious Redemption"). CULT OF LUNA sort non seulement un album qui transporte mais se paie également le luxe d'être bigrement audacieux dans leur discographie. C'est vraiment nous prendre à contre pied et surprendre un peu son monde que de faire preuve d'autant de savoir-faire en matière de composition. Sans compter le pari osé qu'ils font de renforcer encore une fois l'élément "Musique Électronique" de leur cocktail, et qui peut mener à des pistes comme "The Sweep" absolument pas à côté de la plaque, venant compléter le propos et s'inscrire dans le concept très urbain de l'album de manière très naturelle. Urbain et imaginaire, on a compris l'orientation de cet album. Du chant de baleines sur "Vicarious Redemption" aux scintillements du titre bonus absolument pas dispensable, en passant par les nappes de clavier centrales de "Synchronicity", la splendide mélodie (sûrement réalisée à l'e-bow) de "In Awe Of" ou encore le fourmillement introductif de "Mute Departure", tout est là pour créer un paysage, donner encore plus de perspective à l'ensemble et te plonger dans un cadre palpable, sensoriellement présent, et où tu aimeras revenir.

Je m'arrêterai là. Déjà parce que je commence à effriter un peu l'objet et puisque le plaisir est également retiré de la découverte de toutes ces petites merveilles, de ces ajouts à droite, à gauche, qui te prennent par la main et te font voir toujours d'un peu plus haut l'agitation des phares allumés. Parce que "Vertikal" c'est un peu aussi la vue aérienne et solitaire d'une mégalopole asiatique (Singapour, Hong Kong, vous voyez le tableau) en pleine agitation, le regard de l'homme tranquille face au bouillonnement de ses semblables et le cœur qui se serre pour rien du tout face aux lumières de la civilisation en quête de tout et de rien à la fois. On notera d'ailleurs que sept ans plus tard, le groupe arrive enfin à marier le morne à la poésie sur un "Passing Through" tout à fait "juste".

Pour conclure donc : "Vertikal" un opus audacieux qui redistribue les cartes sur la table et fait voir le groupe suédois sous un autre jour. Un jour froid et gris comme la ville mais parsemé de passages étincelants qui en foutent plein les mirettes et te font planer entre les buildings allumés, prenant toujours plus de hauteur au dessus de la foule d'automates, traversant le grand espace te séparant des étoiles, aux sons de la ville. Ça paraît rien comme ça, mais en fin de compte on regarde la galette et on se dit que merde, on tient quand même quelque chose de très fort.


My gaze ascends, never ends.

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- Johannes Persson (chant, guitare)
- Fredrik Kihlberg (guitare, chant)
- Anders Teglund (claviers, programmation)
- Thomas Hedlund (batterie)
- Andreas Johansson (basse)
- Erik Olofsson (guitare)
- Magnus Lindberg (percussions)


1. The One
2. I: The Weapon
3. Vicarious Redemption
4. The Sweep
5. Synchronicity
6. Mute Departure
7. Disharmonia
8. In Awe Of
9. Passing Through
10. The Flow Reversed (bonus Track)



             



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