Frais, ensoleillé, KVELERTAK est le groupe qui a la capacité de remplacer vos vieux disques de Hard Rock sur l'autoroute en plein été alors que la sueur dégouline de vos cheveux qui s'entremêlent en rythme. Trois ans après un premier album plus que prometteur, les Norvégiens reviennent pour nous dévoiler "Meir", leur toute nouvelle création aux tons pastels signés une nouvelle fois John Baizley.

Je vous le dis tout de suite, ma première écoute m'a déçue. Après un premier album éponyme innovant, Rock'N'Roll, extrêmement puissant, je me suis retrouvée face à "Meir" qui poursuit la même route, mais qui perd en intensité. N'oublions pas que cette fois-ci, KVELERTAK signe chez Roadrunner Records, preuve que le groupe plaît, mais les sonorités de leur musique se retrouvent changées. Mauvaise foi ou non il reste à le découvrir, mais pour moi ce changement de label s'entend, comme une volonté de fond qui essaie de transformer le groupe, le rendre plus "pro". Et on n'en avait aucunement besoin.

Rien que le premier morceau le prouve, il y a une intro. Intro peu utile, d'ailleurs, mais.. depuis quand un groupe comme KVELERTAK prend le temps de faire une véritable intro comme celle-ci ? De plus, si chaque titre se retrouve être un petit tube comme c'était déjà le cas pour l'album éponyme, les mélodies ne restent pas pour autant dans la tête pendant des heures (avec une petite exception à faire pour "Bruane Brenn").
Quand je parlais de sonorités changées, le mixage est également différent, on remarque largement moins l'agressivité des riffs qui ne sont pas aussi valorisés qu'ils ont pu l'être par le passé, ce qui fait perdre une bonne part du groove accordé aux premiers titres de KVELERTAK.
On remarque également un petit essai pour moduler le chant, le rendre plus varié : ce n'est pas toujours totalement réussi. Certains passages en clair ne s'entendent quasiment pas, le chant Black paraît moins spontané et moins brutal, et tombe parfois même dans un screamo carrément chiant. Ça ne colle pas du tout à l'image de KVELERTAK.
Et le titre "Undertro", avec son chant aigu improbable qui tourne au Heavy sale sur une instru Black, je suis désolée mais non, ça ne fonctionne pas.

Néanmoins, le groupe ne laisse pas tout tomber, et la majorité des titres réveilleraient un sourd.
D'abord le méga-tube "Bruane Brenn" qui anime ce début d'album avec son refrain mélodieux et entêtant à la "Mjød" ou "Sultans Of Satan". Un gros coup de cœur, on y retrouve vraiment l'esprit KVELERTAK qu'on connaît, fun et sans prise de tête.
Ce genre d’impression se retrouve tout de même sur quelques titres, par exemple "Snilepsik" et son passage surprenant qui sort de nulle part et nous met une belle claque dans un chant juste fou et une instru metal groovy qui sort de nulle part, et déjà "Spring Fra Livet" ou LE morceau plein de vie qui respire les fleurs qui s'ouvrent et les petites abeilles (en concurrence avec l'éponyme tout de même). Ouais, cet album pue le printemps.

Mais sur "Meir", les Norvégiens montrent qu'ils sont à l'aise dans plusieurs branches. Quelques légères innovations se laissent entendre, sans pour autant prendre le risque de s'éloigner de l'univers que le groupe s'est créé. "Evig Vandrar" nous montre comme ils peuvent privilégier un chant quasi-clair (oui, enfin, gueulé en mono-note) pendant presque tout un morceau, s'éloignant ainsi de ses habitudes. "Månelyst " le Ténébreux rend hommage au cinéma d'épouvante dans son clip, et précède "Nekrokosmos" qui puise ses influences dans le Black Mélodique comme dans le Stoner, amenant une outro peu sérieuse et bien originale. On en vient même à se demander si KVELERTAK se mettrait pas à faire dans le Prog. "Tordenbrak" en est une preuve de plus.
Seul le titre "Trepan" s'avère être peu original, avec son riff recyclé du titre "Ordsmedar av Rang" du premier album, mais encore et toujours efficace.

Rien n'a servi d'espérer un double démoniaque de "Kvelertak", il ne pouvait en résulter qu'une déception une fois la surprise de la découverte effacée. "Meir" n'est pas la suite parfaite qu'on se plaisait à imaginer, et c'est tant mieux. Sans perdre son inspiration, KVELERTAK ne cesse pas de nous offrir ce qu'il sait faire de mieux: du concentré de rock n' roll extrême qui fout la pêche.

Note réelle : 3,75 pour être précise.