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BLACK ROCK  |  STUDIO

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2010 Kvelertak
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2016 Nattesferd
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KVELERTAK - Nattesferd (2016)
Par CANARD WC le 11 Juillet 2016          Consultée 6390 fois

Parce que Black c’est Black il n’y a plus d’espoir comme le chantait l’autre, plongé dans l’obscurité la plus opaque, le genre a presque tout dit et tout a été plus ou moins tenté. Du plus extrême, au plus mélodieux en passant par le fantasque ou l’intransigeant, toutes les nuances ont déjà été exploitées et la majorité des groupes de Noir Metal sont à ce jour condamnés à repasser sur les mêmes sentiers balisés, à faire des tours sur eux-mêmes en se déclarant tous plus « evil » les uns que les autres. Donc soit on fait abstraction de cela, on s’en contente, on s’en repaît jusqu’à plus soif ; soit on explore d’autres facettes plus ou moins sombres en pariant sur une nouvelle aventure en terre noire inconnue.

KVELERTAK est de ceux-là, de ceux qui assemblent entre elles des pièces de puzzles différentes, de ceux qui aiment changer les dosages, varier les ingrédients et mettre des coups de pieds dans l’establishment d’un genre ultra codifié. Depuis le départ, la formation avait déjà cette petite tendance à faire du Black mais pas tout à fait (qui a dit Anthracite Metal ?) pour des résultats étonnants, déroutants parfois. Ainsi poussent-ils le bouchon un poil plus loin encore avec ce "Nattesferd" qui n’en finit pas de déconcerter et de ravir à la fois. Tout l’intérêt de l’album, en quelque sorte.

Ça commence comme du MGLA avec un "Dredofil" aride de chez Sahara. KVELERTAK ouvre le bal avec son titre le plus totalitaire, intransigeant, sans concession aucune et soutenu par un tempo de malades mentaux. Une façon comme une autre de rappeler de façon liminaire de quoi on cause, le « voyage » débute donc dans un paysage d’encre, de désolation conforme à ce qu’on pourrait attendre d’un énième groupe de Black Metal énervé. Alors on s’attend à d’autres giclées du même ordre et "1985" déboule, on a l’impression d’écouter une sorte de NIGHT FLIGHT ORCHESTRA avec une sorcière enrouée au chant. Black et Rock à la fois, plus ou moins. Riff super, chœurs, envie de jouer avec un « air ». On est passé en l’espace de deux titres, de l’intimidation à l’entraînant. Puis le titre éponyme nous confirme l’étrangeté du premier enchaînement : KVELERTAK donne carrément dans une sorte de Stoner dérangé, chaînon manquant entre KYUSS et MARDUK. Délectable avec cette voix d’écorché. Et le Black Metal est renvoyé encore un peu plus loin, à des confins inhabituelles ... et on comprend surtout que le groupe s’amuse, joue des co(u)des pour rendre tout étiquetage casse-gueule.

Ce parti-pris de l’hétérogénéité est forcément osé, clivant. Risque de perdre l’auditeur, risque de n’importe quoi, risque surtout d’écouter un brouillon de toutes sortes de choses. Sauf que "Nattesferd" réussit son coup à chaque fois avec neuf nuances de gris (et non pas « 50 nuances de Grey », je vous vois venir, c’est pas drôle) grâce à sa force de composition, le sens du refrain et toutes sortes d’idées parfaitement articulées entre elles tout au long de l’album. Seul dénominateur commun : cette voix, si caractéristique, ce chant hurlé, rauque, un rien étouffé qui fera le tri, restera la seule balise « audible » de cette appartenance à la cause Black. Que KVELERTAK ralentisse gentiment le tempo, flirte même avec le « tube » ("Ondskapens" : à écouter de toute urgence), il y aura toujours ce cri irréel, cette souffrance latente, ce totalitarisme qui ne s’adresse qu’à nous autres Metalleux, qui rappelle à chaque instant que la Bête n’est jamais très loin mais reste néanmoins à des années lumières des bandes FM et autres MTV de merde (qu’on encule). En ce sens, "Berserkr" fait davantage office de mémorandum plus qu’autre chose, un rappel que tout Black qu’il puisse paraître, KVELERTAK sait aller et venir, entrer et sortir des frontières du Mordor. A ce petit jeu, le groupe excelle de bout en bout, se montre superbe dans l’audace.

Audacieux, parfaitement. Et ce, jusqu’au bout de la nuit, jusqu'au dernier riff. Du riff de la nuit, oui, si vous voulez. On pensait avoir compris la leçon quand KVELERTAK enchaîne et conclut coup sur coup avec deux titres incroyables. "Heksebrann" avec sa longue introduction, ses presque dix minutes de variation, n’en finit pas d’explorer, de jouer avec le même air accrocheur, alternant arpèges, chœurs et hurlements. Ni vraiment Stoner, certainement pas Prog. Sans doute le meilleur titre de l’album, parangon de son originalité. Toujours coincé entre une aridité dont il se pare et la recherche de nouveaux horizons. On se mange cette épopée Black en terre inconnue, on déguste tout en se demandant comment le groupe va réussir à tirer sa révérence. Réponse en moins de cinq minutes avec ce "Nekrodamus" qui sonne comme du MONSTER MAGNET d’outre-tombe. Ailleurs, définitivement, jusqu’au bout, jusqu’à la dernière seconde. KVELERTAK fait toutes les concessions, sauf une – la plus importante, celle du chant – pour s’autoriser un nouveau voyage, unique et hors des sentiers battus et rebattus du genre.


Ce paysage qui va défiler durant plus de trois quarts d’heure, alternera tant de choses, tant d’envies et d’idées… que non Johnny, si noir c’est noir, il peut y avoir de l’espoir. Celui de voir le Black évoluer autrement, étrangement, magnifiquement, être capable de laisser par moments un rai de lumière transpercer la nuit pour rendre l’obscurité plus profonde encore.

Note : 4/5.

Morceaux préférés : "1985", "Heksebrann", "Nekrodamus".

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   CANARD WC

 
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- Erlend Hjelvik (chant)
- Vidar Landa (guitare, piano)
- Bjarte Lund Rolland (guitare)
- Maciek Ofstad (guitare, chant)
- Marvin Nygaard (basse)
- Kjetil Gjermundrød (batterie)


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2. 1985
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