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BLACK FOLKLORIQUE  |  STUDIO

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- Membre : Astaroth, Christicide, Peste Noire, Sacral Night
 

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AORLHAC - La Cité Des Vents (2010)
Par DOLORÈS le 14 Décembre 2012          Consultée 4697 fois

Quand le beau folklore d'AGALLOCH rend vos écoutes trop calmes, lorsque vous cherchez plus underground que TAAKE, quand PESTE NOIRE ne suffit plus... Il y a AORLHAC : un de ces groupes trop peu connus avec pourtant un talent incontestable.

"La Cité Des Vents" c'est un peu un cours d'histoire en musique. Laissez-moi vous expliquer, et présenter ce groupe atypique. Voyez du Black plutôt mélodique mais accrocheur et sale, rajoutez une bonne dose de sonorités folkloriques, saupoudrez du patrimoine culturel médiéval d'Occitanie et vous avez AORLHAC qui, en occitan, est la ville d'Aurillac d'où viennent la plupart des membres du groupe.

Sur une trilogie d'albums, la volonté du groupe est de partager une certaine passion de leur pays. "À La Croisée Des Vents" annonçait déjà la couleur, celle des vieilles pierres noircies et poussiéreuses des architectures féodales, empruntée au passé et aux légendes de l'Occitanie. Le principe se poursuit sur "La Cité Des Vents" (qui évoque là la ville de Saint-Flour, un des thèmes des morceaux). Le partage de cette fierté et de ces connaissances passe aussi par le choix de l'artwork, on est là face à "des soldats pénétrant dans la cité des vents lors de la guerre de cent ans" comme l'a dit Ash (basse) en interview. Ses tons sombres et vermeils évoquent tout simplement le sang et la destruction, thèmes très largement utilisés dans les paroles. Entre histoires sanglantes de guerre et de cathares, et légendes morbides, le groupe montre une certaine richesse dans ses textes, sans tomber dans la simplicité. On a là quelque chose de plutôt narratif, et intriguant pour les curieux qui, comme moi, ne connaissent rien de l'histoire de ce pays.

C'est donc une voix bien Black, plutôt aiguë et âcre, qui nous narre "Le Bûcher Des Cathares" ou "Les Enfants Des Limbes", entre réalité historique et fictions légendaires d'Auvergne. Le chant de Spellbound est largement maîtrisé, mais pas forcément simple à écouter pour une oreille novice en Black Metal. Il se rapproche parfois de celui de Famine (PESTE NOIRE), d'autres fois rappelle Høest (TAAKE). En résumé, ça crache des tripes. Au niveau de l'intonation, c'est assez impulsif, dans le style possédé à petite dose. Ça rend la voix assez vivante et parfois même théâtrale, ce qui est rare dans un groupe folklorique. Une sorte d'ultra-expressivité sans être lourde. Ce point permet de contraster avec les instruments ultra calés, et une assez bonne production pour un petit groupe. Néanmoins le son reste poussiéreux comme on l'attend, en gardant une certaine qualité qui met en avant l'importance des mélodies.

Au niveau des compositions, on a là un point important : de l'originalité et de la complexité. Que ce soit dans l'intonation du chant, dans le jeu de batterie surprenant et marqué, ou dans l'utilisation modérée de la guitare sèche et de violons. Je pointe malgré tout un défaut, la faible valorisation des parties de basse. Pourtant, elle est souvent utile, je pense à "La Comptine Du Drac" où on l'entend vraiment bien et où elle est mise en avant sur une partie. Mais sur d'autres morceaux, on l'entend trop peu, alors qu'elle pourrait ajouter la touche qui manque, et qui pourrait compléter les riffs qui sont quelquefois lisses. Leur son peut parfois rester fade, des moments ultra entraînants auraient mérité un peu plus de complexité, on pense AORLHAC capable de mieux grâce à d'autres passages qui montrent les capacités de composition du groupe.

Un des morceaux les plus marquants de l'album par exemple, "Le Miroir Des Péchés", on ne peut pas dire que les parties de guitare de la première partie du morceau soient très compliqués... Pas que je dise que la complexité fait tout, mais il y a des fois où la simplicité ne fonctionne pas totalement. On est rassuré par la suite, les riffs se font entraînants et dévastateurs sur une batterie déchaînée, avec des mélodies simples mais efficaces, un rythme assez rapide accentué par la manière de chanter de Spellbound qui me donne l'impression de quelqu'un qui a énormément de choses à dire et toujours trop peu de temps pour les exprimer.

J'ai parlé de morceaux marquants, en fait la plupart des morceaux gardent les mêmes qualités, ainsi "Le Bûcher Des Catares", "Sant Flor, La Cité Des Vents" ou "Plérion" sont purement entraînants et j'oserais même dire jouissifs. Pas de prise de tête, juste du bon. Mélodieux et folklorique comme toujours, mais aussi haineux et violent. Rarement sombre ou triste, sans être joyeuse la musique d'AORLHAC est enjouée, un peu grimaçante. Elle se veut puissante avec quelques notes de mélancolie. Une chose est sûre, ça donne la pêche.

Si le groupe a une musique finalement assez violente il sait aussi faire plus subtil avec les mélodies et les passages acoustiques, mais aussi certains textes. Ceux de "Plérion " sont en effet assez poétiques avec comme premiers vers : "Je suis une étoile mourante, retirée de ce ciel sans couleur / Maintenant perdue à jamais, parmi tant d'autres douleurs". Sans être exceptionnel, c'est appréciable de voir des efforts dans les paroles surtout pour un groupe qui se permet un chant en français.

La seule exception est la Bonus Track, une reprise du morceau "Over Bjoergvin Graater Himmerik Part IV" de TAAKE (qui est une des premières influences d'AORLHAC, tout comme on pourrait citer ULVER, PESTE NOIRE et j'y verrais même SETH) chantée en anglais, donc. Le morceau fait honneur au groupe culte du Black Metal, refaçonné à leur sauce sans être transcendant.

A vrai dire, quasiment tous les titres sont marquants. Je pense à la sixième piste, qui a mis plus de temps à se faire apprécier lors de mes écoutes de l'album. "Les Enfants des Limbes" est subtil. Pas spécialement original d'abord, on se rend finalement compte que tous les éléments sont à leur place, que le morceau est mûr. En milieu de morceau, on a droit à une très belle partie acoustique qui met en place un instant de sérénité et de simple beauté. En un instant, les chevelus armés d'instruments électriques se transforment en troubadours. Avant de revenir nous cracher leurs sonorités métallisées et médiévales sur un refrain entraînant et puissant. Le groupe n'a nul besoin de s'embarquer dans une multiplicité d'instruments folkloriques, ils savent mettre en place leur ambiance à l'aide de guitare sèche et d'une petite dose de violon.

J'ai eu le même déclic tardif avec le morceau "Vers Les Honneurs" qui est en fait une petite merveille. Avec la progression interne du morceau, on se rend compte de l'unicité de la musique d'AORLHAC. De la puissance, une basse bien dosée, un chant qui rappelle celui de Black Messiah (SETH) sur la fin, une forte influence de TAAKE évidente, sans copier, des passages plus lents et assez simples mais qui fonctionnent cette fois-ci : une belle réussite.

Même si le groupe aurait pu faire mieux, il est évident que cet album montre tout le talent des auvergnats et leurs compositions matures et originales. Oui, le concept était inédit, mais ils ont su miser sur autre chose que ce point : il n'y a pas qu'une apparence alléchante du folklore occitan, il y a tout un monde construit sur des fondations solides, et des sonorités qui fonctionnent superbement bien. AORLHAC cache comme un monstre talentueux qu'il ne laisse pas encore assez sortir et exploser. On avait déjà une belle réussite sur le premier album, on est en droit d'espérer une véritable bombe pour l'opus final de la trilogie.

Note réelle : 3,5.

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   DOLORÈS

 
  N/A



- Nks (guitare, batterie, chœurs)
- Ash (basse)
- Spellbound (chant)
- K. (violon sur sant flor)


1. A La Croisée Des Vents Ii
2. Le Bûcher Des Cathares
3. Plérion
4. Le Miroir Des Péchés
5. Sant Flor, La Cité Des Vents
6. Vers Les Honneurs
7. La Comptine Du Drac
8. Les Enfants Des Limbes
9. Over Bjoergvin Graater Himmerik Part Iv (taake's C



             



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