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BLACK FOLKLORIQUE  |  STUDIO

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AORLHAC - L'esprit Des Vents (2018)
Par T-RAY le 17 Septembre 2018          Consultée 5812 fois

Écouter un album d’AORLHAC, c’est un peu comme écouter un conte traditionnel, narré par un chansonnier. À chaque fois qu’on l’entend, on y décèle un élément signifiant, un petit quelque chose de nouveau, auquel on n'avait pas prêté attention et qui, finalement, fait sens. Et tout comme un tel conte peut être compris différemment selon l'âge de la vie auquel il nous est raconté, un disque d’AORLHAC révèle de petits trésors de musique selon les moments où on le joue. C'est encore le cas, et plus que jamais, sur "L’Esprit Des Vents". Le grand soin apporté à la production de ce troisième opus studio, dense et aérée à la fois, y est évidemment pour beaucoup, même si la basse pourrait être mise un poil plus en avant dans le mix final. Un détail qui ne ternit en rien la superbe qualité du travail de ces véritables troubadours Black Metal du Cantal, dont le volet final du triptyque "des Vents" s’est abattu sur nous en cette année 2018.

Dix ans après "À la croisée Des Vents" et huit après "La Cité Des Vents", et surtout après une séparation entre 2010 et 2017, c’est donc "L’Esprit Des Vents" que le label Les Acteurs de l’Ombre a permis au quartette auvergnat d'invoquer, déchaînant par là-même une tempête dévastatrice. Avec cette huitaine d'années de recul, en effet, AORLHAC est revenu encore plus puissant qu’avant. Ne serait-ce que grâce à l’apport du véloce et métronomique Ardraos (ex-PESTE NOIRE) derrière les fûts. Nul besoin de citer un titre en particulier, le Bourbonnais d’origine est omniprésent et, de son jeu authentique, offre aux avalanches de guitares de Lonn (dont c’est également le premier album avec le groupe) et de NKS l’appui rythmique qu’elles méritent.

Le travail des guitares des deux hommes est remarquable à de nombreux points de vue. Je dois d'ailleurs reconnaître que si l’on est familier de la façon de gratter et de riffer d’AORLHAC, il ne faut pas plus de trente secondes d'écoute pour savoir que l’on est chez eux. Leur sens de la mélodie est aiguisé, tranchant. Celui de l’agression, prononcé. Je dois dire, en outre, qu’assez peu de groupes de Black Metal me donnent tant le sentiment de faire sonner leurs guitares électriques comme des ménestrels feraient jouer leurs vielles à roue. Quelle maîtrise du tremolo picking pour en arriver là ! Sans un seul instrument ancien, sinon durant quelques mesures sur "Infâme Saurimonde", la musique des Cantalous respire pourtant le Moyen-Âge par tous les sons, ou presque. Là encore, nul besoin d’évoquer un titre précis tant ils nous transportent tous, ou presque, quelques siècles en arrière entre monts et causses de l’Auvergne historique.

Je vante leurs riffs Black Metal, ébouriffants comme les écirs qui balaient les plateaux du Massif Central, mais comme je le soulignais en préambule : AORLHAC a toujours des surprises à dévoiler à chaque écoute. Revenu encore plus subtil que par le passé, le groupe distille de superbes soli Heavy par-dessus ses rafales Black Metal. Écoutez-donc "La Révolte Des Tuchins", épique à souhait, le rude "Mandrin, L’Enfant Perdu" ou le plaintif "Une Vie De Reclus" pour vous en convaincre. Quand ce ne sont pas les riffs eux-mêmes qui se font Heavy. Bien noirs mais Heavy néanmoins ("Infâme Saurimonde", "La Procession Des Trépassés"). Ou plus Thrash, même ("Ode À La Croix Cléchée", l’ouverture de "Les Méfaits De Mornac", les 90 premières secondes brutales de "Mandrin, L'Enfant Perdu").

Et la douce façon dont les deux six-cordistes passent d’un Black pur et dur comme le roc à un Heavy/Black épique ("L’ora Es Venguda", sublime et marquante) ou à un Black/Thrash mordant, comme "Les Méfaits De Mornac" – encore lui – en fait la superbe démonstration, est remarquable. Les grincheux qui écouteront distraitement l’album reprocheront peut-être aux duettistes de miser toujours sur les mêmes recettes pour bâtir leurs riffs et composer leurs morceaux, mais ils auront tout faux car il faut accorder plusieurs écoutes attentives à "L’Esprit Des Vents" pour qu’il nous ravisse de sa variété, cachée sous un aquilon quasi permanent. Si je viens de passer quasiment trois paragraphes à célébrer la beauté du travail guitaristique d’AORLHAC, et presque un entier à féliciter son nouveau batteur de s'être joint à la troupe occitane, il faut tout de même rendre hommage au chant de Spellbound, au diapason de l’atmosphère de l’album.

Tous ces thèmes plus ou moins célèbres de l’Histoire auvergnate et du Languedoc plus généralement, la grande comme la petite, et dont les titres trahissent le contenu (lisez les textes, riches et très sombres, puis allez faire vos propres recherches, c’est passionnant), enrichissent puissamment le concept du triptyque "des Vents" et l'identité-même d'AORLHAC, qui transparaît dans les élans vocaux de Spellbound, au registre bien plus étendu que par le passé. Souffrance, haine, nostalgie, colère, revanche : tous les sentiments des protagonistes des morceaux passent par sa voix. Le vocaliste, qui semble perché sur sa colline et hurler au loin à qui voudra, ou saura l’entendre, semble être lui-même la voix de cet esprit des vents qui donne son titre à l’album. Un esprit régionaliste qui glorifie dignement son Auvergne natale et donne envie de la parcourir à sa suite, dans toutes les directions vers lesquelles il nous paraît souffler.

Le souffle, justement : c’est le mot ! Le mot juste qui inspire AORLHAC sur cet ultime épisode de sa trilogie tempétueuse, malgré une longueur – une heure tout de même – qui met au défi même les plus ardents arpenteurs des sentiers du Metal Noir. Un souffle déjà sensible, quoique fébrile, sur "À la croisée des Vents" et dont l'énergie faisait claquer les oriflammes de "La Cité Des Vents", mais qui a enfin atteint sa pleine puissance en 2018. "L’Esprit Des Vents", comme tout esprit digne de ce nom, peut vous hanter bien vite si vous daignez lui ouvrir votre âme. L’artwork, mystérieux et nocturne, signé Stan W. Decker aura commencé par ravir vos yeux. Mais c’est bien la musique que renferme l’ouvrage qui aura tôt fait de vous posséder. Et de vous emporter définitivement.

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   T-RAY

 
   POSITRON

 
   (2 chroniques)



- Spellbound (vocaux)
- Nks (guitare)
- Lonn (guitare lead)
- Ardraos (batterie)


1. Alderica
2. La Révolte Des Tuchins
3. Infâme Saurimonde
4. Ode à La Croix Cléchée
5. 1802-1869 | Les Méfaits De Mornac
6. Mandrin, L'enfant Perdu
7. La Procession Des Trépassés
8. Une Vie De Reclus (quand Les Remparts Ne Protègent
9. L'ora Es Venguda
10. L'esprit Des Vents



             



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