Oui, il y a un GOD DETHRONED non possédé par la guerre. J'y croyais pas, naïf que je suis, mais surtout parce que les deux derniers albums des Néerlandais imageaient merveilleusement bien les deux plus importants conflits armés du XXe siècle. Et là, comme un con, je découvre que ces "Passiondale" et "Under The Sign Of The Iron Cross" sont plus une parenthèse dans la prolifique carrière du groupe (9 albums depuis 1992). Certes, la guerre a toujours été une épice essentielle à sa musique, mais pas à cette hauteur.

Alors qu'allais-je découvrir en prenant le chemin inverse ? En matant la pochette, je suis aux antipodes des explosions et des raids aériens. Une saloperie de seringue fichée dans un cou, le tout sous des teintes glauques dégueux. Du Death dépressif peut-être ? Mais non… C'est toujours la même formule, enfin celle que je connais, moi qui n'a pas rencontré GOD DETHRONED au berceau, comme vous savez. Du gros Death blackisé mélodique sans fioriture, construit simplement sur un riff efficace et une section rythmique aussi balèze qu'un champ de Panzer.

Sans le vouloir, coïncidence ou non – de manière intrinsèque dirons-nous – GOD DETHRONED évoque la guerre. C'est ce que j'imagine en écoutant chacune de ses compositions. Je suis sûrement influencé par mon léger bagage du groupe, mais si je compare la lourdeur de son Death à celui d'autres combos que j'affectionne et dans lequel je sens la mort à cent lieues, ici, j'entends le bourdonnement post-traumatique résonnant dans les oreilles du soldat.

Ok, on pourra dire que ça s'acoquine à la Suède de par le groove, HYPOCRISY notamment, mais c'est indubitablement plus proche de la Pologne pour moi. Dans la froideur, la dureté, la haine, heureusement contrebalancée par un visage mélodique plus universel. Quand il montre le bout de sa truffe, l'auditeur aura l'embarras du choix pour effectuer ses comparaisons, mais quand le tank GOD DETHRONED gratte à qui mieux-mieux et consolide le ton (putain, cette basse et cette deuxième guitare forment une de ces bombes !), on est dans un no-man's land inhospitalier.

Ce qu'il y donc d'intéressant (ou non) avec GOD DETHRONED est qu'il produit des albums assez homogènes. Le riff pesant est son maître-étalon, pas la recherche de tube. Nombre de groupes utilisent cette formule et j'adore. Ça nous change des albums inégaux dont on ne retient que quelques morceaux. GOD DETHRONED est constant et ce "Toxic Touch" en est la preuve. On comprend aussi la ligne que voulait suivre Henri Sattler avec les skeuds suivants : du Death corrosif et guerrier haletant du début à la fin de la galette.

Oui, ça se ressemble parfois beaucoup, l'homogénéité ayant ses désavantages. Vous devrez donc choisir votre camp : soit vous êtes prêts à vous farcir de la redondance de qualité en sacrifiant de l'originalité, soit vous allez jouer ailleurs ! Ou… il y a toujours le dernier HYPOCRISY ou le dernier GOD DETHRONED, mais avec ces pièces telles que "2014", "Falling Down", "On Wings Of Pestilence" et "Macabre World", ce "Toxic Touch" empoisonne comme il faut.

Je suis toutefois incapable de lui donner 4, car il me manque une signature pour vraiment classer GOD DETHRONED dans une niche unique.

Note : 3,5/5.