Vous me connaissez ; quand je vois les mots Death et Pologne accolés, je ne peux résister, je dois jeter une oreille. Que ce Death soit accouplé avec un Black crado, un Thrash venimeux ou des bidouillages/orchestrations parfois douteux, parfois efficaces.

Il s'agit seulement d'un quatrième album pour ces vétérans, dont la créature a été mise au monde en 1991. Alors, ne ratez rien de ces 39 minutes qui passent à une vitesse foudroyante. Aussi brusque que l'approche des Polonais, qui utilisent une formule classique pour déverser leur colère, c’est-à-dire du riff bien gras et des soli dantesques embellis par une production au poil. Ajoutez à cela une aura du passé, propre à toutes ces formations issues des 90's.

Or, s'il possède les mêmes armes que ses talentueux homologues creuseurs de tombes, NEOLITH s'en démarque grâce à un instrument que j'affectionne particulièrement : le synthé. Ce sixième membre du groupe est évidemment celui qui détonne le plus dans ce paysage mortel. Rarement entend-on du pianotage dans du Death de cette teneur, qui est à des lieues d'un Death Mélo sympathique. Surtout que le synthé est parsemé sur les compos des Polonais, il ne lie rien du tout. Une note par ici, une note par là, on jette une ambiance en deux secondes ou on s'énerve dans un petit délire passager comme sur "Chariots Of The Gods", qu'on pourrait jouer dans une boîte underground pour revenants.

Dès qu'on apprécie le jeu solide des guitaristes, appuyés par un bassiste loin d'être manchot, on retiendra surtout ce synthé souvent anecdotique qui, sans se tromper, permet à NEOLITH d'espérer distancer ses poursuivants. Pas nécessairement dans une classe à part, mais dans une catégorie unique, celle du Death à tendance Black dont les créations sont pimentées d'atmosphères bizarroïdes, qui pour plusieurs, seront comparables au supplice de la goutte. Les autres, comme moi, souriront et diront « enfin, un truc différent, un groupe de Death qui ose. »

Ça, c'est comment NEOLITH se distingue. Mais pourquoi "Izi.Im.Kurnu-Ki" ne nous reste-t-il pas en travers de la gorge ?

Car l'album ne souffre d'aucune longueur et surtout, ne peut être taxé de linéaire. Et pas simplement en raison du synthé, c'est davantage la lourdeur et l'originalité des riffs et des mélodies qui démantibulent nos cellules. Les champions démolisseurs se retrouvent évidemment sur le podium, mais je dois avouer que chaque pièce de cette scie ronde tranche des têtes à sa manière. L'ensemble demeure assez accessible, simple comme formule, mais les Polonais frappent si sévèrement que notre attention est attirée rapidement. Et là, je dois m'avouer vaincu, l'hameçon me déchire cruellement le palais en me faisant saigner de partout tellement je suis devenu accroc.

NEOLITH m'a offert un divertissement de grande classe avec son "Izi.Im.Kurnu-Ki", un hommage à En-Ki, Dieu de la Terre descendu des étoiles. Attention de ne pas devenir dépendant à cette came, car vous aussi vous verrez des étoiles !

Vive la Pologne… encore une fois !

Podium : (or) "Of The Angel And His Orison", (argent) "Enlil", (bronze) "Chariots Of The Gods " et "Are We The Lost Ones?".