Palais de Justice de Paris, une matinée d’hiver, 23ème chambre correctionnelle. Max et Igor Cavalera passent aujourd’hui en comparution immédiate. Assis dans le box des accusés, ils n’ont pas l’air de comprendre pourquoi ils sont là. La présidente arriva dans la salle, et leur rappela pourquoi: « Messieurs Cavalera, vous comparaissez aujourd’hui devant le tribunal pour tentative d’escroquerie avec votre dernier album, "Blunt Force Trauma" ». Les prévenues haussèrent les épaules, et échangèrent quelques mots en portugais.

Oui, le premier album de CAVALERA CONSPIRACY nous avait mis une bonne grosse claque, avec des compos brutales, assez inspirées, et en tout cas efficaces. Ici, ce n’est plus vraiment le cas. Le groupe donne l’impression de s’être perdu en route. "Killing Inside", le single, m’avait pourtant fait me lécher les babines, et attendre cet album avec impatience. Une fois celui-ci sorti, je n’ai pu m’empêcher de laisser échapper un « pfff… » de déception.

Commençons d’abord avec les points positifs. En dehors de "Killing Inside" qui envoie du bois, "I Speak Hate" est pas mal dans le genre, avec ses quelques breaks alléchants, changements de tempo et autres riffs acérés. "Target" est sympa aussi dans le genre bourrin, mais pas trop.

L’album commençait pourtant mal, avec "Warlord" et "Torture", deux titres assez chiants. "Lynch Mob" venant tout de même redonner du piquant à l’ensemble, un titre direct et efficace.

La présidente regarda les prévenus et les questionna sur les paroles du titre "Thrasher", « Thrasheeerrr, Thrasheeerrr of disasteeeeer », « Sérieusement, vous vous êtes mis à deux pour écrire les lyrics ?! ». Et les frères Cavalera répondirent en chœur, « Un, dos, tres… », « Oh, la ferme », répondit la juge.

Cet album de CAVALERA CONSPIRACY n’est pas mauvais. Sincèrement, il se révèle plutôt pas mal. Mais quand on sait que certains titres ont été écrits en à peine trois jours, on se dit qu’un peu plus de boulot n’aurait pas été de refus. Cela aurait permis au groupe de pondre un album plus homogène, plus cohérent, et sûrement d’une meilleure facture globale. Le tout est tout de même sauvé par une production assez énorme. Moderne, mais pas lisse ni plate. Quant à Marc Rizzo, il sauve encore une fois bien les meubles par ses soli.

Finalement, la présidente condamna les deux frères à ne pas sortir d’album pendant au moins deux ans. Le temps de vraiment bosser à fond sur le prochain, de ne pas trop se hâter, et d’éviter de se mélanger les pinceaux avec SOULFLY.