Ce disque est mal nommé. Il n'est pas la quintessence de l'art de la troupe des vikings norvégiens.
Ce disque aurait plutôt dû s'appeler "Déliquescence".

Ne vous laissez pas avoir pas le titre "Colossus", grandiose et épique, petit miracle qui donne une idée de ce à quoi l'album aurait dû ressembler. "The Archaic Course" faisait pourtant bien la blague après le sublime "The Olden Domain" et le départ de Kristoffer "Garm" Rygg. Le grand Simen "ICS Vortex" Hestnaes portait de sa voix claire un disque qui, s'il descendait en gamme, était encore très bon et restait bien dans l'esprit.

Mais ici tout ce dérègle. Ivar Bjørnson, Kai K. Lie et Grim (un peu avant sa mort) sont eux aussi partis. Un nouveau line-up délivre des titres insipides. Le gros son de guitares grésillantes subit une production bodybuildée, synthétique et désagréable, made in Abyss studio en vogue à l'époque, et qui est vu aujourd'hui comme le symptôme d'un Black surproduit et commercial (DIMMU BORGIR sur "Enthrone Darkness Triumphant", puis IMMORTAL sur "At The Heart Of Winter".)

On imagine que les prouesses vocales de Monsieur Vortex sauveront la baraque (même s'il n'a pas le talent de son prédécesseur pour inventer des lignes de chant mémorables). Que nenni, il n'utilise que rarement sa belle voix (sur le sublime "Colossus", on l'a dit, et par ci par là sur le disque), car de façon fort surprenante c'est le chant extrême qui domine l'album. Un chant qui ne convainc pas du tout, noyé dans un effet robotique de vocoder et constamment doublé (deux voix superposées), pour faire plus méchant et puissant. En plus d'être assez mauvais en soi-même, ainsi trafiqué par les effets indigents, le chant extrême du grand blond jure totalement avec la musique soi-disant viking et épique du groupe.

Si rien ne sauve "Quintessence" du naufrage, il souffre encore plus de la comparaison avec ses deux grands aînés, dont l'un qui touchait au sublime seulement trois petites années plus tôt.