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2008 O

KERBENOK - O (2008)
Par MEFISTO le 14 Avril 2009          Consultée 2960 fois

Rares sont les formations de Viking/Pagan provenant d’Allemagne, alors quand on en croise une, on l’aborde et on tente d’en retirer le plus de moelle possible ! C’est ce que la musique extraordinaire de KERBENOK nous force à faire : une longue et fastidieuse odyssée dont on ressort galvanisé.

Après l’une des démos les plus charnues de l’histoire lancée en 2005, "Auf Wilden Pfaden/Im Einklang der Gewalten" qui dure 83 minutes bien sonnées, ainsi qu’un EP remarqué en 2007, le duo de KERBENOK et leurs bigarrés musiciens studio y vont à fond la caisse avec leur premier full-lenght, "O", sorti à la fin 2008 dans la presque indifférence générale. Ben, c’est ce qui arrive quand tu offres du Pagan/Viking chanté en allemand dans une époque où le Core rafle la majorité des tribunes. Or, nous ne sommes pas ici pour discourir sur les habitudes des auditeurs, mais bien sur une œuvre magistrale de 75 minutes qu’ils ont peut-être ratée, mais qu’ils pourront se mettre sous la dent dès que cette chronique sera achevée.

L’enveloppe charnelle de KERBENOK est composée des gènes de deux piliers du Viking Metal, ENSLAVED et BORKNAGAR. Il y a en sûrement d’autres, mais ces deux me sont venus à l’esprit rapidement (le riff, la mélodie et le solo de "Die Schwere Unserer Glieder" vous rappelleront de bons souvenirs). Vous savez, ces guitares pincées, languissantes, rondes et salies à la limite du fuzz, ces cymbales omniprésentes, cette voix de bête à la Grutle soutenue par une chaleureuse basse…

Tout ça respire les paysages arides nordiques mes amis, pas l’Allemagne et sa forêt noire. Alors il doit bien y avoir un truc que je ne pige pas, car ce n’est pas le nom de famille du leader (Eldborg) qui peut expliquer entièrement cette parenté sonore ! Une courte recherche sur la ville d’où provient KERBENOK m’a mis la puce à l’oreille : Wittenborn est située à la frontière nord du Deutschland, à quelques pas du Danemark. Bon, la géo n’est pas une sacro-sainte vérité, mais avouons que le climat est favorable à une telle musique, jumelée à une ambiance terreuse du début à la fin du skeud. Ambiance liée à un respect inflexible de la nature de la part des boys de KERBENOK.

Cette dernière est d’ailleurs le thème principal de l’album et on ne tarde pas à y être confronté sur l’intro "Aus Der Stille…". Petit chant d’oiseau, bruissement de forêt, tintement de cloche, et train à vapeur à double pédale qui se termine avec un curieux son : celui d’une arracheuse d’arbre, une sauvage machine défricheuse de cet univers sacré qu’est le royaume du vert. Drôle et mystifiante comme amorce ! Suit une classique pièce Viking grassement ronflante de 12 tours d’aiguille, mourant sur un chant tribal absolument délicieux. C’est sur cette même plage, "Heimstatt In Trümmern", que KERBENOK établit son style touffu comme la sylve, alternant carnages et couloirs vaporeux ("Hardangervidda"), batailles sanglantes et virées mystérieuses sur la mer à l’aurore (l’inoubliable "...In Das Was Noch Kommen Mag" et son intrigante trame).

"O" est un coffre à trésors qui s’ouvre constamment sur un monde infini de découvertes, du jam absorbant à la fin de "Im Kreise Ziehen Wir Unsere Runden", à des cordes sèches tressées à un violoncelle sur l’instrumentale "Waldfrieden", aux envolées festives et épiques dignes d’un carnaval enneigé de "Frihet Er Våres", sans omettre le brio de la chanteuse et claviériste Loretta qui apporte une touche de soleil et de tendresse dans cette virile symphonie forestière. La flûte du dénommé Marco est également fort ludique et injecte une dose de nostalgie progressive à l’ensemble.

Et c’est tant mieux, parce que l’album n’est pas une sinécure ; il devient pantoufle après de nombreuses et parfois pénibles écoutes, au casque de préférence (sans vous suggérer d’aller vous étendre dans les feuilles et fixer le ciel gris), car il tangue constamment entre le brutal et les élans exaltés. C’est aussi ce qui le rend si irrésistible et prolongera son espérance de vie. De toute manière, avec plus d’une heure de matériel, "O" a de quoi régaler durant des semaines, voire des mois. Et je parierais qu’il peut aspirer au rang de classique, à l’instar de son géniteur, quand les effets du choc normal d’une fastidieuse odyssée se dissiperont.

KERBENOK est une splendide alliance entre le passé et le présent, l’introspectif et le bourrin. La comparaison avec les deux géants plus haut n’était pas gratuite, elle repose sur d’indéniables trouvailles sur lesquelles il nous est permis de croire que le Viking se régénère à même la sève d’Yggdrasyl. Retour à la terre, aux racines d’un style longtemps négligé, "O" est une jolie raison d’espérer et de jouir par tous ses pores.

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- Stefan Eldborg (guitare, basse, chant)
- Christopher Duis (batterie, voix claire)
- Musiciens Studio
- Amier (basse)
- Loretta (claviers, voix)
- Ingeborg (violoncelle, cor)
- Marco (tabla, conga, kalimba, flûte)


1. Aus Der Stille...
2. Heimstatt In Trümmern
3. Die Schwere Unserer Glieder
4. Im Kreise Ziehen Wir Unsere Runden
5. Waldfrieden
6. Frihet Er Våres
7. Verstandes Klinge
8. Lys
9. Hardangervidda
10. ...in Das Was Noch Kommen Mag.



             



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