S'il y a incontestablement eu un avant et un après "From Mars To Sirius" pour bon nombre de commentateurs il y a aussi eu un avant et un après "The Way Of All Flesh" en terme de popularité. C'est avec cet album que GOJIRA est parti à la conquête de l'Ouest et ce pour plusieurs raisons, liées à des changements mine de rien majeurs dans leur façon de concevoir la musique.

Car pour taper dans l’œil de LAMB OF GOD et ensuite devenir le protégé de METALLICA - Lars Ulrich, au lieu de se contenter d'interdire le solo de batterie de Mario, aurait pu aussi ne pas vouloir du groupe tout court - il a fallu que cet album soit différent, et il l'est, dans leur discographie, même s'il conserve cette patte inhérente aux landais (artwork minimaliste et beau, harmoniques etc).

La production déjà est totalement américaine et marque un tournant. La passion de GOJIRA pour le son puissant l'a poussé à prendre un parti pris plus frontal, quitte à délaisser le charme du son de "From Mars To Sirius", même si "The Way Of All Flesh" garde encore un souffle adapté à son propos, ce que ne fera pas le trop lisse "L'Enfant Sauvage".

Ce propos est plus classique donc. La Mort. Si GOJIRA apporte sa spiritualité comme toujours, à travers l'idée de la réincarnation, il est dans une thématique bien plus sombre, la plus sombre de ses albums, ce qui explique la violence de certains titres, restés dans les annales ("Adoration For None" avec un Randon Blythe en forme).

C'est aussi toute la conception du travail de composition qui a changé, et c'est bien le principal changement qui fait de "The Way Of All Flesh" le tournant majeur. La structure progressive ou alambiquée de "From Mars To Sirius" et "The Link" a souvent disparu pour céder la place à du couplet-refrain-couplet-refrain-variante-fin, schéma finalement plus commercial. Ainsi, si "Oroborus" est énorme, avec son tapping mythique et "Vacuity" écrasante, elles tombent dans cet écueil qui sera bien pire sur "L'Enfant Sauvage".

Reste de "The Way Of All Flesh" des points originaux (l'Electro de la culte "A Sight To Behold") et de bons morceaux (l'éponyme, ceux cités précédemment) mais la majeure partie de l'album n'est pas à la hauteur ("Yama's Messenger" et "Esoteric Surgery", quelconques) loin du magnétisme exercé par son - trop - influent paternel.