Putain, 16 ans. L’âge auquel Matt Heafy compose le premier album de TRIVIUM. 17 ans, l’âge auquel il l’enregistre à l’arrache, avec l’aide de quelques musiciens glanés ici et là, avant de trouver un line-up stable, qui dure depuis cette époque (à l’exception du batteur, éternelle running joke lorsque l’on parle du combo ricain). Je ne sais pas vous, mais moi à 16 ans, j’évoluais à des années lumières de ces préoccupations, encore plus de ce niveau de réalisation. Mon focus était plutôt orienté vers la vaine conquête de la gente féminine et les premières fiestas, et si l’on se concentre deux secondes sur la musique, j’essayais piteusement de placer un accord barré sur mon Epiphone de l’époque tout en me rêvant successeur de SLASH & Co. Pendant ce temps, le gamin d’Orlando, bercé par le dynamisme de la scène Death Floridienne, nous pondait "Ember To Inferno", en toute simplicité. Petit con, va !

Il y a déjà dans cet opus toutes les promesses que TRIVIUM s’efforcera, avec plus ou moins de réussite, de tenir au cours de sa déjà riche carrière. 20 ans et 10 LPs plus loin à même pas 40 ans, on ne peut que se montrer admiratif du trajet accompli. D’une accessibilité rare pour une musique pourtant intrinsèquement si violente, "Ember To Inferno" possède les défauts de ses qualités. Instinctif, rageur, mélodique, les titres proposés ici peuvent également se montrer respectivement maladroits, surjoués ou cheezy, notamment en ce qui concerne les refrains, fréquemment déclamés en clean.

Ça joue vite, ça joue fort, ça joue bien, et l’ensemble est plaisant. Mais à l’exception de "Pillars Of Serpents" ou "Requiem", il me manque quelque-chose. Une recherche de hooks originaux, un riff sortant de l’ordinaire, une construction moins linéaire que verse-chorus-verse-chorus-solo-chorus. En clair, une petite touche de singularité, voire de magie, qui n’opère malheureusement pas au long de ces 50 minutes. Forts de l’addition de Corey Beaulieu et de Paolo Gregoletto peu après la sortie, Matt et sa bande trouveront rapidement la bonne carburation avec "Ascendancy" et connaîtront alors un succès fulgurant amplement mérité.

Note réelle : 2,5/5.